Legault et la population : une fausse histoire d’amour

2019/01/15 | Par Sonia Éthier

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

À entendre la vice-première ministre, le gouvernement Legault serait depuis son élection en relation amoureuse avec la population québécoise. En effet, Geneviève Guilbault a utilisé cette analogie pour décrire les 100 premiers jours du gouvernement au pouvoir.

Je vous avouerai que je trouve cette comparaison assez curieuse. Y a-t-il vraiment eu un coup de foudre entre le gouvernement caquiste et la population québécoise?

J’en doute fortement.

 

Un charme caquiste qui indiffère la majorité

Revenons sur le début de la relation. Il a été mitigé. Rappelons-nous que seulement 37 % des gens qui se sont prévalus de leur droit de vote ont exprimé leur amour pour la CAQ. Et il ne faut pas oublier que le taux de participation ne dépassait pas 66 %. On est donc bien loin d’un coup de foudre entre le gouvernement et la population québécoise alors que la majorité est demeurée indifférente au charme caquiste.

Poursuivons notre analyse. Lors de la formation du conseil des ministres,  François Legault a respecté la parité hommes-femmes pour mettre un peu plus d’équilibre dans son couple nouvellement formé.

Quelques semaines plus tard, il a poussé un peu plus loin sa tentative de charmer la population avec le discours inaugural. Tout en chantant la pomme à la population, en promettant le vrai changement, il n’a pas été très tendre à l’endroit des syndicats et du patronat.

Il faut reconnaître que ses propos adressés au milieu de l’éducation étaient séduisants. Le premier ministre s’engageait à innover en faisant de l’éducation une priorité nationale. Des propos agréables à l’oreille du monde de l’éducation.

 

Un pauvre séducteur comme premier ministre

Mais c’était trop beau pour durer. La mise à jour économique a donné lieu à une première tension dans le couple. Les promesses de véritables cadeaux pour la population ne se sont pas réalisées. Le chef caquiste s’est alors avéré un pauvre séducteur n’offrant que des miettes pour les aînés et pour les familles et rien pour les services publics. Il a préféré réorienter ses efforts de séduction vers les entreprises qui se sont partagé la grosse part de ses cadeaux.  Rien pour entretenir la flamme entre le gouvernement et la population.

Dans un contexte où la précarité et la surcharge de travail affectent les travailleuses et travailleurs des secteurs de l’éducation et de la santé, le nouveau gouvernement continue d’ignorer les besoins criants comme l’a fait longtemps son prédécesseur. On est bien loin de la lune de miel dont parle Geneviève Guilbault.

Les priorités de cette nouvelle année doivent être l’amélioration des conditions de travail du personnel du secteur public, la mise en place de modes de gestion plus humains, des ressources suffisantes investies aux bons endroits et une réelle volonté de redresser les nombreux dommages causés par l’austérité des dernières années.

 

Les preuves d’amour se font attendre

Si François Legault souhaite bâtir une relation stable, égalitaire et saine avec la population du Québec, il doit faire preuve d’audace pour soutenir nos services publics. La santé des travailleuses et travailleurs et la qualité des services à la population en dépendent grandement.

Et nous serons présents en 2019, que ce soit au budget, en commission parlementaire ou sur toutes les tribunes qui s’offrent à nous pour le lui rappeler. S’il nous aime vraiment, il doit le démontrer.