Capitaine Parizeau dans une bouteille à la mer

 

Pas très convaincant Jacques Parizeau dans son petit ouvrage Le Québec et la mondialisation, Une bouteille à la mer? Sa thèse est que, face à la mondialisation, le Québec n’est pas comme une bouteille jetée à la mer, mais un petit navire qui avance assez bien et assez rapidement dans l’océan de la globalisation.

Le Capitaine Parizeau chante les vertus du libre-échange qui a lancé le Québec «toutes forces politiques réunies, dans la voie de la libéralisation et, éventuellement, de la mondialisation». C’est, ajoute-t-il «le débat le plus important qui ait eu lieu dans notre société, après le débat sur la question de la souveraineté».

On sait que, pour M. Parizeau et les dirigeants péquistes, l’intérêt premier de l’ALENA était d’ordre politique car il permettait, selon eux, de contrer les menaces de représailles du Canada anglais. «Il suffit, écrit Parizeau, que ce partenaire soit solidement encadré par les règles d’une zone de libre-échange nord-américain pour que le risque de représailles s’atténue nettement». Illusion que tout cela? C’est du moins l’avis de l’ex-ambassadeur américain, James J. Blanchard dans ses mémoires récemment parus (voir autre article).

Une mer agitée

Mais, pris pour boire dans la grande tasse du libre-échange, le Capitaine Parizeau est aussi obligé d’ingurgiter le libre-échange économique. «Pour une fois, écrit-il, l’intérêt économique et l’intérêt politique des Québécois coïncidaient». Ah, oui!?

Reprenant le discours néolibéral à la mode, Capitaine Parizeau nous dit que notre prospérité découlera du succès de nos exportations sur le marché américain, lequel viendra «de l’innovation, de la capacité de vendre des produits différents et originaux».

«Comment y arrive-t-on?», se demande-t-il. Réponse néolibérale classique0 «En laissant jouer le marché, puisque la plupart des instruments traditionnels de régulation des États ne sont plus guère utilisables, que la déréglementation se généralise et que l’ère des nationalisations est terminée».

Mais Capitaine Parizeau voit des écueils sur lesquels pourraient se fracasser la petite bouteille du Québec. «Le danger, c’est que les centres de décision d’ordre économique qui ont été mis en place depuis la Révolution tranquille soient achetés, éliminés ou déplacés, et que l’on revienne ainsi à une situation que l’on a bien connue autrefois».

Capitaine Astuce

Comment contrer la domination étrangère, comment passer à travers les écueils? Capitaine Parizeau ne dispose pas vraiment d’un carte marine fiable pour naviguer en ces eaux troubles. Il énumère bien quelques points de repères classiques, la Caisse de Dépôt, Hydro-Québec, la Société générale de financement. Mais, ajoute-t-il, «si la Caisse de Dépôt voit sa mission comme la simple gestion d’un gigantesque fonds mutuel, rien n’aboutira dans le sens que je viens de mentionner.» C’est qui est exactement ce qui vient de se produire avec la vente de Provigo à Loblaw.

De plus, il craint que l’Éole américain souffle un peu fort sur un océan déjà agité. «Si le Québec gêne trop souvent ou trop ostensiblement l’investissement américain chez lui, quelqu’un quelque part va se fâcher». Alors, quoi faire pour «protéger les éléments essentiels de la structure», comme il les appelle? «Il faut varier les formules pour ne pas trop attirer l’attention»!!! User d’astuces!!! Voilà l’essentiel du plan de navigation du Capitaine Parizeau!

Alors, êtes-vous prêts à faire confiance au Capitaine Parizeau? Sachez, avant de vous embarquer, que le Capitaine Parizeau et sa famille ont vendu, avant d’entreprendre le voyage, leurs intérêts dans l’entreprise familiale Sodarcan à des intérêts étrangers!