La réponse des Franco-Ontariens : Nous sommes! Nous serons!

2018/12/03 | Par Richard Lahaie

À Ottawa, le 1er décembre dernier, les Franco-Ontariens ont manifesté leur mécontentement envers la décision du gouvernement Ford d’abolir le projet d’université francophone à Toronto et le Commissariat aux services en français.

Devant la grogne des francophones partout au Canada, le gouvernement conservateur avait fait des concessions mineures, la fin de semaine précédente. Maintenant l’abolition du Commissariat aux services en français et le projet d`université francophone, il rétablissait le poste de commissaire aux services en français, mais au sein de l’ombudsman. Ce qui a pour effet de retirer l’indépendance du commissaire, puisqu’il sera chapeauté par l’ombudsman. L’entêtement du gouvernement a amené la députée franco-ontarienne, Amanda Simard, à démissionner du Parti conservateur pour siéger en tant que députée indépendante.

« Nous nous sommes battus pour nos écoles primaires et secondaires et nous avons gagné! Nous nous sommes battus pour nos collèges francophones et nous avons gagné! Nous allons nous battre pour notre université francophone et nous allons gagner », de déclarer l’avocat Ronald Caza aux 5000 manifestants réunis à Ottawa.

« Le Commissariat joue, depuis des années, un rôle essentiel pour s’assurer que le gouvernement provincial respecte ses obligations envers sa minorité francophone.  Le législateur du passé a créé le Commissariat pour nous protéger, au cas où un gouvernement conservateur comme celui de Ford, soit élu », de poursuivre Ronald Caza.

« Il y a vingt ans, en tant que minorité linguistique, on était à genoux pour demander des miettes pour pouvoir maintenir notre langue et notre culture. Mais depuis la décision de Montfort, nous ne sommes plus à genoux. Nous avons une protection constitutionnelle, ce qui veut dire que lorsque l’on veut faire valoir nos droits, le gouvernement doit nous respecter », de préciser l’avocat.

S’adressant aux manifestants, Lydia Philippe de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne a déclaré : « Aujourd’hui, nous venons d’ajouter une nouvelle page à notre Histoire. La jeunesse franco-ontarienne a été présente dans plusieurs luttes et ce depuis le règlement 17. Déjà, en 1997, les jeunes ont créé une chaîne humaine autour de l’hôpital Montfort lors de la crise S.O.S. Montfort. Quelques années plus tard, en 2016, lors de la journée provinciale pour une université de langue française, ils furent plus de 8000 élèves qui se sont mobilisés dans leurs écoles. L’an dernier, plus de 1000 personnes ont marché dans les rues d’Ottawa pour demander d’officialiser le bilinguisme dans la capitale fédérale ».

 

Politique raciste déguisée en économie budgétaire

Cette décision de réduire les droits linguistiques de la minorité francophone de l’Ontario avait été justifiée dans le but de réduire le déficit du gouvernement. Cette décision permettrait de réduire de 15 millions un déficit de 15 milliards $. Or, la même semaine, le ministre des Transport de l’Ontario annonçait le prolongement du métro de Toronto vers la banlieue au coût de plusieurs milliards. De plus, comment peut-on parler d’économie quand les postes du Commissariat sont transférés à l’ombudsman?

 

Droits linguistiques en péril

« Avec 400 ans de présence francophone en Ontario, nous avons fait face à la discrimination et à l’assimilation, mais nous en sommes toujours sortis vainqueurs. Mais les sentiments anti-francophones existent toujours. Nous avons progressé énormément depuis l’époque des ‘‘épingles à chapeau’’, mais nous avons encore beaucoup de travail à faire », d’expliquer Trevor Stuart, du Front de préservation de l’identité franco-ontarienne.

Les droits linguistiques de la francophonie canadienne sont de plus en plus en danger. Au Nouveau-Brunswick, la décision d’un tribunal de réduire l’importance du critère de bilinguisme dans l’embauche des ambulanciers et, au Manitoba, l’abolition du poste de sous-ministre adjoint au Bureau de l’éducation française en sont des exemples frappants. Ces décisions racistes font du français une langue folklorique.

Il faut savoir qu’au Nouveau-Brunswick, le gouvernement minoritaire se maintient au pouvoir grâce à l’appui de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, un parti qui prône l’élimination des acquis linguistiques des Acadiens.