Revue de presse 19-23 août 2019

2019/08/23 | Par Pierre Dubuc

Relations incestueuses entre banquiers et ex-juges de la Cour suprême

Dans le rapport du Commissaire à l’éthique Mario Dion dans l’affaire SNC-Lavalin, on apprend que quatre ex-juges de la Cour suprême ont été mêlés au dossier. Le juge à la retraite Franck Iacobucci, était sur la liste de paye de la Banque de Montréal, l’institution financière de la firme d’ingénierie, et il était à la manoeuvre.

Son ancien collègue à la Cour suprême, John Major, a fourni à sa demande un avis juridique sur le refus du Service des poursuites pénales d’accorder une entente de réparation. L’ancienne juge en chef Beverley McLachlin a, elle aussi, accepté de revoir le dossier SNC-Lavalin.

La ministre de la Justice a sollicité l’avis d’un autre juge à la retraite, Thomas Cromwell, et le Bureau du Premier ministre a aussi demandé, en vain, l’avis de la juge McLachlin.

Bien peu de commentaires dans nos médias sur cette implication d’ex-juges de la Cour suprême dans les querelles des fractions de la bourgeoisie canadienne, si ce n’est d’un commentaire dans le Globe and Mail du professeur Wayne MacKay de la Schulich School of Law, de la Dalhousie University, qui demandait aux juges de faire preuve d’un peu plus de discrétion. (Retired SCC judges are free to work in the private sector, but appearances matter, 19 août, 2019).

On aimerait aussi connaître l’opinion de tous ces savants intellectuels québécois qui s’agenouillent devant la Charte des droits et les juges « impartiaux » qui l’interprètent.

La très grande majorité des juges au Canada ont été membres de bureaux d’avocats aux affiliations politiques bien connues. Ainsi, le bureau d’avocats McCarthy Tétrault, d’allégeance libérale, faisait état dans le livre commandé à Christopher Moore à l’occasion de son 150e anniversaire (McCarthy Tétrault. La création d’un grand cabinet. 1855-2005. Boréal) de la nomination à la magistrature de 50 de ses membres, dont 38 par des gouvernements libéraux.

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Un cours Canada 101 pour Legault

Le Premier ministre François Legault continue d’étaler sa méconnaissance des institutions canadiennes. Au cours de la campagne électorale, il s’est avéré qu’il ne savait pas que le Nouveau-Brunswick était la seule province bilingue du Canada.

Maintenant, il se fait donner la leçon par le premier ministre de l’Alberta Jason Kenney et, dans les pages du Devoir, par le professeur Louis Massicotte sur « la vraie histoire des paiements de péréquation ».

Ils ne datent pas de la Constitution de 1867, comme l’a affirmé M. Legault, mais d’une loi fédérale de 1957, qui a été enchâssée dans la Constitution de 1982.

Dans un Québec indépendant, nous n’auriez à vous badrer de toutes ces connaissances, Monsieur Legault.

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Legault, leader syndical ?

En réponse aux représentants du patronat qui se plaignaient en commission parlementaire d’une pénurie de main-d’œuvre et demandaient une hausse des seuils d’immigration à 60 000 personnes, le premier ministre François Legault a tenu ce discours assez étonnant : « Il faut comprendre que si on demande à un Québécois : "Est-ce que vous préférez un emploi à 15 $ l’heure ou à 30 $ l’heure ?” c’est certain qu’il aime mieux un emploi à 30 $ l’heure. Donc, ceux qui offrent des emplois à 15 ou même à 12 $ l’heure, ils vont avoir de la difficulté. »

De son côté, le président de la CSN, Jacques Létourneau, demandait au gouvernement de renoncer à réduire les seuils d’immigration ! C’est le monde à l’envers.

Espérons que la CSN et les autres centrales syndicales sauront rappeler à Legault ses belles paroles lorsque viendra le moment de négocier les salaires des employés du secteur public.