Les Couche-tard versus Tout le monde en parle (3)

2018/09/22 | Par Claude G. Charron

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Mon texte d’hier expliquait comment avaient contribué à ce qu’une « Révolution tranquille » se développe au Québec les personnalités à tendance libérale que Roger Baulu et Jacques Normand avaient, au gré des années, invitées aux Couche-tard.

Le changement s’est surtout fait sentir au niveau de la pratique religieuse et de la laïcisation de nos institutions. Toujours sur une note d’humour, les politiciens, artistes et religieux à l’esprit libéral qui se sont retrouvés entre Baulu et Normand ont, chacun à leur tour, doré la pilule afin que les réformes qu’ils avaient en tête se concrétisent « au plus sacrant », pour parler en bon Canadien.  

Mais ces changements se reflétèrent également sur la plan politique. Beaucoup trop, s’étaient exclamées les grosses pointures de l’establishment à Ottawa quand ils ont su les vœux tonitruant que le général de Gaulle s’était permis de lancer du haut du balcon de l’hôtel de ville à une foule en liesse en bas, Place-Jacques-Cartier.

On ne s’attendait guère à en être aussi ébranlé.  La surprise fut de constater le vif sentiment nationaliste que le Vive le Québec libre avait suscité. On savait qu’il y avait, une tendance - surtout chez les jeunes -   à vouloir que le Québec se sépare du Canada, mais ces gens étaient largement minoritaires comme en avait fait foi le petit 8,8 % des votes en faveur de cette tendance lors du scrutin de 1966. 

Certes, la parution en 1965 du livre de Daniel Johnson avait eu une certaine influence.  Égalité ou indépendance avait sûrement aidé le chef de l’Union nationale à améliorer son image auprès de l’électorat urbain, image qui, avait largement été dégradée tant à l’antenne de Radio-Canada qu’à La Presse.

Il reste qu’avant le célèbre cri du général, ce qui se passait au Québec n’avait aucun intérêt pour les élites politiques canadiennes comme l’avait si amèrement constaté Lévesque lors de la grève des réalisateurs. Ce désintérêt eut comme conséquence que les gens à Ottawa n’avaient aucunement pris conscience du rôle qu’avait joué la télévision dans l’évolution récente de la société québécoise. De cette indifférence découla qu’ils n’ont pu voir venir le 24 juillet.  

Mais ce peu d’intérêt était-il un mal en soit considérant les répercussions au Québec qu’a provoquées une simple émission de télé comme le fameux Point de mire de René Lévesque sur la guerre d’Algérie?

 

Le Point de Mire du 7 octobre 1958

Cette guerre avait débuté le 1er novembre 1954. Quatre ans plus tard, elle avait déjà fait des centaines de milliers de victimes, surtout du côté des Arabo-musulmans. Il arriva qu’en cette fin d’été 1958, les attaques terroristes se produisirent en sol français. Avec une grave répression de la part des autorités à l’encontre des Français d’ascendance algérienne.

L’intérêt pour l’émission de Lévesque était tellement grand que la direction de Radio-Canada avait décidé de la déplacer en milieu de soirée. C’est donc à vingt et une heure qu’en ce 7 octobre 1958, Gaétan Barette annonça que Point de mire revenait à l’antenne pour une quatrième année consécutive.

Lévesque prit aussitôt le relais pour décrire comment était devenue un véritable labyrinthe cette guerre qui n’en finissait plus, expliquant comment le coup d’État des hommes du général Massu à Alger avait pu ainsi provoquer la chute de la Quatrième République et le retour du général de Gaulle. Ce qui fit, ajouta Lévesque, que quatre-vingts pour cent des Français avaient accepté d’accorder les pleins pouvoirs à l’homme du 18 juin afin qu’il règle une crise politique et militaire perçue par plusieurs comme s’avérant insoluble.  

La journaliste décrivit ensuite avec éclats l’état délabré des quartiers périphériques de Paris où s’y entassaient une bonne partie des 400 000 Français musulmans d’origine algérienne.  Devant ce constat, Lévesque se disait tout en mesure de comprendre pourquoi le terrorisme du FLN ait ainsi fini par traverser la Méditerranée. Mais ce qui stupéfia le plus les téléspectateurs québécois, c’est quand Lévesque étala toute une série de chiffres démontrant comment étaient devenues hautement périlleuses toutes solutions les moindrement envisageables pour le règlement du conflit.  

Certains, ajouta Lévesque, optent pour un référendum regroupant les habitants des deux territoires, mais un tel choix est irrecevable pour les Algériens. En effet, comment accepter qu’une forte majorité décide forcément pour que l’Algérie reste française si tout référendum permettait que le vote de 49 millions de Français de la Métropole s’ajoute à celui du million de « pieds noirs » d’Alger, d’Oran et de Constantine?        

L’autre option, ajouta Lévesque, serait d’offrir l’indépendance comme la France l’avait récemment accordé au Maroc et à la Tunisie, mais pour cela faudrait-il en toute urgence élever le niveau de vie de ces neuf millions d’Arabo-musulmans habitant cet immense territoire, ce que n’accepteraient que difficilement ce million d’ex-Européens d’origines diverses vivant au nord. Tous engoncés dans leurs privilèges.

Avant même la fin de ce Point de mire, bien des Québécoises et Québécois avaient ressenti énormément d’empathie envers les Algériens. Mais une très faible à l’égard des Français.  On était venu à considérer que ce peuple du Maghreb vivait une aliénation, peut- être pire, mais similaire à celle vécue par les Québécoises et les Québécois par rapport à sa minorité anglaise largement privilégiée.

Ce sentiment pro-Algérien s’est alors surtout développé chez les téléspectateurs résidant à Montréal, cette ville remplie de paradoxes. Comment en effet se gonfler la tête en se répétant qu’elle est « la deuxième ville française du monde » quand l’affichage commercial du quartier des affaires est tout-en-anglais, et quand il fallait être assez à l’aise dans la langue de Shakespeare pour pouvoir espérer décrocher le plus modeste des emplois, ainsi que de la parler parfaitement afin d’accéder au moindre petit poste de gérant dans une entreprise ?

René Lévesque ne se doutait vraiment pas qu’à la suite de ce Point de Mire, une telle similarité entre les conditions de vie des Algériens et celles des « Canadiens français » ait pu faire germer dans la tête d’un nombre appréciable de téléspectateurs l’idée que, dans une certaine mesure, la société québécoise était elle-même grandement colonisée. C’est effectivement ce qui s’est produit dans les milieux de jeunes les plus instruits de Montréal. Particulièrement à Outremont.

 

Un anticolonialisme qui avait atteint le Québec

Lévesque n’a jamais confirmé que ce Point de mire ait pu avoir une telle influence chez les jeunes intellectuels résidant aux alentours du Carré Saint-Louis et à Outremont. Il reste que son amie et collaboratrice à l’émission Carrefour, la grande Judith Jasmin, aurait un jour déclaré que la situation des Québécois n’était en rien comparable avec celle que vivaient les Algériens.

Il reste que, dans les années soixante, notre télévision avait permis à des jeunes avides de mieux connaître l’histoire d’être comblés par la présence d’Henri Guillemin au petit écran.  Pendant plusieurs semaines, cet éminent professeur français à la retraite leur avait brillamment exposé les hauts et les bas de la vie de Napoléon.

Loin d’être bonapartiste, Guillemin avait surtout permis à ces jeunes de se faire une idée moins dégradante de la France que celle qu’on leur avait inculquée à l’école où, pendant des générations, les enseignants ne se privèrent point de nous démontrer comment nos ancêtres et nous avions été privilégiés d’échapper aux affres de la Révolution française, ce groupe d’instituteurs et d’institutrices faisant toujours ouvrir un certain manuel scolaire à la page où s’étalait une carte du monde où le rouge prédominait, question de bien ancré dans nos  cerveaux que le soleil ne pouvait se coucher sur l’empire britannique tant celui-ci dominait heureusement la planète.

Question peut-être inconsciemment de neutraliser ces propos anti-français la direction du Réseau français osa, en ces années pré-Trudeau, jusqu’à inviter l’éminent professeur Maurice Séguin à présenter ses célèbres Normes à la caméra, chacune d’entre elles expliquant ce pourquoi il valait mieux que le Québec se sépare du Canada.

Le professeur Séguin avait donc pu pendant des semaines développer son argumentaire sans que les autorités fédérales interviennent. De la seule censure de nos ondes que dans les années pré-Trudeau à ma souvenance il y eut, fut quand il fut obligé pour Marcel Dubé de transformer de séparatiste en syndicaliste le personnage incarné par Hubert Loiselle dans le téléroman De neuf à cinq.

Les Point de Mire de Lévesque, les cours au petit écran des professeurs Guillemain et Séguin, un Hubert Aquin qui, en 1964, annonce sur les ondes à Michèle Tisseyre et Wilfrid Lemoyne qu’il entre dans le maquis et rejoindre les membres du FLQ, tous ces événements firent en sorte que, dans la tête de jeunes bobos de l’époque, l’idée d’indépendance avait fait une notable percé, surtout greffée qu’elle était à celle de la décolonisation.  

En ces années cinquante, les livres d’Aimé Césaire et d’Albert Memmi avaient alors été en grande demande dans les librairies. C’est d’ailleurs surtout ce dernier avec Portait du colonisé qu’André d’Allemagne a été le plus inspiré dans l’écriture de son décapant essai, Le colonialisme au Québec.      

D’Allemagne a présidé le RIN dès sa fondation en 1960, mais c’est surtout Pierre Bourgault qui a permis au mouvement de faire des percés dans les quartiers populaires de Montréal. Pour ceux connaissant à peine les qualités d’orateur de ce tribun, voici un extrait audio d’un de ses discours où il s’insurge contre tous ceux qui n’attachent que peu d’importance à la préservation du français au Québec.      

De ce que nous venons d’écrire, il ressort que c’est d’abord la télé qui avait permis à ce que l’idée d’indépendance fasse de grands bonds en avant dans une ville de Montréal, là où l’oppression de l’anglais était omniprésente dans la vie de tous les jours. Mais pour qu’une telle idée d’émancipation collective se réalise, encore fallait-il convaincre les Québécoises et Québécois des régions, là où une telle omniprésence de la langue de Shakespeare se faisait beaucoup moins sentir.  

Grand paradoxe : le voyage de de Gaulle va largement propulser cette idée d’indépendance partout sur le territoire alors même qu’Ottawa veut profiter d’Expo 67 et les célébrations du centenaire pour consolider l’unité canadienne.  C’est surtout la première activité plutôt que la seconde qui a surtout favorisé la venue de nombreux chefs d’État à Montréal.   

 

L’important rôle du protocole lors de ces visites        

Il faut bien saisir les motifs qui avaient occasionnée tant de visites de hauts dignitaires à Terre des Hommes. Tous et chacun désiraient honorer Montréal de leur présence afin de mieux faire connaître leur pays aux yeux de la planète entière. Quant à Ottawa, il se devait de tout faire pour qu’à chaque visite, un protocole des plus rigoureux soit observé afin de rehausser au maximum l’éclat d’un pays fêtant ses cent ans d’existence.

Il fallait surtout compter à ce que tout aille bien lors du passage à Montréal d’Élisabeth II prévu pour le 3 juillet. Compte tenu des incidents fâcheux qui s’étaient déroulés lors de sa visite à Québec trois ans plus tôt, un dispositif de sécurité hors du commun avait tellement pris la vedette qu’il jeta passablement d’ombre sur la volonté des autorités de médiatiser à fond son bref passage à Terre des Hommes. Au moins, était-on soulagé à Ottawa. Tout s’était assez bien déroulé. Ces gens étaient loin de penser ce qui allait subvenir quelques jours plus tard avec « la visite au Canada » du général de Gaulle. Dans ce cas très précis, ce fut un peu beaucoup la visite elle-même qui décida de la marche à suivre.  

 

Un protocole grandement chamboulé     

Bien avant son départ de Paris, le président français avait voulu que ce voyage serve à honorer le Québec plutôt qu’à célébrer le centenaire du Canada. Il décida donc de ne pas utiliser la voie des airs pour arriver au pays, ce qui aurait signifié que son avion aurait forcément eu à atterrir à l’aéroport d’Ottawa.  Au petit port de Brest le 15 juillet 1967, de Gaulle monte donc à bord du Colbert. Après une brève escale le 20 à Saint-Pierre et Miquelon, le navire remonte le Saint Laurent le 22 et il mouille en fin de journée tout au pied du Cap Diamant.  

Au petit matin, dans la hâte d’être les premiers à apercevoir le distingué visiteur, des centaines de personnes s’étaient massées aux abords du port de Québec. Des applaudissements et des hourras fusèrent quand elles ont enfin pu apercevoir de Gaulle se pointer du haut de la passerelle de débarquement du Colbert.  Pour l’occasion, il avait revêtu pour son uniforme de général en chef de l’armée française.

Du fait même que le port de Québec soit sous juridiction fédérale, ce fut d’abord le gouverneur général, Roland Michener, plutôt que Daniel Johnson qui devait souhaiter la bienvenue au distingué visiteur et à son épouse. Après une première allocution du général sur le parvis de l’Hôtel de ville de Québec, Charles de Gaulle a dû ensuite se rendre à la Citadelle et s’astreindre à passer en revue la Garde d’honneur du gouverneur général. Sachant qu’il aurait les coudées franches le lendemain, de Gaulle s’était sans trop broncher plié à un protocole qu’en ce 23 juillet 1967, les autorités canadiennes lui avaient tout de même réussi à lui imposer.   

Ce fut en effet la journée du 24 qui, grâce à de Gaulle, allait faire entrer le Québec dans la grande histoire. Et cela allait se dérouler tout le long du Chemin du Roy qu’allait emprunter le cortège présidentiel afin d’arriver à Montréal. Quelqu’un m’a déjà dit que le premier ministre Johnson avait confié à un ancien haut gradé de l’armée à la retraite le soin de coordonner les activités devant avoir lieu lors de chacun des arrêts du cortège présidentiel. Dans les villes de Donnacona, Trois-Rivières, Louiseville et Repentigny, la population avait été invitée à s’assembler en grand nombre pour souhaiter la bienvenue au général.

Le message a été bien reçu. Bien avant l’heure prévue pour l’arrivée du cortège, des centaines de gens de la ville et des villages environnants s’étaient massés sur la place centrale.  Avant que l’on aperçoive les dizaines de motocyclettes devançant les voitures officielles, les gens se procuraient à la hâte des petits drapeaux tricolores et fleurdelysés que déjà ils agitèrent. À chaque arrêt prévu, le même scénario se répétait. Sous les applaudissements nourris, de Gaulle et Johnson descendirent de la limousine ouverte dans laquelle tout le long du trajet ils avaient pris place. Le président français montait sur l’estrade et s’adressait à la foule.

Il répétait sans cesse que la France « voit et entend ce qui se passe ici » pour ensuite ajouter que, le Québec étant irrévocablement entré dans la modernité, il était assuré de l’appui et du soutien de la France dans sa grande œuvre de modernisation. Plus le cortège s’approchait de Montréal, plus le président traitait d’un appui de moins en moins chargé d’ambigüité.

 

Malaise chez Jean Drapeau   

Durant toute la journée, maires, échevins et députés s’étaient bousculés sur les estrades d’honneur afin d’être présentés à l’illustre visiteur. Mais on est en droit de penser que ce fut plutôt un certain malaise que ressentit Jean Drapeau à mesure que les gens, trop politisés à son goût, se serraient les uns contre les autres en face de l’Hôtel de ville afin d’être bien placés le moment venu.

Les notables que le maire et ses conseillers avaient minutieusement sélectionnés eurent un mal fou à se faufiler afin d’atteindre et de gravir le grand escalier les menant à l’entrée principale. Rendus dans le hall, tous eurent grande difficulté à s’entendre tant était élevé le niveau de décibels produits par tous ces joyeux lurons Place Jacques-Cartier.  C’est quand ce niveau grimpa de plusieurs crans qu’on a su qu’il se passait quelque chose à l’extérieur.

De Gaulle ne put faire autrement que de se retourner souvent afin de saluer cette foule en liesse à mesure qu’il gravitait le grand escalier. Rendu dans le hall d’honneur, il a tout de suite manifesté au maire son désir de s’adresser à la foule avant de rencontrer ses invités. Jean Drapeau lui répondit qu’on avait prévu aucun micro à cet effet.  La rumeur court encore à l’effet qu’un technicien de Radio-Canada aurait confié à un proche du général qu’à l’étage supérieur tout près de la porte menant au bacon, micro et amplificateur pouvaient permettre au général de d’accomplir son vœu. Bénit soit-tu des dieux, cher technicien, car ce fut grâce à toi qu’au lendemain matin de ce 24 juillet, plus d’un quidam à travers le monde s’est demandé où diable se trouvait ce damné pays appelé « Québec ».   

 

« Tout ce qui grouille, grenouille et scribouille »

Prenant la parole durant le banquet du 26 en l’honneur de son hôte, ce fut en langage hautement sibyllin que le maire se permit de manifester sa désapprobation d’avoir ainsi entendu le président français intervenir dans nos débats politiques. « Nous avons appris à vivre seuls depuis deux siècles », commença-t-il par le sermonner, tout en adoucissant son propos l’espace d’une sentence: « Rien de ce que je dis ne doit prendre une teinte de reproches ». El le maire de redonner une leçon d’histoire à un homme qui, ma foi, a toujours été grandement plus calé que lui en la matière. « Depuis l’Antiquité, il a fallu que les peuples acceptent les exigences glorieuses comme les vicissitudes. »

Mais ce n’est pas de Gaulle qui allait être ému par de pareilles vétilles. Il ne sait que trop que Jean Drapeau est maire d’une ville qualifiée comme étant la ville après Paris où la majorité de la population parle français, mais présentant d’elle-même une image éminemment anglaise tant dans son l’affichage que dans l’obligation faite à la population d’avoir à baragouiner quelques peu l’anglais afin d’occuper la moindre fonction dans la cité. Connaissant à fond ce contexte, comment de Gaulle aurait pu en vouloir à Drapeau? Il ne savait que trop les embuches pouvant bientôt empêcher la réélection de son hôte à la mairie.

Ce ne fut donc pas pour lui répondre spécifiquement qu’il prit la parole mais pour recommander aux Québécois de ne pas se laisser impressionner par le fort tsunami d’injurieux commentaires contre sa personne qu’on avait pu lire la veille dans les éditoriaux de tous les journaux du Canada anglais.

Ce fut dans un langage d’une grande limpidité que de Gaulle conclut son allocution. « Ensemble, nous avons été au fond des choses et nous en recueillerons, les uns les autres, des leçons capitales. Et, quant au reste, tout ce qui grouille, grenouille et scribouille n’a pas de conséquence historique dans ces grandes circonstances, pas plus qu’elle n’en eut jamais dans d’autres. »     

Alors qu’à la suite de ce banquet, Charles de Gaulle quitte Montréal pour Paris sans faire escale à Ottawa, l’Homme du 18 juin était devenu l’Homme du 24 juillet au Québec tandis qu’il était montré au Canada anglais comme un vieillard complètement sénile.  

En ce coin d’Amérique, il y aura dorénavant un Avant et un Après de Gaulle, et c’est surtout l’Après qui, dans le reste du Canada se différentie de celui du Québec. En fait, ils vont tous deux en sens opposés.