Le pied à Papineau

2019/03/28 | Par Robin Philpot

Le premier ministre d’Israël était à Washington cette semaine pour marquer, pour lui, un grand coup : assister à la reconnaissance officielle par les États-Unis de la souveraineté israélienne sur le Golan. Geste illégal, illégitime et dangereux, selon Rachad Antonius, professeur de sociologie à l'UQAM.

Rappelant la conquête de ce territoire syrien lors de la guerre de 6 en 1967, suivie de son annexion par Israël, Rachad Antonius note que, jusqu'à cette semaine aucun autre pays n'avait reconnu la souveraineté israélienne sur le Golan. La raison: le droit international le proscrit. On ne peut prendre le territoire d'un autre pays par la guerre. Et voilà le danger de ce geste de Washington.
Il situe aussi le Golan dans la stratégie israélienne, non pas comme lieu de colonisation comme la Cisjordanie, mais comme position géostratégique militaire, notant au passage comment Israël recevait et soignait des djihadistes de l'État islamique dans des hôpitaux sur le Golan, même en présence du premier ministre Netanyahou.

Rachad Antonius termine l'entrevue en parlant d'une chronique d'Odile Tremblay du Devoir qui faisait l'éloge d'un artiste israélien du nom de Idan Raichel et la soi-disant absence de débat sur l'identité israélienne. Rachad rétablit les faits à ce sujet.

Pour écouter l’entrevue, cliquez ici.

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Il y 50 ans, le fiasco de Mirabel - Chronique de Robin Philpot

Il y a 50 ans jour, pour jour, a débuté ce qui est devenu le fiasco de Mirabel sous les auspices de Pierre-Eliott Trudeau. Robin Philpot rappelle l'importance de cette décision prise contre la volonté du gouvernement du Québec et de l'administration de Montréal qui souhaitait que le nouvel aéroport soit bâti au sud-est de la métropole pour favoriser le développement économique du triangle: Montréal, Estrie, Québec et Trois-Rivières. PET préférait l'axe Montréal-Ottawa.

« C’est sous l’angle de la régionalisation ou de la provincialisation de Montréal par rapport à Toronto, dit-il, qu’il faut voir, entre autres, le fiasco de Mirabel, et tout ce que représente, sur le plan économique, la perte d’un aéroport vraiment international.

Rappelons le contenu des documents officiels justifiant la construction de l’aéroport de Mirabel. À la fin des années 1960, lorsque Pierre Elliott Trudeau est devenu premier ministre du Canada, Montréal était, et devait demeurer, textuellement, « la porte d’entrée du trafic aérien au Canada et géant du transport à 60 minutes de vol de New York, 3 heures de Nassau, 6 heures de Paris, Bruxelles ou Madrid ».

Or, sous le règne de Pierre Trudeau et en raison de l’emprise du transporteur « national » Air Canada et de la logique de Toronto « métropole nationale du Canada », Montréal est passée du statut de plaque tournante du trafic aérien au Canada à celui de satellite ou fournisseur de la vraie plaque tournante, l’aéroport Pearson à Toronto.

Par conséquent, même si Montréal n’a pas bougé, Montréal se trouve aujourd’hui non pas à 6 heures, comme on le disait pendant les années 1960, mais à 10 heures de Madrid, Barcelone ou Milan, parce qu’il faut aller vers l’ouest d’abord et passer par Toronto avant de s’y rendre.

« Vu sous cet angle, le nom Pierre Elliott Trudeau donné à l’aéroport de Dorval est peut-être un meilleur symbole temporaire qu’on ne le pensait : celui qui aura consacré sa vie à inféoder Montréal et tout le Québec aux intérêts de Toronto voit son nom accolé à un aéroport presque insignifiant, inféodé à celui de Toronto. »


(Tiré de la page 204 du Référendum volé, 20 ans plus tard, Baraka, 2015)

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