Urgence climatique... Il faut se donner une vision!

2020/02/25 | Par Normand Beaudet

L’auteur est le fondateur du Centre de ressources sur la non-violence. Il est membre du Comité de la Déclaration d’Urgence Climatique (DUC)

Imaginons que je roule en véhicule électrique, que je vois un clocher, et que je puisse me dire...  Ah! Tiens; je vais aller me brancher.  Je me rends vers l'église et, assurément, il y a une station de recharge pour une gamme de véhicules!

Nous sommes l’été; il fait très chaud, on suffoque.  C'est la canicule depuis plus d’une semaine mais, heureusement, toutes les églises du Québec sont dorénavant climatisées et chauffées adéquatement grâce à la géothermie et une tarification électrique préférentielle.  Depuis quelques années, une église, c'est aussi un café et une exposition d'artisanat local; mais aussi une piscine et un spa public.  Tout est en place pour la pause recharge.

En entrant dans l'église, une dizaine de personnes, surtout des personnes âgées jouent aux cartes et dansent bien au frais; et quelques jeunes mamans allaitent dans un coin.  Ce sont des résidents du village qui n'ont pas les moyens d'avoir une climatisation adéquate.  Tous profitent du confort et de l’eau.   En situation de panne électrique d’hiver lors de grands froids; ces résidents comme partout ailleurs dans la province peuvent aussi utiliser l'église comme refuge thermique.  Toutes sont équipées pour hébergement temporaire et l’hygiène grâce surtout aux bains chauds.  On a misé en priorité sur la sécurité des populations les plus vulnérables face aux aléas météorologiques, soit mis en œuvre de sérieuses mesures de résilience climatique.

Depuis peu, les bâtiments religieux sont indépendants du réseau de distribution électrique d’Hydro-Québec.  Grâce à des micro-réseaux électriques intelligents leur approvisionnement repose sur l’arrimage de moyens de production de proximité comme la géothermie et de petits parcs locaux de production (solaire, éolien, de gaz renouvelable,  micro barrages etc...).  Les églises sont autonomes en termes énergétique, et chaque nouvelle mesure de réduction des GES élargit l’accès aux tarifs énergétiques réduits.  Notre patrimoine bâti assure donc la sécurité des citoyens en tout temps face aux chocs climatiques; à l’abri de la vulnérabilité des grands réseaux.

Les MRC, municipalités, paroisses et organismes locaux se sont battus il y a quelques années pour le retour de la tarification électrique préférentielle pour les communautés.  La société québécoise a économisée des milliards en s’affranchissant rapidement des combustibles fossiles, par une électrification des communautés.  La production et les réseaux locaux intelligents ont libérés une puissance électrique considérable pour d’autres usages.  Les organisations de nos communautés ont désormais les moyens de planifier la mise en place de service de partage d'outils pour réduire la consommation, de pôles agroalimentaires favorisant la production alimentaire de proximité, de Centre de télétravail pour réduire les déplacements; et de pôles multimodaux électrifiés.  Le Québec innove et devient une référence grâce à son économie décarbonnée, et sera sous peu méconnaissable.

Au lieu de les laisser sombrer nos sites patrimoniaux dans la décrépitude, ces joyaux se sont transformés en véritables sites de résilience communautaire et de lutte aux perturbations climatiques.  Le Québec n’aura pas attendu après les grands sommets mondiaux, ou le fédéral obnubilé par les pressions des promoteurs de grands projets pétroliers.  Grâce à la mobilisation populaire qui a mené à une prise de conscience des dirigeants de proximité; le gouvernement provincial a saisi l’opportunité d’une  transformation durable de nos communautés et relevé le défi que constituait le grand virage climatique. 

Contre toutes attentes, nous sommes en bonne voie d’accomplir l’impossible soit, dépasser nos objectifs climatiques et atteindre un objectif mondial exemplaire.