Plus de cours en anglais à l’Université Laval

2018/09/27 | Par Frédéric Lacroix

J’ai souvent abordé en ces pages la question de l’effondrement en cours du Québec français. Pour qui veut bien voir, les signes en sont partout. Le Journal de Montréal nous en donnait encore une preuve le 26 septembre : « L’Université Laval pourrait offrir plus de cours en anglais ».

Première surprise : presque 2% des cours de l’université Laval sont déjà donnés en anglais. 6,5% des cours de la Faculté d’administration sont en anglais. La rectrice affirme : «C’est une réflexion qu’on a à avoir, c’est demandé dans certains secteurs, surtout aux études supérieures».

Il faut bien prendre conscience que l’anglicisation en cours des cégeps va servir de tremplin et d’accélérateur à l’anglicisation des universités qui, comme on le constate, est déjà en cours. Une fois le doigt de l’université engagé dans le tordeur de l’anglicisation, tout le bras y passera, comme le prouve la chute de popularité du MBA en français aux HEC depuis l’ouverture d’un programme en anglais. On peut penser, en toute logique, que le programme en français devra même bientôt fermer, faute d’inscriptions…

Nous avons changé d’époque. Encore récemment, certains se rassuraient en se disant (faussement, mais c’est une autre histoire) qu’il régnait une « paix linguistique » et que la situation linguistique au Québec avait atteint un « point d’équilibre ». En 2018, il n’est plus possible de se cacher la vérité : le prestige et le statut du français au Québec sont en recul accéléré.

Face à cela, il est urgent qu’une réflexion globale intégrant cette nouvelle donnée se fasse. La politique linguistique québécoise doit être repensée et réarticulée à partir de la réalité de 2018.

Par exemple, il est suicidaire de mousser l’anglais intensif au primaire et le cégep en anglais ou en « bilingue » alors que dans certains quartiers de Montréal (et ailleurs), la majorité des enfants n’ont plus le français comme langue maternelle. Il est illusoire de vouloir forcer des anglophones à faire une session dans un cégep francophone… alors que rien n’assure que la langue d’enseignement dans ce cégep soit bien le français! Il est dérisoire de prétendre imposer le français comme langue de travail, alors que la formation dans nos institutions d’enseignement se fait de plus en plus en anglais. Les exemples pourraient être multipliés.

Il faut revenir à une idée toute simple : pour que le français soit effectivement la langue commune, il faut que nos politiques et notre configuration institutionnelle reflète cette volonté.