Légiférer pour les travailleuses domestiques

2018/10/09 | Par CISO

À l’occasion de la Journée mondiale du travail décent, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO)* et ses membres, le Comité québécois femme et développement (CQFD) et plus de 60 organisations de la société civile pressent le gouvernement canadien de ratifier la Convention n° 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les travailleurs et travailleuses domestiques, adoptée il y a déjà 7 ans. Nous demandons également au gouvernement d’initier une discussion avec les provinces canadiennes afin d’harmoniser leurs législations avec la Recommandation n° 201 accompagnant la Convention. Le Canada et la société civile canadienne, notamment les syndicats, ont joué un rôle important pour son adoption historique.

Selon Monique Pauzé, « les aides domestiques font un travail de l’ombre, qui est ni connu ni reconnu. Comme femmes et comme parlementaires, nous nous faisons les porte-voix de ces travailleuses afin que leur soient garantis certains droits, dont un traitement égal et juste en tant que travailleuses, le droit à la sécurité sociale, et une protection réelle contre toutes formes de maltraitance, de harcèlement et de violence, à la fois durant le processus de recrutement et pendant la période de travail ».

Anne Minh-Thu Quach ajoute que « les travailleuses domestiques participent de façon non négligeable à l’économie mondiale. Malgré leur rôle précieux et indispensable elles sont victimes d’exclusion sociale, juridique et économique, et ce, de manière systémique. La convention représente une reconnaissance de l’apport historique de ces travailleuses ainsi que de leur travail, bref, de leur égale dignité ». 

Les conséquences de cette exclusion sont considérables. À travers le monde, l’OIT estime qu’il y a entre 67 et 100 millions de travailleuses domestiques. « Les travailleuses domestiques ont droit à un travail décent. La Convention serait un outil de plus pour les protéger des violences psychologique ou physiques et des conditions de travail et de recrutement abusives. Le droit d’association et de négociation devrait s’appliquer à elles », poursuit Dominique Daigneault. Aujourd’hui, près de 150 000 individus au Canada sont employés en tant que travailleurs domestiques, la plupart desquels sont des travailleuses migrantes en situation précaire.

Aujourd’hui, 25 pays ont ratifié la Convention. Pour Shirley Dorismond, « en imitant ces pays, le Canada affirmerait son rôle de leader en cohérence avec ses orientations féministes pour l’amélioration de la vie et des conditions des travailleuses domestiques, tout en encourageant d’autres pays à défendre leurs droits ».

Selon Elizabeth May : « Nous avons franchi d'importantes avancées en matière de droit des travailleurs au Canada, mais cette révolution des droits n'est pas terminée. Beaucoup trop de travail, surtout le travail fait par les femmes, demeure du travail fantôme. Invisibles, ces travailleuses ne sont pas protégées. Elles ont besoin d’une reconnaissance juridique, tant au niveau fédéral que provincial. La ratification de la Convention n° 189 serait un bon début. »

« Il est urgent que les droits des travailleuses domestiques soient reconnus. Actuellement, leurs conditions de travail sont bafouées et niées, pensons notamment au non versement du salaire ou au manque de congés. Ces femmes sont souvent vulnérables, isolées, ce qui les expose à la violence et à plusieurs abus. Il faut leur fournir rapidement des protections : leur donner accès à un travail décent, leur assurer un droit à la santé et à la sécurité au travail. Pour toutes ces raisons, la CSQ appuie la pétition déposée en ce sens aujourd’hui », soutient Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).