Des syndicats font face à la mondialisation de l’aérospatiale

 


TCA-CGT même combat



À l’initiative de la Confédération générale du travail (GCT-France) une rencontre mondiale des syndicats de l’aéronautique et de l’industrie spatiale s’est tenue à Paris les 28,29 et 30 octobre 1998, réunissant 230 participants de 18 pays et représentant 25 organisations syndicales. Face à la mondialisation de l’industrie aérospatiale, les délégués syndicaux ont discuté de l’urgence d’établir les bases d’une riposte syndicale mondiale. «La rencontre CGT est une véritable amorce pour renforcer nos liens, bâtir l’unité du syndicalisme international pour de nouvelles solidarités et convergences», déclare Claude Vincent, président de la section locale 510 des TCA-FTQ, présent à la rencontre.

“Les délégués de l’AFL-CIO (USA), de la FGTB (Belgique), de la FIOM-CGIL (Italie), des TCA-FTQ-CTC et plusieurs autres syndicalistes de différents pays ont débattu et proposé trois grands objectifs, constituant un socle minimum international0 un salaire minimum mondial, une protection sociale solidaire et une durée du travail réduite, la mise en place de comités de groupes d’industries mondiaux. Il s’agit de construire des normes internationales, de créer un comité de l’aéronautique et du spatial dans chaque pays regroupant des représentants des travailleurs et du patronat» nous précise M. Vincent, dans le but de protéger les droits humains et syndicaux.

Une industrie en expansion

M. Vincent nous explique que cette activité industrielle représente au Canada 59 800 emplois directs alors que les effectifs mondiaux s’élèvent à 2 millions de salariés. L’industrie Aéronautique et Spatiale, en raison de sa haute technologie, de son poids stratégique, économique et social est au cœur d’enjeux essentiels. Les besoins des pays en transport aérien sont considérables. Les prévisions de production pour les vingt prochaines années sont extrêmement importantes0 30 000 avions et plus de 40 000 moteurs d’ici 2017.

Partout, les carnets de commandes sont pleins et le trafic aérien dans le monde est prévu en progression pour les prochaines années. Le développement de l’aérospatiale permet donc d’envisager encore plus de revenus pour les multinationales si elles peuvent réduire le nombre de constructeurs et répondre aux carnets de commandes avec moins de salariés.

Sur le dos des travailleurs

Concrètement, cette stratégie patronale se traduit par des regroupements, des fusions, des restructurations qui se transforment en réductions d’emplois, fermetures de sites, délocalisations avec une pression incessante sur les acquis sociaux et les statuts des salariés. Rappelons que, dans cette course aux profits, Pratt & Whitney Canada a l’intention de réduire son personnel d’ingénierie (non-syndiqué) de 900 personnes d’ici la fin 1999.

Depuis la fusion entre Boeing et McDonell Douglas, l’entreprise vise une réduction de 28 000 salariés d’ici un an, la Snecma-France coopère avec General Electric et réduira ses effectifs de 6%. Les travailleurs de plus de quinze entreprises dans le monde seront touchés par ce processus de mondialisation. Les délégués de la Rencontre Mondiale de l’Aéronautique ont fermement condamné ces licenciements.

Mieux se comprendre

«Ces stratégies sont désastreuses pour l’emploi et ne répondent pas aux besoins des populations dans le monde. Cette rencontre CGT nous a permis de mieux nous comprendre entre organisations syndicales, de renforcer les échanges d’informations à l’échelle internationale, de connaître les pratiques syndicales des différents pays. En France, le droit de grève est permanent et protégé par la constitution. Dans l’industrie aéronautique et automobile aux USA, les conventions collectives permettent la grève en tout temps. Notre code du travail devrait permettre le droit de grève permanent. On oublie qu’une meilleure redistribution de la richesse repose sur un rapport de force que le syndicalisme de partenariat n’apporte pas», conclut Claude Vincent.