Taxe scolaire : Un gouvernement qui sabote sa priorité nationale

2018/11/26 | Par Sonia Éthier

Monsieur Legault,

Votre gouvernement réaffirme sa volonté de réduire la taxe scolaire, votre premier geste significatif en éducation. Pourtant, votre formation s’est engagée à faire de l’éducation sa priorité des priorités. Vous comprendrez que nous sommes sceptiques. Votre décision privera les finances publiques de 700  millions de dollars additionnels sans apporter aucune amélioration dans les réseaux d’éducation.

Vous vous êtes engagé à compenser les pertes de revenus que les commissions scolaires subiront en haussant leurs subventions de fonctionnement versées par le ministère de l’Éducation. Malheureusement, ces subventions additionnelles n’engendreront aucune bonification de services pour les élèves et les étudiants du Québec. Elles serviront uniquement à combler un manque à gagner que vous aurez vous-même créé.

 

Des craintes bien réelles

Pour faire de l’éducation une véritable priorité nationale, il serait beaucoup plus sage d’utiliser ces 700 millions de dollars pour bonifier les services à tous les niveaux du continuum éducatif, de la petite enfance à l’université.

Sinon, Monsieur Legault, pouvez-vous nous garantir qu’il restera de la « marge de manœuvre » budgétaire lorsqu’il faudra financer l’abandon de la modulation des tarifs des services de garde; lorsque vous souhaiterez ajouter des professionnels et du personnel de soutien pour dépister, prévenir et accompagner les élèves en difficulté; lorsque vous voudrez poser des gestes pour une meilleure reconnaissance et une réduction de la précarité du personnel de l’éducation; ou lorsque vous voudrez réviser le financement des cégeps de petite taille ou en région? Nous servirez-vous, comme vos prédécesseurs, l’excuse trop facile du manque de ressources financières? Situation que vous aurez vous-même contribué à créer avec votre baisse de taxe.

 

Des cadeaux aux durs lendemains

Votre gouvernement se targue de vouloir remettre de l’argent dans les poches des familles. Pourtant, avec cette baisse de taxe scolaire, l’argent se retrouvera bien davantage dans les poches des propriétaires fonciers que dans celles des familles. Rappelons-nous que près de 40 % des ménages québécois sont locataires et ne verront jamais la couleur de cet argent.

Il faut également rappeler que cette réduction additionnelle de la taxe scolaire s’ajoute aux 3,5 milliards de dollars de réductions nettes d’impôts et de taxes octroyées par le gouvernement Couillard. À l’heure actuelle, ces pertes de revenus apparaissent peut-être sans conséquence, puisque l’économie québécoise tourne à plein régime, portée par le contexte économique mondial favorable.

Cependant, le Québec fera face, un jour ou l’autre, à un ralentissement économique ou à une récession. La privation volontaire de revenus fiscaux freinera alors les réinvestissements pouvant être consentis par votre gouvernement à l’éducation malgré le large consensus au sein de la population québécoise qu’il faut en faire beaucoup plus.

 

Les moyens pour agir

Faire de l’éducation une véritable priorité passe nécessairement par d’importants investissements. Il ne peut en être autrement. Or, se priver de ressources est le meilleur moyen de ne pas être en mesure d’agir à la hauteur de nos ambitions.

Monsieur Legault, donnez-vous les moyens de réaliser votre priorité nationale!