Trudeau prend ses références au G7, au lieu de se fier d’abord à l’ONU

2020/03/18 | Par Pierre Jasmin

TESTEZ, testez, testez, insiste le directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (ONU), créée en 1948, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui n’hésite pas à répéter ce mot d’ordre crucial pour sauver des vies. Car 200 000 cas d’infection ont été dénombrés dans 145 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’imparfaitement la réalité, un grand nombre de pays n’ayant pas mis en place une politique de dépistage des cas suspects, comme l’a demandé pourtant l’OMS à de très nombreuses reprises. Nos lecteurs ne se surprendront pas de ce laisser-aller consécutif à des années de dégradation des pouvoirs de l’ONU que nous documentons semaine après semaine, en luttant contre les gouvernements à tendance populiste qui, selon l’expression de M. Romuald Sciora, veulent la mort de l’ONU.

Félicitons-nous que le Premier ministre du Québec François Legault prenne les mots d’ordre de l’ONU au sérieux et ait multiplié, avec la ministre Danielle McCann et le directeur de la Santé publique Horacio Arruda, les tests auxquels se soumettent un nombre de plus en plus élevé de Québécois soucieux de leur santé et de celle de leurs proches. C’est ainsi, selon les experts médicaux, que la courbe d’augmentation des cas pourra être moins abrupte, donc moins susceptible d’entraîner des morts par milliers par l’engorgement prévisible mais évitable de notre système de santé.

Le Premier ministre Trudeau, obligé par certains membres de son cabinet et par l’opposition conservatrice dont il doit tenir compte vu sa situation minoritaire, prend ses références au G7, au lieu de se fier d’abord à l’ONU : c’est le thème de nos articles qui s’attaquent constamment à ses gaspillages éhontés de l’agressive Défense ($100 milliards consacrés, en ce moment où les besoins sont ailleurs, à des navires et avions de guerre!!!) et à sa politique de pipelines exorbitants au service d’une industrie pétrolière de sables bitumineux dénoncée par le GIEC. Rappelons que le G-7, proche de l’OTAN qui multiplie ses bombes nucléaires, est une instance créée artificiellement : un genre de boys’club rassemblant prioritairement les Trump, Trudeau, Macron, Johnson, Abe, Conte et, reléguée vu son intention de laisser le pouvoir, Angela Merkell.

Pire : Macron, hôte en France du dernier G7, s’était adjoint les conseils rétrogrades de Scott Morrison, premier ministre conservateur d’Australie (celui qui ne voit toujours pas de lien entre les incendies incontrôlables de son pays charbonnier et le réchauffement climatique), Sebastián Piñera, président du Chili contre qui les femmes se soulèvent, Narendra Modi, premier ministre de l’Inde qui menace le Pakistan d’attaques nucléaires, le militaire Abdel Fattah al-Sissi, président-dictateur d’Égypte et, cerise sur le sundae, l’inamovible dictateur (depuis le génocide de 1995 auquel plusieurs soupçonnent sa participation) Paul Kagame du Rwanda.

Mais il y a pire : Trudeau aurait pu prendre ses conseils auprès de Donald J. Trump.

Elizabeth Dahab, professeure à la California State University, écrit dans Counterpunch.org que le 13 mars, Trump n’avait aucunement endossé les tests de l’OMS. Pourquoi? Par peur de résultats qui endommagerait sa réélection? À cause d’avantages pécuniers pour des tests de firmes privées (qui s’avèrent inefficaces)?

Madame Dahab cite les chiffres du 9 mars : les États-Unis avaient alors testé 8,554 individus (26 tests par million d’habitants), tandis que la Corée du Sud, qui s’en sort mieux que n’importe quel pays, surtout si on signale sa proximité de la Chine à l’origine du virus, avait testé 8,354 individus (4,910 tests par million). Pire encore : à la question de la presse à savoir quand les tests seraient disponibles au public, il avait répondu que « les gens ne devraient pas être testés s’ils n’avaient aucun symptôme! » Et lui-même, de retour d’Europe et après avoir été en contact étroit avec un membre du gouvernement de Jair Bolsonaro à son golf de Mar-a-Lago, M. Jair Wajngarten testé positif pour le Coronavirus, allait-il subir le test?? Ces questions de la presse l’ont poussé dans ses retranchements et il s’est vite éclipsé de sa conférence de presse mémorable. Dans une autre, il a annoncé piteusement avoir réussi son test, mais s’est ressaisi en s’accordant la note de 10 sur 10 pour sa façon de répondre « vite et tôt » à la crise  Coronavirus.