Traitement déficient des déchets radioactifs au Canada

2019/09/19 | Par Collectif

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) vient de confirmer l'urgence d'améliorer la politique canadienne en matière de déchets nucléaires, à l'issue d'une mission d'examen qui s'est poursuivie au Canada pendant onze jours, jusqu'au 13 septembre dernier. Cette équipe de 24 spécialistes incluait 20 experts en réglementation issus de 17 pays différents. 

Selon le communiqué de presse de l'AIEA, le rapport final de son équipe d'évaluation recommandera que « le gouvernement du Canada renforce sa politique et sa stratégie de gestion des déchets radioactifs » . Il proposera aussi, en matière de radioprotection, « que la Commission canadienne de sûreté nucléaire envisage de mieux aligner ses exigences sur les normes de sûreté de l’AIEA. »  

(Nous avons fait une version française du communiqué.)

Cette mission d'examen a été organisée à la demande du gouvernement du Canada, affirme l'AIEA, mais elle fait également suite à la publication, en avril 2018, d'une lettre collective adressée au directeur général de l'AIEA. Signée par cinq Premières Nations et par 40 groupes citoyens, cette lettre ouverte demandait une enquête sur les politiques et sur les pratiques du Canada en matière de déchets nucléaires. 

« Ces critiques de l'AIEA sont exceptionnelles, de la part d'un organisme qui se consacre à la promotion du nucléaire et qui est généralement très accommodant pour ses États-membres comme le Canada », souligne Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. « À nos yeux, les normes de l'AIEA ne sont qu'un minimum et tout pays responsable devrait chercher à les dépasser. Si l'AIEA souligne elle-même des lacunes du gouvernement fédéral et de la CCSN, cela devrait agiter un inquiétant drapeau rouge pour tous les Canadiens. »

Comme les représentants de nombreux autres groupes, M. Edwards soutient qu'en refusant d'élaborer des politiques et des stratégies en matière de déchets nucléaires, le gouvernement fédéral a permis au consortium SNC-Lavalin de piger librement dans le fonds de 8 milliards $ avec lequel le Canada espérait régler son vieux problème de déchets radioactifs dispersés en peu partout en Ontario, au Québec, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick. Voilà pourquoi, disent-ils, on se retrouve aujourd'hui avec des projets visant à remplir de béton nos vieux réacteurs nucléaires ou à empiler des déchets radioactifs près de nos sources d'eau potable, au mépris des normes de sécurité internationales.

« Non seulement le gouvernement du Canada nous met tous en danger en dilapidant les fonds publics dans de mauvais projets de déchets nucléaires, mais il rate une occasion en or de se bâtir un leadership mondial pour l'excellence de sa gestion des déchets nucléaires », souligne Johanna Echlin, de l'Association des propriétaires de chalets du vieux Fort William, au Québec.

« Nous lançons un appel à tous les médias, au public et à tous les candidats à la prochaine élection pour qu'ils exigent d'urgence une réforme des pratiques canadiennes en matière de déchets nucléaires », dit-elle. « Le Canada ne doit pas seulement saisir l'occasion de se conformer aux normes de l'AIEA, mais il doit aussi les surpasser et protéger les Canadiens dès aujourd'hui et pour les siècles à venir. » 

« Ce communiqué de l'AIEA est une formidable confirmation de nos inquiétudes à l'égard de la mauvaise gestion des déchets nucléaires au Canada », fait remarquer Gilles Provost, du Ralliement contre la pollution radioactive. « Cela fait des années que nous disons au gouvernement fédéral que sa politique en matière de déchets radioactifs est inadéquate, et les experts mondiaux de l'AIEA nous donnent maintenant raison. » 

L’AIEA  est un organisme des Nations Unies qui recommande des normes de sûreté pour les centrales nucléaires et les installations de traitement de déchets radioactifs. On dénombre 171 états membres dans le monde entier. Il administre également une convention internationale sur la gestion des déchets nucléaires dont le Canada fait partie.