Politiques climatiques mises à l'épreuve

2019/05/09 | Par Piotr Jaranowski

Des finissants de secondaire 5 se sont rebellés contre la formulation de la question de l'épreuve uniforme de français, portant sur les changements climatiques. L'ire des jeunes, exprimée sur les médias sociaux, a été relayée par les médias généralistes. Des politiciens ont salué les protestataires et leur esprit critique aiguisé, selon eux, et certains sont allés jusqu'à soupçonner l’intervention du gouvernement de la CAQ dans l'orientation de ce libellé.

Mais la question d'un tel examen, qui invite à prendre position, ne doit pas être politiquement orientée, d'aucune manière. Celle qui a été choisie, « Peut-on s'adapter aux changements climatiques ? », laisse place à plusieurs opinions. Les protestataires auraient semble-t-il souhaité que l'examen reflète leur vision du phénomène, celle même qu'on les a peut-être encouragés à adopter pendant leurs cours. Or il arrive que même des gens indignés, croyant posséder un fort esprit critique, suivent en fait les idées des autres. Un élève qui aurait espéré que l’on agisse collectivement davantage pour freiner les changements climatiques aurait très bien pu répondre par la négative et ainsi donner de la force à sa position : non, nous ne pouvons pas nous adapter à ces changements, dont la gravité nous impose d'imaginer des stratégies pour les combattre. Par ailleurs, aucun des textes du recueil (plutôt moralisateur) n’encourageait le lecteur à se satisfaire d'une « adaptation » aux conditions climatiques.

Il serait plus avantageux pour le monde de demain que nos enseignants apprennent aux jeunes à traiter les sujets intellectuellement plutôt que de les embrigader. L'examen de français n'examine pas les croyances, les valeurs ou les idées politiques des élèves, mais leur capacité à raisonner et à argumenter (et à écrire, cela dit en passant). Le thème et la question sont des prétextes pour qu'ils se prêtent à cet exercice de pensée. Il est peut-être temps de sortir la politique de l'école, qui devrait être neutre ou permettre de considérer toutes les possibilités, et d'y insister sur les connaissances et le travail de l'esprit, qui suppose justement d’envisager avec détachement plusieurs positions sur une même question.