Le parcours scolaire difficile des jeunes proches aidants-es

2019/02/14 | Par RANQ

Les journées de la persévérance scolaire sont l’occasion d’amener une réflexion sur la réalité des jeunes et des enfants proches aidants-es, qui endossent des lourdes responsabilités ayant des répercussions importantes sur leur parcours scolaire et leur santé.


La réalité des jeunes et des enfants proches aidants-es

Le rôle de proche aidant implique de lourdes responsabilités telles que fournir des soins à des personnes en perte d’autonomie, accompagner aux rendez-vous médicaux, s’occuper des tâches domestiques ou de la fratrie etc.

Malgré les bienfaits de cette expérience tels que le renforcement des liens socioaffectifs et le sentiment de compétence et d’autonomie, lorsque ceux-ci sont portés par des jeunes, voire des enfants, les impacts peuvent être négatifs pour leur bon développement et leur réussite scolaire.

Selon Mélanie Perroux, coordinatrice générale du RANQ: «plutôt que de se concentrer sur ses études, les jeunes aidants-es se trouvent dans des conditions d’emblées plus difficiles pour réussir. Ils ne sont pas dans les conditions optimales pour se concentrer à l’école et vivent en plus de la discrimination et de l’intimidation du fait de leur rôle, ce qui vient d’autant plus contribuer à leur décrochage».

Les chiffres de Statistiques Canada attestent que parmi les 1.9 millions de jeunes aidants-es, seulement 47% suivent un programme d’étude et 5% au niveau académique. Plus vulnérable à l’anxiété et au stress de la conciliation de vie de jeune étudiant et des charges de soin,7% finissent par complètement abandonner leur cursus scolaire.


Le contexte au Québec: des pistes de solutions

«Dans la lutte contre le décrochage scolaire toutes les causes ne sont pas étudiées, en l’occurrence le rôle de proche aidant. Il y a actuellement au Québec un grand vide au niveau de la recherche quant à la situation des jeunes et des enfants proches aidants», déplore Mélanie Perroux. Il n’existe pas de chaire de recherche ou d’organisme chargé de dresser un portrait global du nombre et de la situation des jeunes aidants-es de la province afin de réfléchir à des programmes de soutien. Les établissements scolaires ne disposent pas de programme et le personnel est peu sensibilisé aux défis rencontrés par ces jeunes aidants.

Selon le Regroupement des aidants naturels du Québec, dans un tel contexte, il est nécessaire de mettre en place des moyens qui permettront de faire l’état des lieux de la situation des jeunes et enfants aidants-es. Comme le RANQ l’a déjà souligné, créer un observatoire de la proche aidance est une solution viable pour pallier le manque de données globales sur les proches aidants, mais particulièrement sur les jeunes et enfants aidants-es.

Plusieurs pistes d’interventions et de sensibilisation doivent être explorées, à la croisée du domaine de la proche aidance, de l’éducation et des interventions auprès des jeunes. «Si nous voulons créer une société bienveillante et valoriser l’engagement des jeunes pour autrui, il est primordial, pour ceux qui sont confrontés à cette expérience de vie, que les bénéfices retirés telle que l’empathie, la compassion, la satisfaction d’aider et le sentiment de reconnaissance, soient supérieurs aux impacts négatifs à long terme. Ces jeunes ont les mêmes droits que les autres de faire des études selon leur désir, et non pas selon le temps et l’énergie qu’il leur reste pour obtenir des notes satisfaisantes.» ajoute Mélanie Perroux.

***Fondé en 2000, le Regroupement des Aidants Naturels du Québec (RANQ), rassemble 87 membres et représente plus de 21 000 proches aidants à travers le Québec. Le RANQ a acquis une expertise auprès de tous les proches aidants et propose une stratégie nationale inclusive de soutien aux proches aidants.-