Des propositions concrètes pour l’environnement et l’indépendance

2019/11/21 | Par Germain Dallaire

Avec raison, la question environnementale est sur toutes les lèvres et toutes les tribunes. On sent cependant un décalage entre l’urgence de la situation et les gestes posés. Le temps de la moralisation individuelle semble avoir atteint ses limites, les gens ne savent plus quoi faire, ils sont à la veille de manger leurs sacs de plastique. Que vienne donc le temps du collectif!

Les partis politiques et même les entreprises en ont pris bonne note et ont tous récupéré le discours, certains se disant même plus vert que vert. Mais on reste sur notre faim, on sait bien que ce n'est pas en plantant deux milliards d'arbres d'ici 2050 qu'on va avancer. Comme disent les anglais : where is the beef?

On sent néanmoins émerger, à différents  endroits sur la planète, des idées à  la hauteur du problème. Aux États-Unis, des candidats à l'investiture démocrate parlent de « green new deal ».  J'ai récemment entendu un dirigeant politique espagnol parler « plan Marshall vert ». À chacun ses références, ici au Québec certains parlent de 2° révolution tranquille.  C'est le cas de Martine Ouellet dans un livre qu'elle vient de publier: « HORIZON 2030, Choisir un Québec climato-économique ».


Environnement : du CONCRET!

Martine Ouellet est bien connue pour sa position résolument indépendantiste mais elle l'est quand même relativement moins pour son implication dans la cause environnementale. La lecture de son livre nous apprend que cette implication remonte aussi loin que le début des années 90 alors qu'elle présentait, dans le cadre du comité national des jeunes du PQ, un document intitulé « Vers Vert, un pays écologique », document préfacé  par nul autre que Jacques Parizeau, rien de moins.

Cette implication ne s'est jamais arrêtée par la suite tant à l’intérieur du PQ que dans des groupes citoyens (Eau Secours) et même dans le cadre de sa carrière de 20 ans comme gestionnaire d'Hydro-Québec où elle a, entre autres, dirigé le programme économie d’énergie pour la grande industrie. À tout cela, il faut ajouter son passage à la tête du Ministère des Ressources Naturelles. C'est là tout l'intérêt de ce livre, Mme Ouellet a une vaste connaissance terrain et elle nous en fait part. Cela donne des propositions CONCRÈTES et chiffrées.

Son plan permettrait une diminution de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour un investissement de 15 milliards$ permettant la création de 35 000 emplois par année sur 10 ans. Voici, ventilés sur un tableau, les faits saillants de ce plan :


La nécessaire indépendance

Lors du lancement du livre, Mme Ouellet a raconté une anecdote illustrant le caractère incompatible de sa vision avec celle du régime fédéral canadien : automne 2013, elle se trouve en Corée du Sud à un congrès mondial sur l’énergie pour prononcer une conférence sur l’électrification des transports. À l’époque, le Québec était en pointe pour la recherche sur les batteries. Profitant de ce congrès, Martine Ouellet sollicite et obtient un rendez-vous avec des représentants de LG, question de tester les possibilités d’un partenariat visant à profiter des capacités de LG en termes de commercialisation. Mal lui en prit puisque peu de temps avant la rencontre, les représentants de la multinationale lui faisaient savoir qu’ils l’annulaient, disant de ne pas vouloir froisser les représentants canadiens qui avaient protesté de son organisation. Pendant tout ce congrès, le Québec et le Canada étaient à l’opposé, ce dernier vantant les sables bitumineux et le gaz de schiste alors que nos représentants mettaient de l’avant l’électrification des transports et les énergies renouvelables.

On le voit ces temps-ci à mesure que le ton monte entre les représentants de l’ouest et ceux du Québec, un Canada axé sur l’exploitation des sables bitumineux et le gaz de schiste est totalement incompatible avec un Québec misant sur les énergies renouvelables. C’est le clou que cognent très efficacement le directeur de l’Action Nationale Robert Laplante ainsi que Gilbert Paquette, ministre sous le gouvernement Lévesque et indéfectible militant de l’indépendance.

Supplément d’âme non négligeable, Mme Ouellet fait référence en début de livre à « l’enseignement crucial »  des Premiers Peuples à l’effet qu’il faut prendre nos décisions en fonction des sept prochaines générations. Dans le même esprit, le livre se termine sur une postface de Benoît Lavoie, Grand-Chef de la Nation Métisse du Soleil Levant. Une belle brochette de collaborateurs à laquelle il faut ajouter le très respectable militant environnementaliste André Bélisle qui signe une préface au titre évocateur : « Le succès est enfant de l’audace… ».

« Horizon 2030, Choisir un Québec climato-économique », Martine Ouellet, Québec-Amérique