Invitation à un débat sur la question nucléaire

2019/09/20 | Par Pierre Jasmin

De plus en plus, les médias tentent de susciter de l’intérêt dans la campagne électorale avec des points sans pertinence, qui servent à faire diversion. Les photos et vidéos du gamin Trudeau (resté gamin au moins jusqu’à 29 ans!), déguisé en Aladin, pourraient bien être une stratégie pour avantager sa réélection, vu le ridicule des attaques sur son racisme, plutôt que son immaturité démontrée en Inde perçue avec justesse par Jagmeet Singh.

De telles controverses (sur la loi 21, que même le Premier ministre Legault s’obstine à appeler projet de loi) servent à masquer les intérêts de l’élite militaro-industrielle et du ministre de la Défense Harjitt Sajjan[i] qui n’ont pas à répondre de leurs décisions absurdes d’engager une centaine de milliards de $ dans la construction de matériel d’attaque (bateaux Irving/Lockheed Martin, tanks General Dynamics, avions de chasse furtifs…).

Ils évitent ainsi de répondre que l’Iran ou la Russie ou la Syrie ou la Libye ou l’Afghanistan nécessitent de tels investissements agressifs, réponses auxquelles ils croient peu et qui seraient de vraies preuves de racisme. Les interventions armées multiplient la tragédie de 70 millions de réfugiés dont l’invasion suscite le racisme des dirigeants italiens, hongrois, britanniques adeptes du brexit, etc.

Nos médias couvrent les attaques de drones houthis contre les raffineries d’Arabie Saoudite avec infiniment plus d’images (ah la pauvre Bourse aux cours fluctuants et la perte de nos investissements capitalistes!) que les massacres de milliers d’enfants au Yémen (photo), probablement aggravés par des blindés canadiens d’Ontario. Mais Conservateurs et Libéraux ne remettent nullement en question ces équipements lucratifs et il suffit d’écarter des micros et des lignes ouvertes ceux et celles qui poseraient des questions gênantes.

Demain samedi le 21 septembre à 13 heures, plusieurs personnes seront invitées au local de l’Association des travailleurs Grecs (5359 avenue du Parc à Montréal) à débattre la question nucléaire. Révélatrice d’une inconscience (de la part de l’OTAN en particulier) face à un danger qui menace radicalement (mais virtuellement) autant la planète que le réchauffement climatique, on adresse une lettre au Secrétaire-Général de l’ONU qui traite des deux problèmes, tout en le félicitant pour avoir consacré ses énergies au redressement social de son pays, le Portugal, dans sa jeunesse. Tous et toutes peuvent la signer en allant sur : http://www.artistespourlapaix.org/?p=17023

- Observons que le 5 à 7 des Artistes pour la paix au Lion d’or verra la participation de nombreuses femmes, telle Judi Richards et ses deux filles, les cinq chanteuses Minstrels of Hope et Marie-Josée Deslongchamps que les admirateurs de Raymond Lévesque affectionnent particulièrement. Les APLP en profiteront pour adresser sur scène, avec Isabella Marengo, six questions embêtantes aux six principaux partis politiques canadiens concernant la paix.

Qui seront nos invités précédents de l’après-midi? D’abord, quatre femmes remarquables par leur engagement de toute une vie en train de renouveler le pacifisme par leur vigueur :

- Ray Acheson, militante pour International Campaign for the Abolition of Nuclear Weapons (ICAN.org) et pour la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF), la plus ancienne organisation de femmes pour la paix au monde, fondée en 1915 pour défier militarisme, patriarcat et capitalisme, trois sources de guerres. Elle  n’est pas inconnue des lecteurs de l’aut’journal qui ont pris connaissance de son discours du 6 août à Toronto lors de la commémoration d’Hiroshima. Sur cette tribune prestigieuse, elle n’a pas hésité à accuser les responsables politiques, entre autres canadiens, d’inaction et de déni face au Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires, alors que Trudeau et sa ministre Freeland ont refusé ne serait-ce que de rencontrer l’hibakusha Setsuko Thurlow, canadienne honorée du prix Nobel de la Paix 2017, et l’ambassadrice Elayne-Whyte Gomez du Costa Rica en visite à Ottawa deux mois après son TIAN appuyé par 122 pays.

- Docteure Mary-Wynne Ashford viendra de Colombie-Britannique révéler son engagement bilingue en faveur du désarmement nucléaire depuis plus de trente ans, alors que co-présidente des Médecins Internationaux pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (IPPNW) l’organisme gagnait le Prix Nobel de la Paix 1985. Ses pairs de Colombie-Britannique l’ont nommée docteure de l’année 2019! Elle sera accompagnée par le docteur montréalais Michael Dworkind qui travaille aussi pour la survie mondiale avec ses pairs.

- Nancy K. Brown, enseignante-libraire engagée depuis longtemps dans les causes de justice sociale et de paix, est membre du Mouvement Québécois pour la Paix, des Raging Grannies, d’Amnistie Internationale, de L’Élan global – Montréal et d’Échec à la guerre. Elle aura la lourde de tâche de modérer la table ronde à partir de 15 heures 20.

- Kari Polanyi Levitt vit à Montréal après avoir gradué de la London School of Economics, avec une spécialité en statistiques, et reçu une maîtrise en Économie de l’Université de Toronto. Le Département de Sciences économiques de McGill lui décerne le titre de Professeure Émérite en 1992 et ses thèses anti-néolibérales font le tour du monde, en particulier à Cuba, en Autriche et en Hongrie, deux pays où elle était encore conférencière en mai dernier à l’âge de 93 ans!

Il y aura aussi de plus jeunes, tel Kumar Sundaram, associé du mouvement Pugwash-Canada qui travaille à son doctorat à Concordia, après des études de maîtrise en son Inde natale, dont le Premier ministre Modi l’inquiète grandement par ses agissements à l’encontre du Cachemire et du Pakistan, autre pays qui possède des bombes nucléaires.

Le plus attendu des invités, du moins par les partis politiques inquiets de voir dérailler leur campagne électorale,  sera le tenace Gordon Edwards qui a fondé le Regroupement pour la surveillance du nucléaire (www.ccnr.org), à l'expertise indépendante reconnue dans les domaines de la technologie nucléaire, de  l'uranium et de la prolifération des armes nucléaires. Il nous entretiendra de SNC-Lavalin qui a provoqué les démissions des ministres Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott, deux femmes remarquables du parti libéral et compagnie à qui le PM conservateur Harper avait accordé un monopole nucléaire. Gordon sera accompagné du photographe international Bob del Tredici dont les photos à thématique nucléaire sont reconnues en plusieurs musées.

Romuald Sciora, chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (France), abordera plutôt l’angle des Nations-Unies dont il est un expert, ayant interviewé les cinq derniers Secrétaires Généraux : l’ensemble de leurs conversations a été publié en intégralité dans un numéro spécial de The International Politics Reviews et a fait l’objet d'une série télévisée diffusée dans plus de vingt pays. Associé à l’Université de New York (il vit aux États-Unis depuis 15 ans), il travaille régulièrement avec le magazine Foreign Affairs et le Monde Diplomatique. Écrivain engagé à gauche, son livre Qui veut la mort des Nations-Unies a été commenté en nos pages en début d’année.

Dimitri Roussopoulos, éditeur-écrivain fondateur de Black Rose Books et Michel Duguay, docteur en physique nucléaire de l’Université de Yale et co-animateur du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire de 2008 à 2012, complèteront avec moi-même les participants d’une table ronde voulant secouer l’indifférence des dirigeants politiques face au nucléaire et en général, face aux questions cruciales de politique extérieure.

 

[i] En 2016, le ministre avait carrément refusé le rapport des Artistes pour la Paix http://www.artistespourlapaix.org/?p=11147