Petits réacteurs modulaires : Le Canada a dévoilé sa Feuille de route

2018/11/13 | Par Collectif

Par Ginette Charbonneau, Philippe Giroul et Lucie Massé
Les auteurs sont militants au Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR)

À la veille de la Grande marche pour le climat, opportunité habilement choisie pour leurrer la population, le Canada offre sa participation solidaire pour sauver le climat… avec la prolifération des déchets nucléaires mortifères !

La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), Énergie atomique Canada limitée (EACL) et les Laboratoires nucléaires canadiens (LCN), lors de leur conférence dogmatique de la semaine dernière à Ottawa, ont dévoilé la « Feuille de route » sur leur rêve du développement des petits réacteurs modulaires (PRM) au Canada.

Ils visent même le leadership mondial dans ce domaine. Ce plan avait été commandé en février par le gouvernement Trudeau, qui considère depuis 2016 l’énergie nucléaire comme une énergie « propre ».  À tort ! L’énergie nucléaire est archi polluante et pour des centaines de milliers d’années et les PRM génèrent aussi des déchets nucléaires.

Sans surprise, la CCSN et ses troupes dissimulent volontairement la problématique de la gestion écoresponsable des nombreux déchets nucléaires existants et futurs, en refilant leur gestion aux générations futures.

Ils en font un exercice de relations publiques plutôt qu’une réflexion objective : de magnifiques présentations de données un peu trompeuses [i]. Un miroir aux alouettes! Les excellents communicateurs de la nucléocratie sont astucieux dans la démonstration de leurs arguments dogmatiques afin de les faire gober aux nombreux politiciens ignorants de l’ampleur de la pollution radioactive engendrée depuis 70 ans.

Ils ont même l’audace de demander au gouvernement fédéral de délier les cordons de la bourse citoyenne pour subventionner la construction d’un PRM prototype d’ici une dizaine d’années, démontrant ainsi que, sans aide gouvernementale, cette industrie serait moribonde.

Ils ont pu manipuler les auditeurs et surtout les représentants du ministère des Ressources naturelles qui risquent de se faire prendre dans leurs filets.

Combien de temps va tergiverser le gouvernement fédéral pour rejeter la Feuille de route des PRM qui aggraveraient la déplorable situation des déchets nucléaires au pays.

Les lobbyistes nucléomanes vont tout faire pour tenter de convaincre les décideurs de suivre cette Feuille de route, sans aucune consultation citoyenne. Ils ont même le front de demander d’être exemptés des évaluations environnementales… préférant confier l’examen de leur hypothétique et ténébreux projet à la CCSN qui est tout en faveur du développement de l’industrie nucléaire.

Il faut souhaiter que les fonctionnaires de l’État arrêtent la poursuite de leur chimère et s’occupent plutôt de la gestion écoresponsable des déchets nucléaires qui appartiennent au gouvernement canadien.

Il est temps de s’inspirer d’autres États. Par exemple, la France a créé en 2006 le Haut Comité pour la transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) afin de rebâtir la confiance du public. C’est une instance d’information, de concertation et de débat sur les risques liés aux activités nucléaires et à l’impact de ces activités sur la santé des personnes, sur l’environnement et sur la sécurité nucléaire. [ii]

Les citoyens ont le droit à une information exacte, complète et objective sur les risques liés aux activités nucléaires sans être sous l’influence doctrinaire de l’industrie ni de celle de son complice partisan qu’est malheureusement la CCSN.

Que peut faire le nouveau gouvernement québécois devant cette situation dramatique ? 

Surtout ne pas dire « On verra !» …

Il devrait :

  • S’opposer vigoureusement aux projets des LNC d’empiler dans un énorme tumulus près de la rivière Outaouais des centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs à Chalk River et de mettre en tombeau trois réacteurs prototypes dont celui de Gentilly-1 à Bécancour ;
  • Exiger que le fédéral procède immédiatement au démantèlement de Gentilly-1 qui appartient au fédéral et de Gentilly-2 qui appartient à Hydro-Québec
  • Exiger que le fédéral établisse rapidement un site d’enfouissement profond avec surveillance permanente pour y stocker les déchets radioactifs conformément aux normes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).