Abandon par Via Rail du tronçon Montréal-Québec

2019/08/15 | Par Germain Dallaire

Selon une étude indépendante révélée par le Globe and Mail, à la fin du mois de juillet, Via Rail devrait envisager d’abandonner le tronçon Montréal-Québec dans son projet de train TGF (train à grande fréquence) entre Windsor et Québec. Cet abandon envisagé se justifierait par un manque de rentabilité du tronçon.

Via Rail, comme toutes les sociétés de la couronne, en particulier Postes Canada, est pour ainsi dire un pis-aller puisqu’elle travaille à se faire hara-kiri. Cette orientation n’est pas nouvelle, elle date des gouvernements Chrétien dont le sinistre ministre André Ouellet était un chantre zélé. En vertu de cette approche éminemment néolibérale, tout a vocation à être fait par le privé. Via Rail ne s’en cache pas. Cet éventuel train TGF (au départ, on projetait un TGV mais on a reculé et on a accouché de cet acronyme qui peut faire illusion pour certains) est destiné à être transféré au privé. Il doit donc être rentable. Évidemment, Via Rail étant une société « canadian », le tronçon Montréal-Québec est un tronçon comme un autre comparable à un autre tronçon allant vers l’ouest. Cependant, pour nous au Québec, il devrait très certainement en être autrement.

 À l’heure où le débat sur la laïcité nous a permis de constater un important et inquiétant fossé entre Montréal et le reste du Québec. À l’heure où le français est en sérieux recul à Montréal. À l’heure où la crise causée par le réchauffement climatique nous amène son lot quotidien de prévisions apocalyptiques. C’est le moment où nos bons technocrates choisissent de faire une croix sur cette infrastructure importante. Voilà un exemple parfait où fédéralisme « canadian » et néolibéralisme se conjuguent pour faire l’inverse de ce qui doit se faire pour le Québec. Cette décision va tout simplement à l’envers du bon sens.

C’est une vérité de La Palice, les infrastructures ferroviaires sont un élément essentiel de ce que les Anglais nomment le  « nation building ». C’est ce que les Canadiens et les Américains ont fait dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Aujourd’hui, au Québec, nous avons besoin que de telles infrastructures se multiplient, non seulement pour favoriser notre cohésion sociale et, en bout de ligne, notre survie, mais aussi pour répondre au défi climatique. Il s’agit d’un impératif politique où les questions de sous doivent passer en second.

J’ai souvenir d’un candidat à la chefferie du PQ au début des années 2000 qui mettait de l’avant un lien ferroviaire entre toutes les régions du Québec. J’ai souvenir aussi d’un projet de monorail entre Québec et Montréal qui était dans les cartons de l’éphémère gouvernement Marois. La vision de l’avenir, elle est là. Au moment où ces lignes sont écrites, des jeunes écologistes allemands se couchent devant les véhicules pour exiger plus de transports en commun. Pourtant, l’Allemagne, comparé au Québec, est sûrement très bien pourvu en liaisons ferroviaires. En regardant tout ça, on aurait presqu’envie de citer la fameuse phrase de Péloquin au Grand Théatre de Québec : « Vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves! »