Après s’être mis à dos la Russie, au tour maintenant de la Chine… et bientôt l’Inde?

2019/08/23 | Par Pierre Dubuc

Chrystia Freeland s’était déjà aliéné le gouvernement de Poutine pour ses interventions dans le dossier ukrainien, au point d’être persona non grata en Russie. Ce qui est un comble pour une ministre des Affaires étrangères.

Maintenant, elle risque de subir le même sort de la part de la Chine pour s’être immiscée dans le dossier Hong Kong. Elle a beau avoir pris la précaution de signer un communiqué condamnant les violences à Hong Kong avec son homologue de l’Union européenne, le gouvernement de Beijing l’a ciblé directement, sans faire mention de la représentante de l’Union européenne.

La réplique chinoise a été diffusée sur la chaîne Télévision Centrale Chinoise en s’en prenant nommément Mme Freeland, un geste extrêmement rare, selon tous les observateurs de la scène politique chinoise.

La politique russe de Mme Freeland est dictée, pour des raisons électorales, par la communauté ukrainienne du Canada, dont Mme Freeland est issue.

En va-t-il de même pour sa politique à l’égard de Hong Kong? On peut, en effet, se demander quelle pourrait être l’impact de la présence de 300 000 détenteurs de passeports canadiens à Hong Kong sur la politique canadienne et les prochaines élections fédérales. Nombre d’entre eux ont acquis la citoyenneté canadienne à la faveur du programme des investisseurs étrangers.

Dans Le Remède imaginaire (Boréal), Benoît Dubreuil et Guillaume Marois ont démonté le mécanisme de cette fraude monumentale impliquant les banques canadiennes et le Mouvement Desjardins au Québec. Même s’il devait s’engager à investir 400 000 $, il était possible pour l’investisseur de ne rien investir, mais d’emprunter à un intermédiaire financier et, par différentes combines, s’en tirer en ne devant payer que 120 000 $ pour obtenir le statut de résident permanent au Canada pour lui et sa famille.

Seulement 24,9 % des immigrants investisseurs admis entre 1998 et 2007 étaient présents au Québec en 2009, rapportent Dubreuil et Marois. Les chiffres du Ministère portent sur les immigrants « sélectionnés » et non ceux « admis ». Ce qui veut dire qu’ils ne sont pas obligés de s’établir au Québec, ni même d’y entrer. Plusieurs iront s’installer directement à Toronto ou à Vancouver. Bon nombre d’entre eux n’ont jamais résidé longuement au Canada. L’obtention du statut de résident permanent et de la citoyenneté était considérée comme une police d’assurance pour les riches habitants de Hong Kong, s’ils devaient fuir leur contrée dans la perspective d’événements comme ceux qui surviennent actuellement.

Le Globe and Mail faisait récemment mention d’un organisme présent à Hong Kong qui veut inciter les 300 000 Canadiens résidant à Hong Kong à se prévaloir de leur droit de vote lors des prochaines élections fédérales. Peut-être que le Parti libéral compte sur ces votes pour remplacer les votes perdus à cause de l’annulation par Beijing des importations de canola et de porcs comme mesures de représailles pour l’arrestation de Mme Meng Wanzhou de Huawei à l’aéroport de Vancouver à la demande des États-Unis qui exigent son extradition.

Ne reste plus maintenant qu’à se mettre à dos l’Inde. Déjà, en surreprésentant la communauté sikh au Cabinet, avec la nomination de quatre ministres, et avec la présence, lors d’une réception officielle à New Delhi, d’un sikh reconnu coupable en 186 d’avoir tenter d’assassiner un ministre indien en Colombie britannique, Justin Trudeau avait mis à mal les relations du Canada avec le gouvernement indien, lors de son mémorable voyage en Inde.

À quand une petite déclaration sur le Cachemire, Mme Freeeland ?

Voilà où mène une politique étrangère à la sauce du multiculturalisme canadien.