100 jours pour la santé

2018/09/25 | Par Sonia Éthier et Claire Montour

Sonia Éthier est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Claire Montour est présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ)


Peut-on vraiment prendre au sérieux les chefs des quatre partis politiques dans leur volonté d’améliorer notre système public de santé? Rien n’est moins certain!

Nous les avons interpellés publiquement le 13 septembre dernier, à l’occasion du premier débat des chefs, au nom de travailleuses et de travailleurs de la santé qui revendiquent quatre mesures concrètes et urgentes afin de remettre notre système de santé sur les rails. Quatre mesures à réaliser dans les 100 premiers jours du nouveau gouvernement.


Quatre mesures incontournables

Douze jours plus tard, aucun d’entre eux n’a encore eu le courage de s’engager. De quoi ont-ils peur?

Nos demandes sont pourtant réalistes et très claires. Il faut :

1. rehausser et stabiliser dès maintenant le financement des établissements de santé afin qu’ils puissent afficher des postes à temps complet attrayants et corriger de façon durable les problèmes de pénurie qui accablent notre réseau de santé;

2. décentraliser la gestion des ressources humaines, redonner aux différents milieux de travail la capacité de gérer les horaires de travail en fonction des besoins spécifiques et de la réalité de chaque milieu, et cesser la gestion des horaires en ayant recours de façon systématique au temps supplémentaire;

3. émettre une directive ministérielle interdisant les exigences indécentes de flexibilité et de mobilité;

4. adopter une loi-cadre visant à promouvoir et à soutenir la conciliation famille-travail-études.


Aucune réponse des partis politiques

Notre réseau public de santé est en crise profonde depuis plusieurs mois. Ça a assez duré. À bout de souffle et épuisé, le personnel suit de près les discours politiques pour voir si l’une ou l’un des chefs sera digne de leur confiance. À une semaine du scrutin, la réponse est encore incertaine.

Est-il normal que 25 jours après le déclenchement de la campagne électorale, celles et ceux qui sont le cœur de notre système public de santé ne soient pas plus rassurés quant aux gestes concrets et immédiats qui seront posés pour rendre leurs conditions de travail plus humaines et mettre fin à l’épuisement professionnel?

Les partis politiques ont beau multiplier les promesses d’amélioration des services et des soins, elles sont vouées à l’échec si l’on ne corrige pas rapidement les sérieux problèmes d’organisation du travail qui perdurent depuis trop longtemps. Ces travailleuses et ces travailleurs qui prennent soin de nos proches ne demandent pas la lune. Ils veulent simplement pouvoir exercer leur profession dans un environnement sain afin de pouvoir offrir à la population les soins de qualité auxquels elle a droit.

Est-ce trop demander? Nous pensons que non.
 

Je me souviens

Il y a 60 ans, le successeur de Maurice Duplessis, le premier ministre Paul Sauvé, enclenchait la sortie du Québec de la Grande Noirceur en 100 jours. Par quelques mesures concrètes votées rapidement, il ouvrait grande la porte par laquelle arriveraient l’équipe du tonnerre de Jean Lesage et la Révolution tranquille.

Aujourd’hui, le Québec a besoin d’un tel leader, qui aura le courage de prendre rapidement les mesures qui s’imposent pour sortir enfin notre système public de santé du marasme dans lequel il est enlisé depuis trop longtemps.

Qui est prêt à s’engager 100 jours pour la santé?