Le pied à Papineau

2019/03/08 | Par Robin Philpot

De tous les conflits en cours, dit Samir Saul, professeur d'Histoire à l'Université de Montréal, celui du Yémen est à la fois cruel et peu suivi. La cruauté dépasse l'entendement, tout comme le silence entourant cette guerre que livre l'Arabie Saoudite au Yémen depuis près de 4 ans avec soutien logistique, fourniture de renseignements et ravitaillement en vol par les États-Unis.

Alors qu'on la présente comme une guerre sectaire – sunnites contre chiites, où le Yémen serait un nid de fanatiques à la solde de Téhéran – Samir Saul démontre qu'il n’en est rien. Il explique le grand intérêt stratégique que représente le Yémen, aujourd'hui comme à l'époque coloniale, en raison de sa situation stratégique où, du détroit de Bab el-Mandeb, on peut contrôler l'accès à la mer Rouge et à la Méditerranée, 3e ou 4e passage maritime au monde.

L'objectif de Washington et de l'Arabie Saoudite: la division de ce pays, non pas l'unité. Bref, alors que les uns au Yémen luttent pour faire l'unité du pays, Riyad et Washington exploitent les divisions internes pour s'assurer qu'ils gardent le contrôle de la région.

Samir Saul termine l'entrevue en parlant des origines des grandes manifestation en Algérie et les éventuelles issues de ces événements.

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Le pied à Papineau CKVL: Victoire Ingabire et le 8 mars: femmes et pauvreté au Rwanda


À l'occasion de la Journée internationale de la femme, Victoire Ingabire Umuhoza souligne la contradiction entre les conditions de pauvreté abjecte de la grande majorité des femmes au Rwanda et le discours officiel de ce pays. Selon cette grandes combattante pour la liberté, qui a passé 8 ans en prison, « l'éradication de la pauvreté passe par le femme ». Elle ajoute que « le rapport du bureau de Statistique au Rwanda, daté d’août 2018, montre que ces femmes vivent avec 0,88$ par jour ».

Ces faits tranchent nettement avec le discours officiel du gouvernement du Rwanda, qui se présente comme un champion mondial des femmes en politique.

Pour illustrer le cercle vicieux de la pauvreté, Victoire Ingabire Umuhoza cite aussi un rapport accablant de la Banque Mondiale, selon lequel, au Rwanda, 38% des enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition chronique ou ont un retard de croissance.

« Les enfants qui souffrent d'un retard de croissance sont piégés tôt dans un cercle vicieux de pauvreté, car leur développement cérébral avait été compromis avant l'âge de deux ans et les dommages sont en grande partie irréversibles. Le retard de croissance dans l'enfance augmente le risque de transmission intergénérationnelle: les mères mal nourries sont plus susceptibles d'avoir un retard de croissance. »

En critiquant les efforts du gouvernement de cacher la vérité sur la pauvreté, elle invite celles qui détiennent des postes politiques et administratifs à devenir les porte-paroles de leurs compatriotes qui vivent dans la misère.

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