“Who wants I speak French to her?”

2019/06/21 | Par Claude G. Charron

Telle fut la cinglante réplique lancée aux oreilles du fils de ma conjointe après qu’il ait osé demander à une infirmière du Montreal General Hospital” qu’elle parle en français à sa mère, une réplique lancée au travers le rideau alors que la dame effectuait les soins d’usage à sa patiente.  Revenue vers « l’insolent », elle a ajouté: “I know your mother can speak English.

Ce genre d’incident est rarissime car sont infiniment peu fréquent les proches de patients hospitalisés osant exiger une telle « faveur » dans un centre hospitalier dont le personnel est majoritairement anglophone. Il y a en effet un grand risque que le proche soit par la suite moins bien traité.   

Dans Québec post-loi 101, il reste qu’il y a probablement grand malaise pour ceux qui n’osent pas agir comme mon gendre, malaise qui risque souvent de profondément se ressentir dans l’ouest de l’ile de Montréal, même dans cet arrondissement majoritairement francophone comme celui où je réside.  

Le fait est que, par les trois fois où moi et ma conjointe avons eu à faire appel au 911 pour une urgence, les ambulanciers ont toujours eu le réflexe de se diriger vers un centre hospitalier dont l’anglais est la langue de communication du personnel soignant.  À deux occasions pour ma part, l’ambulance a été dirigée vers le “Lake Shore Hospital et tout récemment vers le Montreal General lors de l’hospitalisation d’urgence de ma conjointe.    

Ce ne fut donc point à l’Hôpital de Lasalle pourtant peu éloigné de la maison, ni au plus proche, le Centre hospitalier de Lachine, que les ambulanciers ont décidé de diriger leur véhicule.  Avec ce dernier choix, il se peut fort bien que le patient n’y fasse qu’une courte escale car dans cet établissement aux ressources limitées, si on se rend compte que le cas mérite une plus grande expertise, le patient est automatiquement transféré au Montreal General ou au CUSM, mais jamais au CHUM.  Il est normal qu’il en soit ainsi depuis que l’Hôpital Saint-Joseph de Lachine soit devenu rien de moins qu’un des nombreux pavillons du Centre universitaire de santé McGill.  

Au-delà de la juste préoccupation de mon gendre pour que le personnel soignant s’adresse en français à sa mère, n’y a-t-il pas ici un autre signe d’un retour à l’anglicisation galopante de Montréal.  Avec une population vieillissante qui aura de plus en plus besoin des services hospitaliers, ne devait-on pas s’inquiéter que dans la partie ouest de l’ile de Montréal, la langue de communication du personnel soignant soit l’anglais dans les institutions de santé où sont automatiquement dirigés les malades transportés d’urgence par ambulance.    

Il y a de cela quelques décennies, on nous avait assuré que la construction du CUSM était rendue nécessaire afin de regrouper tous les centres de santé reliés à l’Université McGill, mais voilà que l’Hôpital général de Montréal est encore debout et opérant malgré l’ouverture de ce que dans le milieu on appelle le site Glen. 

Quand on tient compte des dizaines de milliers de personnes qui bossent dans ces institutions de santé dont l’anglais est la langue de communication, ces milliers de préposés et d’infirmières qui, à ce qu’on sache, ne font que, pour une faible minorité d’entre eux, partie de ce huit pour cent de la population que l’on désigne encore comme étant « la minorité historique du Québec », on est en droit de se demander si n’est pas perdue d’avance la bataille pour que le français devienne  la langue d’usage publique au Québec.

Car si elle est de moins en moins parlé dans cette partie de la région de Montréal où les revenus sont les plus élevés, tout migrant doit facilement comprendra que, plus que le français, l’anglais est nécessaire pour gagner honorablement sa vie à Montréal.