Nos aînés avant l’argent!

2019/02/06 | Par Sonia Éthier et Claire Montour

Sonia Ethier est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Claire Montour est présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ)

« Avec la CAQ, la dignité de ceux qui ont bâti le Québec trônera au sommet de nos préoccupations. » — François Legault

C’était le 10 septembre dernier. Le Québec était en pleine campagne électorale et le chef de la CAQ, François Legault, multipliait les promesses pour tenter de séduire les Québécoises et les Québécois, notamment les personnes aînées.

Voici ce qu’il disait alors : « Ça fait quinze ans que les libéraux sont au pouvoir, et des milliers d’aînés n’ont pas de soins ni de services à domicile. Si l’on veut que ça change au Québec, si on veut faire plus et faire mieux pour ceux qui ont bâti le Québec, il faut changer de gouvernement… c’est la CAQ qui propose d’en faire le plus et de faire mieux pour nos parents et nos grands-parents. »


Des promesses qui ont créé de l’espoir

Personne n’a mis ces paroles dans la bouche de François Legault. Il les a prononcées librement et c’est volontairement qu’il a décidé de prendre de tels engagements envers les aînés au vu et au su de tous. Le chef de la CAQ n’est pas un nouveau venu en politique. Il compte vingt et une années à sa carrière politique au cours de laquelle il a assumé diverses fonctions ministérielles.

Ce n’est pas le fruit du hasard si François Legault a fait ces promesses aux aînés. Il connaît très bien la situation difficile que plusieurs vivent et qui a été souvent dénoncée dans de multiples rapports provenant, notamment de la protectrice du citoyen et de la vérificatrice générale. En promettant plus de soins et de meilleurs services à domicile pour les aînés, il savait que ses paroles trouveraient écho auprès de la population.


Refroidissement soudain à Québec

Cinq mois plus tard, nous apprenons que le nouveau gouvernement, qui s’était engagé à répondre à tous les besoins en soins à domicile, peu importe ce qu’il en coûterait, commence à reculer. Les promesses commencent à se dégonfler.

Alors qu’il n’y a pas si longtemps, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, disait aux établissements de répondre à tous les besoins sans s’inquiéter puisque Québec paierait la facture, le discours est déjà en train de changer.

Ayant à cœur le bien-être des personnes aînées et comme représentantes de travailleuses de la santé, nous sommes particulièrement inquiètes de ce qu’il adviendra de ces engagements.

En effet, maintenant le gouvernement se limite à promettre de « combler le plus possible les besoins » et on ne sait plus si sa promesse d’investir 200 millions de plus par année dans les soins à domicile, à compter de 2019-2020, tient encore. Nos craintes se confirment, alors que dans les derniers jours, certains médias rapportaient que plutôt que d’utiliser ses surplus pour remplir ses promesses, le gouvernement aurait demandé à ses ministres de faire des compressions budgétaires pour dégager la marge de manœuvre nécessaire.


François Legault doit tenir parole

C’est décevant et inquiétant. À chaque jour qui passe, des milliers de personnes aînées au Québec souffrent réellement et gravement, faute de recevoir les soins et services à domicile suffisants dont elles ont besoin. François Legault leur a fait miroiter des promesses d’un quotidien meilleur en retour de votes. Cela a fonctionné puisqu’il est devenu premier ministre, notamment grâce à l’appui d’électrices et électeurs qui ont le sort des aînés à cœur. Il doit maintenant respecter ses engagements. Et il n’a aucune raison de se défiler.


Aucune raison de se défiler

En effet, il ne peut pas feindre la surprise devant l’ampleur des besoins, car il a pris des engagements envers les aînés sur la base de problèmes largement connus et reconnus. Des problèmes souvent dénoncés par nos deux organisations.

Il ne peut même pas prétendre qu’il n’a pas l’argent pour agir dès maintenant puisqu’il a hérité de surplus budgétaires faramineux. De plus, il pourrait récupérer des montants importants dans plusieurs postes budgétaires qui coûtent de plus en plus cher au Trésor public. Pensons seulement aux coûts très élevés de médicaments qui atteignaient plus de 8,85 milliards de dollars en 2018 pour le Québec seulement.


Un premier ministre sous haute surveillance

Or, pendant que les aînés attendent que François Legault honore sa parole, son gouvernement annonce déjà qu’il compte rembourser plus rapidement la dette du Québec et promet d’importantes baisses d’impôt notamment aux entreprises. Cela nous préoccupe grandement.

À l’approche d’un premier budget caquiste, des centaines de milliers de personnes aînées au Québec souhaitent de tout cœur que leur nouveau gouvernement tienne parole et priorise leur dignité et leur qualité de vie avant toute autre considération budgétaire et financière.

Et nous le souhaitons aussi. Les aînés avant l’argent!