« J’existe moi aussi ! », de déclarer Valérie Plante

2019/05/27 | Par Pierre Dubuc

« J’existe moi aussi ! », de déclarer Valérie Plante. C’est l’impression qui se dégage à la lecture de cet article de La Presse + du 25 mai, où la mairesse semble complètement larguée des travaux entourant la conception du futur stade de baseball du groupe mené par Stephen Bronfman.

Bronfman et ses associés ont décidé que ce serait un stade sans toit de 30 000 places situé au bassin Peel, tout près des tours de condos, propriété de la firme Claridge de Bronfman.

Bien entendu, les promoteurs veulent une gare du REM à proximité de leur stade en faisant valoir que c’est « un facteur essentiel pour la réalisation du projet ». La mairesse a réagi en déclarant que, si les promoteurs voulaient « une gare à un tel endroit, c’est une bonne idée, du moins, je ne suis pas contre. Mais ce n’est pas un promoteur qui va venir dicter les besoins d’aménagement dans ce quartier-là ».

On peut déjà parier que la mairesse va se laisser dicter l’emplacement de la gare, tout comme elle s’est laissée dicter la construction du stade, même si elle s’y était opposée au cours de la campagne électorale.

En fait, Valérie Plante n’a aucun rapport de force devant l’establishment financier de la métropole, qui dote l’ouest de Montréal, majoritairement anglophone, de belles infrastructures comme le REM et le stade de baseball.

Pour affronter cet establishment, la mairesse aurait besoin de la mobilisation des citoyens. Mais elle s’est privée de l’appui des francophones avec ses déclarations unilingues anglaises, son refus d’arborer le drapeau du Québec à l’hôtel de ville et l’opposition unanime de son conseil municipal à la loi sur la laïcité.

S’inscrivant dans la mouvance Québec Solidaire, son parti, Projet Montréal, a tout misé sur l’appui des communautés issues de l’immigration, qui ne représentent pas une force politique suffisante pour faire infléchir les décisions des promoteurs et des gouvernements supérieurs. On le voit avec le refus de la CAQ de considérer la construction de la ligne rose – promesse phare de Valérie Plante au cours de la dernière campagne électorale – pour décongestionner la ligne orange, dont les membres de ces communautés issues de l’immigration sont les principaux utilisateurs.

Seule une solide alliance entre les francophones et les allophones pourrait permettre d’imposer le programme politique de Projet Montréal ou de tout autre parti progressiste. Sinon, les allophones seront facilement instrumentalisées par l’establishment financier et les francophones laissés pour compte