Le Mouvement Desjardins a perdu son âme

 


Rosaire Mortin constate 0



«Le Mouvement Desjardins, la plus grande réussite financière du Québec, est en train de devenir son plus grand échec... En oubliant les principes coopératifs le mouvement a perdu son âme». Ces constatations crève-cœur sont faites par Rosaire Morin, directeur de l’Action nationale, qui a entrepris la tâche herculéenne de mener, avec une patience de bénédictin, une enquête exhaustive sur la déportation de l’épargne québécoise en faisant l’inventaire systématique des réservoirs de capitaux québécois provenant de l’ensemble des secteurs financiers.

Les analyses de M. Morin sont publiées par secteur dans les livraisons mensuelles de la revue qu’il dirige. La publication de l’article sur les caisses populaires n’est prévue que pour avril 1999. Mais il a consenti à nous dévoiler, quatre mois à l’avance, quelques données percutantes qui feront partie de son analyse. Les voici 0

Desjardins a oublié les principes coopératifs

Mais toutes ces données économiques, si importantes soient-elles, sont secondaires aux yeux de Rosaire Morin. «Ce qui est fondamental, déplore-t-il, c’est que Desjardins a oublié les principes de coopération sur lesquels s’était édifié le mouvement. L’éducation des membres, la participation coopérative et l’intercoopération ne sont malheureusement plus des principes appliqués chez Desjardins. En les perdant le Mouvement a perdu son âme» conclut-il.

Quant au plan de restructuration du Mouvement, il aboutirait à la fermeture de 300 à 350 caisses, selon M. Morin, l’amène à appuyer la dénonciation de la CSN. Desjardins va contribuer à l’exode rural, alors qu’il devrait être un agent de développement.

M. Morin ne possède pas de données précises sur le nouveau Fonds Desjardins Europe que l’organisme vient de lancer à grand renfort de publicité (des pages complètes dans les journaux). Mais il s’agit de l’exportation massive de l’épargne québécoise qui crée des emplois sous d’autres cieux et se traduit en chômage et en pauvreté au Québec.

Le dossier sur l’épargne

Le directeur de l’Action nationale a mené depuis 1995, avec une petite équipe et des moyens limités, une enquête exhaustive sur la déportation des capitaux québécois. En butte à de multiples obstacles de la part des organismes financiers très réticents à lui transmettre l’information, il poursuivra le chantier de l’épargne jusqu’au redressement nécessaire, se promet-il.

Un dossier préliminaire publié dans l’Action Nationale d’octobre 1996 établissait à plus de 100 milliards $ le montant de l’épargne québécoise déportée par des institutions financières. Mais un an plus tard, une étude plus poussée permettait de porter ce montant à plus de 200 milliards $ (no de novembre-décembre 1998). La publication des recherches de M. Morin sur l’épargne a repris dans le numéro de septembre 1998 de l’Action Nationale sous forme d’études couvrant chacun des secteurs financiers.

Voici le calendrier de parution0 septembre 1998, les caisses de retraite; octobre, les sociétés d’assurances; novembre, les banques; décembre, les fonds mutuels; janvier 1999, les valeurs mobilières; février, les sociétés de fiducie; mars, les sociétés de crédit; avril, les caisses populaires; mai, les sociétés de placement. On doit connaître les conclusions de la recherche dans le numéro de juin 1999.

Les personnes qui veulent s’abonner à l’Action nationale, peuvent le faire au coût annuel de 38$ (étudiant 22$) en adressant leur souscription à l’adresse de la revue 0 425 boul. de Maisonneuve Ouest, bureau 1002, Montréal, H3A 3G5. Pour plus d’informations 0 (514) 845-8533.

Desjardins a déporté en dehors du Québec, 78% des actifs de ses caisses de retraite et d’assurance collective.

Desjardins a vendu ses actions de la Banque Laurentienne par l’intermédiaire des courtiers torontois, Nesbitt, Burns et Scotia.

Desjardins a confié la gestion de l’hôtel Méridien de Montréal à la chaîne texane Wyndham.

Desjardins a vendu son fonds Laurentian à Strategie Value de Toronto.

Desjardins a donné la gestion de trois fonds Desjardins à Trimark de Toronto.

Canagex, une filiale de Desjardins, a confié l’administration d’un montant de 2,4 milliards $ à l’équipe de Deborah K Frame de Manu Life