Traversiers ou bateaux de guerre ? Ottawa a choisi

2019/01/09 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est artiste pour la paix

Au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), la directrice du programme armes et dépenses militaires mondiales, la Docteure Aude-Emmanuelle Fleurant, est une Québécoise formée à l’UQAM par le regretté Yves Bélanger. Auteure d’une présentation applaudie au colloque du 6 février 2008 intitulé Guerres et écocides organisé par Louise Vandelac et moi, pourquoi nos médias n’interviewent pas celle qui aurait pourtant des choses à raconter pour le bien de nos démocraties rongées par le militarisme ?

Sur le plan mondial, on augmente à bientôt $1800 milliards les dépenses militaires annuelles, dont environ 700 par notre voisin du sud qui veut imposer à tous les pays de l’OTAN une cible minimale à 2% de leur PIB. Au Canada, qui pourtant ne donne actuellement qu’un pour cent (et des poussières, plusieurs centaines de millions !) au Ministère de la Défense, ce sont $60 milliards qu’on planifie de verser l’an prochain au chantier naval Irving pour d’absurdes navires de guerre : non plus des frégates armées à plus d’un milliard de $ chacune par Harper, mais des navires conçus pour porter la guerre outremer et accroître les 68.5 millions de réfugiés (chiffres de l’UNHCR) !

 Au ministre libéral Sajjan, qui avait refusé notre mémoire des Artistes pour la Paix[1] lors de sa pseudo-consultation « démocratique » de juillet 2016, rappelons que l’Est du Québec est actuellement sans traversier[2], forçant des passagers à prendre l’avion et des camions et voitures à parcourir jusqu’à 800 kilomètres de détour : on aggrave ainsi le bilan carbone du Canada, en contravention des engagements de M. Trudeau et Madame McKenna à la COP21 (ONU-2015). Nul n’ignore que le réchauffement climatique cause la fonte des pôles et la montée des eaux du globe ; il accroît la violence des typhons et ouragans, des pluies surabondantes et des inondations, des sécheresses extrêmes qui multiplient les feux de forêt, en particulier aux États-Unis : le pays de Trump possède onze porte-avions nucléaires (3 à 5 $milliards chacun) mais trop peu de ressources aéroportées pour éteindre le méga-feu qui a brûlé la Californie et rasé la ville de Paradise cette année. En passant, un facteur du réchauffement climatique étudié par aucun chercheur : le militarisme et la consommation effrénée de pétrole par les armées mondiales.

Diplômé de six institutions supérieures (Londres, Los Angeles, Moscou, Vienne…), professeur à la retraite de l’Université du Québec à Montréal où il représenta la Faculté des Arts à la Commission des Études pendant sept années, co-fondateur du Centre Pierre-Péladeau, porte-parole des Artistes pour la Paix depuis 35 ans, le pianiste Pierre Jasmin préfère interpréter Beethoven, co-écrit Notes d’espoir d’un joueur de piano en 2006 et contribue à deux hommages écrits, l’un à Pierre Dansereau (L’espoir malgré tout - Presses de l’Université du Québec 2017), l’autre à Noam Chomsky (Normand Baillargeon, Québec-Amérique 2018). Membre exécutif de Pugwash Canada et du comité de direction du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, co-président d’honneur du Mouvement Québécois pour la Paix, il rédige à la demande du professeur de l’Université d’Ottawa, Pierre Beaudet, un chapitre de manuel intitulé militarisme destiné en 2019 à nos étudiantEs de 1er et 2e cycles en sciences politiques et en développement international.

 


[1] Document de trente-huit pages offert au Ministre de la Défense consultable sur : http://www.artistespourlapaix.org/?p=11147

[2] Le 7 janvier 2019, après trois semaines d’interruption, le service a repris momentanément avec le F.X. Gauthier emprunté aux Îles-de-la-Madeleine, mais il devra reprendre son service ailleurs au début février. La Société des traversiers du Québec ne sait pas encore ce qui arrivera alors…