375e Numéro de l’aut’journal

2018/12/04 | Par Pierre Dubuc

Ce mois-ci, l’aut’journal publie le 375e numéro de son édition papier, un exploit digne de mention dans les annales de la presse libre et indépendante, progressiste et indépendantiste au Québec. Cet anniversaire survient au moment où les grands médias traditionnels acceptent d’être grassement subventionnés par le gouvernement fédéral.

Ottawa vient de débloquer un montant de 595 millions $ sur cinq ans pour venir en aide aux médias. Dans l’enveloppe annuelle de 165 millions $, une somme de 125 millions $ est prévue pour un crédit d’impôt pour les coûts de la main-d’œuvre. Une partie du salaire des journalistes sera donc payée par le gouvernement fédéral.

 

Une nouvelle dépendance

Les grands médias traditionnels crient famine depuis que la publicité a migré sur l’Internet et que les deux géants Facebook et Google récoltent à eux seuls 80 % des revenus publicitaires sur le numérique. Une telle donnée illustre la dépendance de ces médias aux décisions passées et actuelles des grandes corporations.

Une politique sensée aurait été de taxer les géants du web ou, à tout le moins, de les obliger à payer des redevances aux médias dont ils redistribuent les articles. Mais Ottawa a capitulé avant même de mener bataille, comme on l’avait déjà vu dans le cas de Netflix.

L’Union européenne ne se résout pas non plus à les taxer. L’Allemagne craint que Trump réplique par des droits de douane sur les voitures exportées aux États-Unis. Alors, si l’Allemagne rend les armes, imaginez que le Canada fasse preuve de plus de courage face à Trump, c’est rêver en couleurs.

 

Une tarte à se partager

L’autre mesure importante, l’admissibilité à des crédits d’impôt pour des dons privés faits à des fondations à but non lucratif,  a été concoctée pour répondre aux demandes pressantes de La Presse, qui a mis sur pied une telle fondation lorsque la famille Desmarais a largué le journal.

En théorie, Les AmiEs de l’aut’journal pourrait profiter d’une telle mesure, qui aurait l’avantage, dans notre cas, de pouvoir faire appel à notre lectorat. Cependant, Ottawa a décidé de confier les conditions d’admissibilité aux nouveaux programmes à un « groupe d’experts indépendants, dont les membres proviendront de la communauté, de la presse et du journalisme ».  Le groupe sera chargé, précise-t-on, « d’établir et de promouvoir des normes journalistiques de base et de définir ce qu’est le journalisme professionnel ».

Il y a fort à parier que leur « définition du journalisme professionnel » se limitera aux membres des médias représentés sur ce comité car, comme le soulignait le chroniqueur Francis Vailles de La Presse, il s’agit d’« une tarte à se partager ».

 

Le loup et le chien

Aujourd’hui, tout comme lors de la parution du premier numéro il y a bientôt 35 ans, nous chérissons  notre liberté et notre indépendance avec autant de fierté et de fougue que le loup de la fable de La Fontaine, Le Chien et le Loup.

Mais la liberté et l’indépendance ont un prix! Nous vous invitons donc, chère lectrice, cher lecteur, à vous abonner, à faire un don ou encore à adhérer aux AmiEs de l’aut’journal en cliquant ici.

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