Une grève historique bouscule le gouvernement français

2022/01/19 | Par Luc Allaire

La mobilisation du personnel de l’éducation a été d’une ampleur inédite en France le jeudi 13 janvier. Plus de 75% des enseignantes et enseignants étaient en grève, 50% des écoles était complètement fermées. Toutes les fédérations syndicales nationales, FSU, UNSA, FO CGT Éduc’actions, SNALC, SNE, SUD Éducation ont mobilisé leurs membres pour participer à cette grève. Les inspecteurs et les chefs d’établissement du second degré se sont joints au mouvement de grève de même que la Fédération des parents d’élèves et les organisations lycéennes.

« Cette grève historique a démontré le ras-le-bol sur la situation sanitaire qui a cristallisé le mal-être de l’éducation nationale », affirme Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, qui regroupe le personnel enseignant du primaire, que nous avons contactée en France.

La force de cette mobilisation historique et le discrédit grandissant et quasi unanime du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer ont obligé le gouvernement à recevoir l’intersyndicale en soirée, le 13 janvier, et à mettre ainsi le ministre sous « tutelle ».

En effet, affirme Guislaine David, « le Premier ministre a repris en main la négociation lors d’une réunion qui a duré 3 heures et demie au cours de laquelle il a déclaré comprendre la colère des personnels de l’éducation. Nous avons répondu au Premier ministre que nous ne nous contenterons pas de ses belles paroles, que nous voulons qu’il pose des actes constructifs en réponse à nos revendications concrètes. »

Pour l’UNSA Éducation, les annonces qui ont été faites sont le signal que la parole des personnels dans cette journée d’action a été enfin entendue. Ainsi, le Premier ministre et le ministre de la Santé ont pris le temps d’apporter des précisions sur leurs choix et d’écouter attentivement les organisations syndicales.

Il a apporté de premières réponses que nous jugerons aux actes, affirme l’UNSA Éducation, concernant l’engagement à améliorer la concertation et la communication des décisions prises avec des délais respectueux, le recrutement de personnels, etc.

« Nous avons aussi obtenu une meilleure sécurisation des écoles, ajoute Guislaine David. L’annonce d’équipement en masques chirurgicaux, à la place des masques en tissu fournis depuis plus de 18 mois, a été confirmée. »

Toutefois, la promesse de masques inclusifs ayant mis plus d’une année à arriver dans les écoles pousse à une forme de prudence sur la réalité de cette annonce. La réaffirmation de l’existence d’une dotation de quelques millions d’euros pour acheter des capteurs de CO2, sans que l’Éducation nationale ne les impose, ne permettra pas d’en avoir partout. 

Enfin, l'annonce d’une aide aux directions d’école qui croulent littéralement sous les tâches, via 1700 emplois vacataires est très largement insuffisante. Quant à l’embauche de quelques milliers de contractuels, elle n’en est pas vraiment une. Les rectorats avaient déjà cette possibilité qui, au vu des conditions de travail et du salaire proposé, s’avère bien souvent impossible à mettre en œuvre, sans compter que le volume annoncé reste très loin de la hauteur des besoins du terrain.
 

Le gouvernement doit répondre au ras-le-bol

« La pression de la mobilisation du 13 janvier a permis de bousculer le gouvernement, obligeant à instaurer un début de dialogue avec les représentants des personnels. Une première depuis cinq ans ! », souligne le SNUipp. Il s’agit maintenant que le gouvernement réponde au ras-le-bol et aux exigences exprimées dans la grève du jeudi 13 janvier. Il doit pour cela engager des discussions concrètes tant sur le cadre sanitaire sécure que sur les moyens nécessaires pour reconnaître les personnels notamment par une hausse conséquente de leurs salaires. Sans oublier d’apporter une réponse à la perte de légitimité de Jean-Michel Blanquer comme ministre de l’Éducation nationale. Un discrédit palpable jusqu’au plus haut sommet de l’État au vu de la configuration de la réunion du 13 janvier avec la présence du Premier ministre.

Pour le SNES-FSU, cette grève du 13 janvier constitue une première étape qui doit en appeler d’autres. « Annuler les suppressions de postes prévues à la rentrée prochaine et décider d’un collectif budgétaire pour l’éducation, programmer un plan pluriannuel de recrutement, remettre à plat les réformes désastreuses et inégalitaires de Jean-Michel Blanquer et surtout revaloriser sans attendre les salaires des personnels sont des impératifs incontournables à mettre au cœur des prochaines mobilisations », affirme ce syndicat représentant le personnel enseignant du secondaire.
 

Photo :
https://twitter.com/SNUipp_FSU/status/1481679492913500160?t=ZWRWBt595gxC...

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