Un employeur criminel

 


Grève aux abattoirs Flamingo



«Tant qu’à crever dans l’usine, on va crever dans la rue», a lancé Richard Rocheleau, président du syndicat de l’abattoir de Berthierville. «Les conditions de travail sont durs, il n’est pas question de baisser nos salaires» enchaîne Daniel Bertrand, président du syndicat de l’abattoir de Joliette.

En Front commun, les 560 ouvriers des deux usines d’abattage Olymel-Flamingo ont déclenché une grève générale illimitée le 28 octobre dernier. L’employeur exige une réduction de la masse salariale de 2,50$ l’heure. C’est une coupure de 100$ par semaine par salarié. Membres de la CSN, les syndiqués refusent de se laisser abattre. Nous les avons rencontré le 3 décembre dernier.«Les cadences de travail sont infernales, on abat 8 500 poulets à l’heure. On se retrouve avec des tendinites, épicondilites, le syndrome du tunnel carpien, des maux de dos, etc. Il y a énormément d’accidents et de maladies du travail dans nos usines», nous explique Richard Rocheleau. «On se tue à l’ouvrage et les boss veulent récupérer l’équivalent de 3 millions $ sur notre dos malgré un chiffre d’affaires record de 1,8 milliard $ par année depuis 1993», ajoute Daniel Bertrand.

Des revendications raisonnables

Les travailleurs sont en lutte pour obtenir l’indexation de leur salaire et une augmentation d’à peine 1% pour chacune des deux années de la durée de la convention collective. Selon une étude de la CSN, la masse salariale totale des employés des 4 abattoirs de poulets au Québec, membres de la Coopérative fédérée du Québec, ne représente que 10% des coûts de production. Cette coopérative de profiteurs persiste à vouloir quand même couper le cou aux ouvriers. À 15$ l’heure, on comprend leur refus de subir cette décision «d’affaires».

Régime de retraite

Les syndicats réclament également la création d’un régime de retraite. Arrivés à la quarantaine, les salariés comptent déjà une bonne vingtaine d’années de service dans un milieu de travail extrêmement pénible. Avec un tel régime, ils pourraient accéder à la retraite avant d’être complètement usés et ne plus pouvoir jouir de la vie. Ces travailleurs sont parmi les rares de la Fédérée à ne pas bénéficier d’un régime de retraite.

Le mépris envers ceux qui travaillent

«Au lieu d’investir dans la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, les boss préfèrent gaspiller des millions dans le système de contestation et d’expertise médicale contre les travailleurs», nous explique Richard Rocheleau. «Le syndicat a demandé à l’IRSST des études pour cibler certains postes de travail afin d’améliorer au maximum notre bien-être», ajoute-t-il. Mais les patrons ne semblent pas intéressés au mieux-être des travailleurs. Il est criminel de laisser délibéremment des personnes exécuter un travail répétitif dans une proportion de 70 à 80%, exposé régulièrement à des variations extrêmes de température.

Encore une menace de fermeture

«À chaque renouvellement de nos conventions collectives, les boss menacent toujours de fermer nos usines. Le code du travail doit prévoir des dispositions contre ce chantage. Il n’y a rien là-dedans pour protéger les droits des travailleurs», s’insurge Daniel Bertrand. En pleine négociation, voyant la détermination des syndiqués à vouloir améliorer leurs conditions de vie, l’entreprise a menacé de fermer l’abattoir de Joliette. En colère, ils ont débrayé dès le lendemain avec leurs camarades de Berthier. Le 30 octobre, Olymel-Flamingo a confirmé par écrit son intention de fermer «le ou vers le 31 janvier prochain». En dépit de ce chantage, les ouvriers semblent décidés à reprendre le travail uniquement après avoir obtenu justice.www

Fin du conflit à l’abattoir Dorchester de Saint-Damase

En lock-out depuis le 28 août, les 250 ouvriers membres de la CSN, ont ratifié une convention collective d’une durée de 3 ans le 20 novembre dernier. Le nouveau contrat de travail prévoit des augmentations de salaires, une bonification au régime d’assurance collective, des améliorations aux chapitres de la santé-sécurité, de la formation professionnelle et des droits des employés occasionnels. En cas de fermeture de l’usine, des indemnités de départ seront versées aux salariés à raison d’une semaine de salaire par année de service. C’est un précédent pour les grévistes des abattoirs d’Olymel-Flamingo.