Le destin tragique de la génération silencieuse

2018/12/03 | Par Lise Lapointe

L’auteure est présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ)

Le constat de la protectrice du citoyen sur les services en CHSLD et sur les soins à domicile est particulièrement consternant. Elle démontre que les décisions du gouvernement durant les dernières années, soit les compressions et les réformes, affectent directement des personnes aînées en situation de vulnérabilité. La protectrice va même jusqu’à qualifier la situation de maltraitance. Et ça en est!

Ce qui est particulièrement triste dans cette situation, c’est qu’encore une fois, la génération que l’on qualifie de « silencieuse » écope à nouveau d’un système qui leur tourne le dos. Celles et ceux qui vivent les conditions inhumaines décrites dans le rapport de la protectrice le font dans le silence. Ce n’est pas parce qu’ils souffrent tous d’Alzheimer, mais parce qu’ils ont trop de fierté pour exposer ce qu’ils subissent au quotidien.

Cette génération a soutenu à bout de bras la Révolution tranquille. En contribuant ainsi à la mise en œuvre de l’État moderne, ces personnes participaient à une forme de contrat social, ce qui faisait en sorte qu’en situation de vulnérabilité, la société ne les échapperait pas. Elles ont ainsi travaillé toute leur vie, payé des impôts, sans jamais se plaindre, avec l’espoir de finir leurs jours dignement.

Or, en fin de vie, une génération entière subit trop souvent l’indifférence, encore une fois dans le silence, sans se plaindre. C’est profondément tragique. Ce sont nos proches, ce sont celles et ceux qui ont bâti cette nation et voici la reconnaissance qu’on leur laisse. Ils méritent beaucoup mieux!

 

L’audace, de l’enfance à la fin de vie

Le nouveau gouvernement de la CAQ a mis clairement l’éducation comme priorité nationale. On ne peut que saluer cette volonté d’offrir le meilleur milieu d’éducation possible à nos enfants et à nos petits-enfants.

Or, le gouvernement devrait pousser cette audace jusqu’aux dernières années de vie. Comme société, il serait temps d’offrir les meilleures chances possibles aux individus tout en leur assurant de compléter leur vie dans la dignité. Sans quoi, nous ne ferons que perpétuer cette tragédie qui nous pend au bout du nez.

Nous connaissons la source du problème. Il y a un manque de personnel et un manque de financement. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que les « surplus » de quelques milliards, dont le gouvernement précédent s’était fièrement attribué, ont été le fruit des compressions aujourd’hui dénoncées par la protectrice du citoyen. Assurons-nous maintenant que cette gestion inhumaine cesse. Il faut enfin valoriser ces femmes et ces hommes qui œuvrent auprès des personnes aînées et financer adéquatement les services en CHSLD et les soins à domicile.

Pour que celles et ceux qui ont tant payé ne terminent pas avec rien.

 

Photo :  Annik MH de Carufel - Le Devoir