Le Canada répond à une trêve mondiale appelée par l’ONU

2020/04/02 | Par Artistes pour la paix

Le 23 mars, par une déclaration enterrée par nos médias[i], le Secrétaire–général de l’ONU, Antonio Guterres, appelait tous les pays à une trêve mondiale:

« C’est un temps pour la prudence,

pas la panique;
Pour la science, pas les condamnations;
Pour les faits, pas la peur.
J’appelle à un cessez-le-feu immédiat et global,
à la cessation de tout conflit armé,
pour nous concentrer sur le réel ennemi qui menace les vies de l’humanité entière.
Nous avons besoin de solidarité, d’espoir et de volonté politique
pour résoudre cette crise mondiale. »

Les cyniques et les médias croient cet appel vain (paroles…) mais il a été entendu par 53 pays dont le Canada (voir tableau de la fin) qui s’engagent pour la protection des femmes et de tous les humains vulnérables, en se déclarant solidaires de l’ONU et de l’Organisation Mondiale de la Santé face à la pandémie (pour se persuader de sa contagion extrême, on regardera la vidéo suivante https://youtu.be/vBvFkQizTT4 )

Parmi les cinq pays membres du Conseil de sécurité, seule la France a signé cet appel lancé hier. Il est encore tôt mais personne n’attend les Américains ! Le 25 mars, l’Europe et la Russie avaient répondu positivement par la voix du ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov partageant l’inquiétude de la Russie pour l’Afrique particulièrement fragile à la situation épidémiologique, ainsi que l’Afghanistan, l’Irak, le Yémen, la Libye et la Syrie, jusqu’à la Palestine, incluant la bande de Gaza.

L’ELN (armée de libération nationale) de Colombie a prononcé une trêve d’un mois, selon des informations transmises par notre ami Paul Hannon, de Mines Action Canada, organisme présent en un pays très affecté par les mines anti-personnel. Au Cameroun, le médiateur Alexandre Liebeskind a aussi répondu positivement.

Cinq irritants majeurs

L’intérêt soudain du Canada pour l’ONU est porteur d’espoir, mais nous refroidissent :

1- la reprise de la construction du pipeline TransMountain et la tentative (heureusement échouée) de faire voter une loi d’urgence qui aurait octroyé au gouvernement libéral les pouvoirs de dépenser (sans doute pour des pétrolières) sans passer par le Parlement pour les 21 prochains mois ! Nos amis Unistoten nous avisent d’ailleurs que Coastal GasLink continue à creuser son pipeline, malgré les mesures d’urgence prononcées en Colombie-Britannique. Et l’irresponsable Jason Kenney annonce $7 milliards pour un pipeline Keystone XL, après avoir envoyé samedi au chômage 26,000 éducateurs.

2- un document récent reçu de notre ami Walter Dorn qui illustre l’indifférence du Canada pour l’Afrique, en particulier pour le Mali en guerre dont il a retiré ses Casques Bleus.

3- la politique militariste du Canada et son reniement des efforts à consentir contre les changements climatiques que la militante Tamara Lorincz, membre de Pugwash, dénonce. Elle devait faire pour le Mouvement Québécois pour la Paix une conférence à McGill, annulée lorsque l’université a dû fermer ses portes à cause de la pandémie (dont notre dernier article a exploré les causes humaines[ii])

4- Une pétition mondiale du Bureau International de la Paix, poil à gratter/antidote aux déclarations vides des pouvoirs, exige la conversion urgente pour la santé des fonds gaspillés à la militarisation.

5- Les armes nucléaires, encore.

On trouvera sur notre site des Artistes pour la Paix de nombreux articles montrant les dangers et les coûts du nucléaire civil au Canada ; mais aussi ceux du nucléaire militaire, que le Canada appuie implicitement par son appartenance à l’OTAN. L’ONG américaine CODEPINK nous informe en outre que les US$36 milliards annuels consacrés aux bombes nucléaires par les États-Unis, plus les $156 milliards annuels que leur coûtent leurs quelque 800 bases militaires, présentes chez eux et en 70 pays, pourraient acheter les soins pour la planète entière !

Le réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire où Pierre Jasmin nous représente vient aussi de recevoir de la part de Suzi Snyder (PAX & dontbankonthebomb.org) un document affligeant sur la complicité des banques canadiennes dans le domaine du nucléaire militaire :

12 institutions financières canadiennes,  dont les six championnes suivantes, ont depuis janvier 2017 versé autour de $24 milliards US en sommes disponibles pour des compagnies américaines construisant des bombes atomiques ; par ordre inverse de responsabilité criminelle :

6- la Banque de Montréal, dont le siège social est à Toronto, avec $1 milliard 589 millions ;

5- SunLife Financial, qui suite à notre campagne a diminué ses investissements, avec $2 milliards 704 millions ;

4- Power Financial Corporation des frères Desmarais[iii], avec $3 milliards 264 millions ;

3- ScotiaBank, avec $4 milliards 30 millions ;

2- Toronto-Dominion Bank, avec $4 milliards 230 millions ;
et la championne des championnes :

1- Royal Bank of Canada, avec $6 milliards 699 millions : cette banque qui brasse $1449 milliards d’affaires (chiffre d’avant la COVID-19) et dessert 16 millions de clients en 37 pays poursuit avec réticence un dialogue avec PAX qui veut l’amener à ne financer que les modernisations de bombes.

 

Money talks

Pour nous, relayer des appels à la paix ne suffit pas : il est important de savoir pourquoi le Canada, à l’écoute prioritaire des lobbys financiers, trahit constamment nos appels à la paix depuis 2003.

Conséquence : à cause de notre « activité politique », nous recevons bien des accusations que nous (!) sommes « agressifs » et les médias frileux, de même que certains artistes, nous boycottent. Écrivez-nous et devenez membres : plus nombreux nous serons, plus réceptifs à notre message d’humanité en péril seront nos «ir- responsables politiques ».

 


[iii] Ils influencent aussi en France la championne BNP Paribas qui se cache derrière une hypocrite politique affichée de non investissement, sans même en respecter les engagements (ICAN-France).