Revue de presse 3-7 juin 2019

2019/06/07 | Par Pierre Dubuc

Est-ce causé par le printemps tardif, un début de fièvre électorale au fédéral, ou le brouhaha de fin de session à Québec, toujours est-il qu’il y en a qui sont tout mêlés.

Réjean Hébert veut être ministre de la Santé à Ottawa pour instaurer son assurance-autonomie pour les soins à domicile, alors que la Santé est de juridiction provinciale.

À Québec, la ministre des Relations internationales du Québec, Nadine Girault, déclare à propos de l’imposition de contrôles sanitaires par la Chine sur les exportations de porcs québécois : « Je me suis assurée avec le consul de Chine qu’on ne paie pas pour ça. Ça se passe au niveau du Canada, on n’a pas, au Québec, à payer pour les tensions avec la Chine » !!!

Mme la Ministre prend bien au sérieux son rôle de ministre des Relations internationales du Québec. Mais, youhou, Madame la Ministre ! Au cas où vous ne le sauriez pas, le Québec fait toujours partie du Canada et les tarifs commerciaux relèvent de la politique étrangère du Canada. Mais, après tout, si elle s’est  « assurée avec le consul de Chine qu’on ne paie pas pour ça », on ne voit pas pourquoi on s’inquièterait !


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Le travailleur « idéal » de François Legault

Un concours est ouvert pour savoir quel est travailleur québécois idéal pour François Legault. D’une part, il trouve que les travailleurs d’ABI Bécancour ne sont pas « raisonnables », qu’ils « en demandent trop ».

D’autre part, il envoie le message aux 200 travailleurs de Velan, dont les emplois sont délocalisés en Inde, que « c’est même une bonne chose que certains emplois moins payants soient dans des usines à l’étranger ».

Selon leur syndicat, les employés licenciés gagnaient un salaire horaire oscillant entre 20 $ et 32 $, soit dans la fourchette du salaire horaire moyen de 25,42 $ en 2018, comme le signalait Gérard Bérubé du Devoir.

Alors, quelle est donc la caractéristique du travailleur « idéal » de François Legault? Réponse : il n’est pas syndiqué.

 
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Tout le monde sur le pont… sauf le Bloc !

Selon Le Devoir,  le message de la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, appelant « tout le monde sur le pont » pour s’attaquer sérieusement à l’urgence climatique, a été bien reçu au congrès de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) à Québec.

Cependant, il semble bien que, pour la FCM, le Bloc Québécois et les quelque 20% de l’électorat qu’il représente n’étaient pas invités « sur le pont », car son chef, Yves-François Blanchet, était le seul chef d’un parti fédéral ayant des élus à la Chambre des communes à ne pas avoir été invité à s’adresser aux congressistes. Le Bloc a dix élus au Parlement, alors que le Parti Vert n’a que deux représentants.

On se serait attendu à ce que les maires du Québec, et plus particulièrement ceux de Montréal et Québec, protestent énergiquement et exigent la présence du chef du Bloc. Mais non !

Peut-être avaient-ils trop peur qu’Yves-François Blanchet mette fin à l’idylle en cours entre les maires et les chefs des partis fédéraux, qui se disent prêts à contourner les provinces pour financer des projets.

Blanchet leur aurait sûrement rappelé que les municipalités sont des « créatures des provinces », c’est-à-dire qu’elles relèvent, selon la constitution, des gouvernements provinciaux. C’est le grand rêve des néolibéraux et des partitionnistes de court-circuiter les entités nationales en faisant la promotion des cités-États. Valait donc mieux ne pas avoir ce faux-cul de Blanchet sur le pont !

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Quand La Presse + revisite la Seconde Guerre mondiale

Dans une série d’articles parus dans La Presse + du 2 juin à l’occasion du 75e anniversaire du Jour J, le débarquement en Normandie,  le journaliste Jean-Christophe Laurence salue avec raison les 140 000 personnes, dont 5 000 Québécois et Canadiens et 20 000 civils, qui ont perdu la vie entre le 6 juin et le 1er septembre 1944. Les soldats québécois et canadiens qui ont participé à cette bataille contre le fascisme hitlérien méritent tout notre respect et notre gratitude.

Cependant, le journaliste erre complètement lorsqu’il affirme, en parlant des victimes, que « leur mort n'aura pas été vaine, puisque le jour J a été le premier pas vers la Libération et la victoire finale contre le IIIe Reich ».

En fait, c’était le deuxième pas, et pas le plus grand ! Tous ceux qui possèdent le minimum de connaissance sur la Seconde Guerre mondiale savent que « le premier pas vers la Libération » a été la bataille de Stalingrad, qui a lieu du 17 juillet 1942 au 2 février 1943, soit 16 mois avec le débarquement en Normandie. De l’avis de tous les experts militaires, c’est le tournant stratégique majeur de la guerre. Plus de 800 000 Soviétiques, soldats et civils y ont perdu la vie! L’Union soviétique a payé le plus lourd tribut avec la perte de 25 millions de personnes au cours de ce conflit ! En plus d’avoir vu le pays en grande partie détruit par les hordes fascistes. Elle revendique avec raison sa place au premier rang dans « la victoire finale contre le IIIe Reich ».

Cela ne minimise en rien le courage et la contribution essentielle des troupes qui ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944. Mais il faut aussi rappeler que Roosevelt et Churchill avaient repoussé pendant plusieurs mois l’ouverture d’un deuxième front, le premier étant celui tenu par l’URSS. Ils préféraient voir l’URSS et l’Allemagne s’affaiblir mutuellement avant d’intervenir.

Ce n’est qu’après les défaites allemandes lors des batailles de Stalingrad et de Koursk en juillet 1943 et la contre-offensive soviétique qui s’en suivit que les États-Unis et la Grande-Bretagne se sont mis à préparer fébrilement le débarquement de crainte que l’Armée rouge n’occupe l’ensemble de l’Europe.


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