Troisième lien à l’est: le soi-disant mandat électoral de la CAQ

2018/11/12 | Par Louis Duclos

L’auteur est l’ex-député fédéral de Montmorency-Orléans

À n’en pas douter, c’est avec le couteau sous la gorge que le maire Régis Labeaume s’est résigné à abandonner son opposition à la construction d’un troisième lien routier entre Québec et Lévis dans la partie est de notre région. En effet, c’est un secret de Polichinelle qu’il a été soumis par le gouvernement Legault à un odieux chantage liant le financement de son projet de transport en commun par tramway à Québec à son endossement du troisième lien à l’est.

Cette manoeuvre d’un goût douteux de François Legault est d’autant plus répréhensible que la position du maire Labeaume dans cette affaire était marquée au coin du gros bon sens. En effet, il est d’une évidence criante que cette nouvelle affluence d’automobiles et de véhicules lourds provenant de la rive sud provoquerait un embouteillage indescriptible sur les autoroutes Félix-Leclerc et Dufferin-Montmorency. Ce sont les automobilistes habitant Beauport, la Côte-de Beaupré et l’île d’Orléans, lesquels sont déjà confrontés dès les premières heures du matin à une sérieuse congestion de la circulation, qui en paieraient le prix. Bref, ce troisième lien à l’est qui, selon ses promoteurs, devrait améliorer la fluidité de la circulation automobile dans notre région, produirait en réalité l’effet contraire.

Cela étant dit, il est étonnant que le gouvernement Legault ait osé invoquer le mandat clair qu’il aurait reçu des électeurs de Québec le 1er octobre dernier pour neutraliser Régis Labeaume et justifier son choix d’un troisième lien à l’est. Voyons plutôt ce que disent les résultats électoraux à ce sujet:

  1. Lors des dernières élections au Québec, la CAQ, seul parti politique proposant un troisième lien à l’est, a obtenu à peine 40% des voix dans les huit circonscriptions de la ville de Québec.
     
  2. Aux élections municipales de novembre 2017, le candidat Régis Labeaume, qui avait un penchant évident pour un troisième lien construit à l’ouest, a été réélu avec 55% des voix, tandis que la candidate Anne Guérette qui s’opposait carrément à un troisième lien a récolté 15% du suffrage populaire. Au total, ce sont donc 70% des électeurs et électrices de Québec qui ont refusé d’appuyer le candidat Jean-François Gosselin qui avait fait de la construction d’un troisième lien à l’est l’élément central de son programme électoral. En fait, celui-ci n’a obtenu qu’un maigre 27% d’appuis.
     

À la lumière de ces chiffres, il est donc faux de prétendre, comme le fait le gouvernement Legault, qu’il a été clairement mandaté par le peuple pour réaliser la construction d’un troisième lien à l’est.

 

Photo : Aurélie Girard