Expansion continue des institutions anglophones à Montréal

2019/06/11 | Par Frédéric Lacroix

Après le référendum quasiment gagné par le camp du OUI en 1995, Ottawa a mis en place une ambitieuse stratégie pour empêcher toute tenue d’un autre référendum sur l’indépendance du Québec. Il s’agissait du fameux plan « B ». Aux mesures ponctuelles de corruption et d’achat des consciences, s’ajoutait tout un volet de mesures structurantes qui avaient pour but d’affaiblir le Québec politiquement à long terme. J’ai fait une recension de certaines mesures structurantes du plan B ici.

Or, même si le camp du OUI est maintenant un champ de ruines, le camp du NON n’a pas désarmé pour autant. Ottawa a le sens de l’état et poursuit toujours une politique visant à réduire politiquement le Québec français. Pour de bon.

L’expansion continue des institutions anglophones auquel nous assistons depuis 15 ans sert cette politique. Elle permet d’angliciser Montréal à grande échelle, souvent à nos frais, ce qui affaiblit continuellement le rapport de force politique des « francophones ».

Ainsi, l’on apprenait récemment que M. Legault semble avoir donné suite à la décision du PLQ et de Couillard de transférer les bâtiments du Royal Victoria Hospital à McGill University. McGill vient tout bonnement d’assurer un quasi doublement de sa taille. Aux frais des contribuables québécois (le coût de rénovation du Royal Vic est estimé à 800 millions de dollars). Notons que, comme le hasard fait bien les choses, le PLQ a aussi décidé de déréglementer les frais de scolarité des étudiants internationaux. McGill pourra donc accueillir des milliers (voire des dizaines de milliers) d’étudiants internationaux supplémentaires et leur imposer des frais de scolarité gargantuesques qu’elle conservera sans devoir partager avec le reste du réseau universitaire québécois (comme c’était le cas avant la prise du pouvoir par le PLQ). Notons aussi que ces étudiants se verront offrir la citoyenneté canadienne à la clé grâce au programme « Quebec Experience » pour lequel aucune connaissance du français n’est requise. Enfin, tout ça tombe plutôt bien, car la CAQ a finalement décidé de ne pas ramener les volumes d’immigration dans le domaine du raisonnable. Les volumes d’immigration décidés jadis par le PLQ et reconduits par la CAQ s’accordent d’ailleurs admirablement bien avec les objectifs du plan B. Un hasard, sans doute.

Notons que le McGill University Health Center (MUHC) a pu bénéficier d’une expansion majeure sous l’égide du PLQ : il a réussi non seulement, au mépris de toute logique et d’une saine gestion des fonds publics, à se faire payer un mégahôpital tout neuf sur le site de la cour Glen, mais il a aussi réussi à faire agrandir et rénover le Montreal General Hospital (MGH) au coût de centaines de millions de dollars. Bizarrement, l’idée de départ des mégahôpitaux était de regrouper l’ensemble des services sur un seul site : le MGH aurait donc dû être fermé. Mais non. Le MUHC a donc bénéficié d’une augmentation absolument colossale de sa superficie et de son importance au cours de 15 dernières années, au point où il est devenu le plus gros centre au Québec et l’un des plus gros au Canada et en Amérique du nord. Cela a permis de renforcer considérablement la dynamique d’anglicisation à Montréal. Un hasard, sans doute.

Il est intéressant de savoir que M. John Rae, ex président exécutif de Power Corporation et très investi dans les collectes de fonds pour diverses institutions de la communauté anglophone, s’est impliqué à toutes les étapes de l’expansion du MUHC.

Rappelons qu’en 1995, John Rae était membre du comité exécutif du Comité pour le NON. Le directeur général des élections du Québec a rencontré M. John Rae en 1996 dans son enquête concernant les gargantuesques dépenses illégales du camp du NON, dépenses qui ont sans doute permis le vol à l’arraché du référendum de 1995. Voici ce qu’écrit Robin Philpot dans son livre Le référendum volé : « Rien n’a été découvert chez Power Corporation et chez M. John Rae simplement parce que M. Rae a fait déchiqueter, peu après le référendum, au moins 30 boites de documents portant, entres autres, sur les dépenses effectuées pendant la période référendaire. Des pages et des pages de liste de personnes et d’entreprises de partout qui ont donné de l’argent pour la campagne du NON, talons de chèque faits par le Parti libéral du Canada, Power et d’autres, dépenses de téléphones, chambres d’hôtel, tout y était, tout était bien détaillé pour la période du référendum de 1995… M. Rae a fait déchiqueter dans les bureaux de Power ces documents avant de recevoir la visite du Directeur général des élections le 23 avril 1996 ».

Ce même John Rae vient d’ailleurs d’être honoré pour son « leadership » par le Quebec Community Groups Network et a été responsable de la « philanthropie » au MUHC pendant 15 ans.

Il avait si bien travaillé en 1995…

Ce n’est pas un hasard.