Le Québec à l’honneur à Rotterdam!

2020/02/18 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est artiste pour la paix

Voici le tweet que le chef d’orchestre Nézet-Séguin, amateur de tennis, a envoyé à Auger-Aliassime le 15 février 2020, pour saluer le fait que tous deux connaissaient un grand moment de gloire à Rotterdam, le premier en dirigeant son orchestre européen de prédilection dans la Cinquième symphonie de Mahler et Félix en jouant sa quatrième finale d’un tournoi ATP de l’année, hélas sans le succès escompté. Félix a néanmoins battu le record de jeunesse de finaliste, celui de nul autre que Roger Federer aussi perdant dans son match ultime et dont la réputation de perdant n’a pas perduré, ce qu’on souhaite à notre Félix, diminué par un rhume ! Intéressant que Gaël Monfils ait gagné ce tournoi pour la deuxième année consécutive, alors qu’Arthur Ashe, le premier joueur Noir à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, en avait gagné les deux premières éditions. Black lives matter !!

Quand Yannick avait l’âge de Félix (19 ans), il faisait déjà beaucoup parler de lui à l’UQAM où ses deux parents enseignaient, car il dirigeait son propre chœur avec une rare maîtrise, grâce à son immense amour de la musique. Quand il fut nommé à 24 ans (!) chef de l’Orchestre Métropolitain, la directrice du département de musique de l’UQAM l’invita à rencontrer nos étudiants pour l’émulation et je le saluai alors comme un chef déjà de grande valeur. Je ne pouvais prévoir à quel point il ferait sa marque, devenu de nos jours le plus grand chef de l’histoire du Québec, et selon bien des critiques internationaux, le chef musicien le plus complet, à l’aise dans tant de répertoires, y compris celui spécialisé de l’opéra : son attention aux « bêtes spéciales » que sont chanteuses et chanteurs est remarquable de doigté et fait l’unanimité. Ce n’est pas pour rien que le vénérable Metropolitan Opera de New York l’a nommé directeur, aussi en charge, donc, d’explorer un répertoire nouveau, tout en donnant aux grands succès de prédilection une allure dynamique et nouvelle.

Le quatrième mouvement de l’œuvre choisie par l’Orchestre de Rotterdam était le fameux adagietto devenu immortel pour son utilisation dans le film Mort à Venise de Luchino Visconti. Les antisémites ne jurent que par l’interprétation surfaite de Herbert von Karajan, alors que celle que j’idéalise est de Leonard Bernstein, qui respecte scrupuleusement l’indication sehr langsam du compositeur. Notons qu’il existe un enregistrement live par Valéry Gergiev à la tête du World Peace Orchestra (5 août 2010) et un CD Nézet-Séguin daté de 2011 avec l’Orchestre de Philadelphie (2011).

PS sportif  

Par le plus grand des hasards, en Hollande à Dordrecht à seulement quelques kilomètres de Rotterdam, oui, le même 15 février, oui, oui, l’équipe canadienne de patineurs mâles a gagné la médaille d’or devant l’équipe hollandaise qui d’habitude rafle tout ; je l’ai su parce qu’un des quatre coéquipiers, Jordan Pierre-Gilles, est le fils d’un de nos excellents entraîneurs de soccer à Magog !