Pierre Vallières

 

Les journaux ont fait de lui le «penseur du FLQ.» C’était dans le premier cas passablement réducteur. Dans le deuxième, pour le moins incomplet. Toute sa vie en aura été la preuve éloquente.

Il était à la fois action et pensée, la pensée faite action. Il aura été de tous les débats et de tous les combats sociaux majeurs de son époque, nationaux comme internationaux.

Une rigueur combien exigeante et qui dépasse de quelques plumes le simple rôle d’analyste et de gérant d’estrade auquel les grands journaux d’hier et d’aujourd’hui condamnent leurs plus brillants journalistes. Certaines de ces «grandes plumes», faut-il le préciser, ne dédaignant pas de se laisser ainsi endormir et dorloter au plumard d’une soi-disant objectivité, toute aussi édentée que désincarnée.

Ce ne fut pas le cas de Pierre Vallières.

Dans la froidure de ce monde capitaliste et technocratique il aura été de la seule objectivité journalistique qui compte, celle de l’humain engagé à fond dans le changement social, dans le partage, l’équité et la solidarité.

Que l’on ait été en accord ou en désaccord avec lui — et j’en fus, particulièrement sur sa vision paranoïde d’octobre ‘70 et son «urgence de choisir» le PQ — personne n’a mis en doute l’engagement social profond de ce grand Québécois, nègre blanc de Ville Jacques-Cartier et autres ghettos de la planète Terre.