Élections 2018 : Se préparer à la tourmente

2018/09/28 | Par Pierre Dubuc

Au cours des prochaines années, voire des prochains mois, le Québec risque de se retrouver dans la tourmente. Les négociations de l’ALÉNA ne laissent présager rien de bon. Elles se solderont par un échec retentissant ou une entente à rabais où la gestion de l’offre, entre autres, sera sacrifiée.

Plus globalement, notre dépendance économique aux exportations vers les États-Unis nous rend particulièrement vulnérable aux décisions d’un président américain, qui vient de proclamer aux Nations Unies la fin de la mondialisation et son remplacement par le « patriotisme », lire le protectionnisme.

Dans ce contexte, le Québec ne peut compter sur le gouvernement fédéral pour la protection de ses intérêts. L’industrie automobile ontarienne va avoir préséance sur l’agriculture québécoise, comme elle l’a eu sur l’industrie forestière, lors de la crise de 2008. Le pétrole de l’Alberta va l’emporter sur toute autre considération pouvant avantager le Québec et cela sans parler de la primauté des intérêts de Bay Street.

Lors d’un voyage, au cours de l’été, dans l’Ouest canadien, un résident de l’Alberta me parlait de la rivalité entre Calgary et Edmonton en me disant : « Ça doit être la même chose chez vous entre Toronto et Montréal ». Et moi de lui répondre : « Oh non ! Toronto a gagné depuis longtemps! Maintenant, c’est la rivalité entre Montréal et Québec! »

Dans ce contexte de turbulence économique et politique appréhendée, il deviendra vite évident que les principaux leviers d’intervention sont à Ottawa et que ni les Libéraux, ni les Conservateurs, ni les Néo-Démocrates ne sont là pour défendre les intérêts du Québec.

En fait, le Québec devra, d’abord et avant tout, pouvoir compter sur son gouvernement national pour faire valoir ses intérêts. Et, si on se fie aux sondages, il sera mal représenté et mal défendu. Jamais, dans l’histoire récente du Québec, un gouvernement n’a été aussi docile, soumis et servile devant Ottawa que le gouvernement du Parti libéral. Aucune réaction digne de ce nom suite à l’octroi des méga-contrats aux chantiers navals de Halifax et Vancouver, laissant le chantier de la Davie dans l’oubli, pour ne citer que cet exemple. Le Québec obtient actuellement moins de 1 % des 76 à 100 milliards qui sont investis dans la stratégie maritime canadienne. Un vrai scandale !

Peut-on espérer mieux de la CAQ de François Legault? Quand on voit avec quelle désinvolture et légèreté Legault a traité le dossier de l’immigration, il y a de fortes raisons de craindre le pire. D’autant plus que Legault pourra faire tous les sparages qu’il voudra devant Ottawa, il n’aura aucun rapport de force en ayant renoncé à l’indépendance et même à la tenue de référendums sectoriels.

Dans la perspective de la tempête économique et politique que nous prépare le président Trump, et qui affectera nos conditions de vie, on peut s’attendre à ce que les libéraux se retournent contre la population du Québec pour imposer la seule chose qu’ils savent faire : des mesures d’austérité.

Du côté de la CAQ, là aussi, le pire est prévisible. Lorsqu’il était encore au Parti Québécois, nous avons entendu à plusieurs reprises François Legault affirmer, en privé, qu’il était pour la privatisation d’Hydro-Québec. Ça promet ! Avec le dévoilement de ses actifs financiers de 10 millions de dollars, on sait « maintenant » à quel enseigne loge François Legault, à quelle classe sociale il appartient.

Tous les partis politiques ont énoncé une série de mesures susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population. Mais combien d’entre elles résisteront lorsque leur cadre financier sera mis à mal par les bourrasques économiques?

Devant la conjoncture nord-américaine et internationale qui s’annonce, les politiciens québécois devront s’élever au-dessus des enjeux purement provincialistes et il est fort possible que l’indépendance du Québec revienne à l’ordre du jour.

Dans cette éventualité, il est à souhaiter que nous nous retrouvions avec un gouvernement minoritaire et une forte représentation de députés indépendantistes et progressistes pour obliger le gouvernement à agir en fonction des intérêts de la population et à préparer une alternative indépendantiste.

Pour ces raisons, nous appelons à voter pour les candidats et candidates indépendantistes et progressistes et, plus particulièrement, ceux qui sont les mieux placés pour remporter l’élection.