Mission : Rendre possible des lendemains

2018/10/19 | Par Pierre Dubuc

Quand le mouvement souverainiste atteint un creux de vague au plan parlementaire, comme c’est le cas actuellement à Ottawa et à Québec, il revient aux organisations nationales de prendre la relève. Ainsi, après la défaite du Parti Québécois aux mains du Parti Libéral de Robert Bourassa en 1985, la SSJB de Montréal, avec l’appui du Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ), avait relancé le mouvement souverainiste avec une campagne sur le front linguistique sous le thème « Touche pas à ma langue ».

Sous la houlette de Nicole Boudreau, première femme à diriger l’organisme, la SSJB-Montréal avait organisé un rassemblement et une manifestation mémorables au Centre Paul-Sauvé et au Champ-de-Mars. Aussi, lorsqu’est survenu l’échec de l’Accord du lac Meech, le 22 juin 1990, Nicole Boudreau et la SSJB-Montréal ont été en mesure de transformer le défilé de la Saint-Jean en une manifestation monstre pour l’indépendance. Le mouvement vers notre émancipation s’est alors remis en marche.

Qu’en sera-t-il aujourd’hui? Difficile de prévoir l’avenir, mais Gisèle Denoncourt, la directrice générale et coordonnatrice de la SSJB du Centre-du-Québec (SSJBCQ), entend bien tout mettre en œuvre pour maintenir allumée la flamme nationaliste. « Nous organisons des conférences, projetons des films, rendons nos salles disponibles à différents groupes », explique-t-elle en nous faisant visiter les spacieux locaux de son organisme sur la rue St-Marcel à Drummondville, qui abritait auparavant une caisse populaire.

Sur tout un pan de mur à l’entrée, on trouve suffisamment de matériel promotionnel (drapeaux, vêtements, épinglettes, à l’effigie du Québec et des Patriotes) pour répondre aux besoins d’un bon contingent de militantes et militants. C’est la bien nommée Boutique officielle de produits de fierté québécoise. Dans des bureaux qui y font face, du personnel s’affaire pour répondre aux besoins des 22 000 personnes détentrices d’assurance vie et accident de la SSJBCQ, qui est incorporée comme organisme à but non lucratif.

« C’est notre bras financier, ses bénéfices nous permettent de réinvestir plus de 100 000 $ par année dans le financement de plus de 250 projets et événements sur notre territoire », raconte Gisèle Denoncourt, qui a elle-même commencé comme bénévole dans une des 34 sections locales réparties dans les cinq municipalités régionales de comté (MRC) du territoire.

Gisèle est particulièrement fière des « Jeudis en chansons », une activité qui existe depuis 12 ans, et qui offre, clés en main, 40 spectacles annuellement aux petites municipalités de la région avec des artistes du Centre-du-Québec qui chantent en français.

La SSJB organise également chaque année un concours de littérature pour les jeunes. « Le défi qui leur est proposé est la rédaction d’un texte à partir de l’amorce d’un auteur connu. Plus de mille jeunes y participent, en provenance de toutes les commissions scolaires. Les meilleurs textes sont publiés dans un recueil et des bourses sont remises aux auteurs », relate la coordonnatrice, qui est détentrice d’un diplôme en récréologie de l’Université de Trois-Rivières.

La défense de la langue française est une des priorités de cette société nationale, de quoi étonner ceux qui croient, à tort, que cette mission ne relèverait que des organismes montréalais. « Pour commémorer les 50 ans du Speak White de Michèle Lalonde, nous avons eu le bonheur que le poème puisse être récité au début du récital d’Émile Proulx-Cloutier », de se réjouir Gisèle Denoncourt, tout aussi fière d’avoir contribué financièrement à la conversion en DVD du film La langue à terre de Jean-Pierre Roy et Michel Breton.

La SSJBCQ remet aussi chaque année son prix Lionel-Groulx visant à reconnaître l’engagement d’une personne à la promotion de l’histoire nationale et du patrimoine québécois et son prix Georges-Dor – un natif du village de Saint-Germain dans la région, me précise Gisèle – récompensant une réalisation valorisant le français, de par sa qualité d’usage et sa richesse. À cela s’ajoutent des prix Mérites en histoire et en français décernés à des étudiants de la région.

Chose certaine, avec ses 250 bénévoles, la SSJBQC est bien enracinée dans sa région. Avec de telles organisations bien implantées dans toutes les régions du Québec, l’avenir est loin d’être aussi sombre que certains aimeraient le laisser croire.