Le projet de démocratie paritaire0 une nouvelle ère du combat féministe

 


La participation des femmes à la vie politique



La revendication de l'instauration de la parité femmes/hommes connue sous le nom de projet de démocratie paritaire, est en train de s'imposer comme un des enjeux du débat politique dans plusieurs pays occidentaux.. À l'instar du mouvement des suffragistes au début du siècle, cette nouvelle étape du chantier pour la construction de la citoyenneté connaît bien des embûches.

Malgré la reconnaissance de l'égalité de droit, dans un premier temps, par l'octroi du droit de vote et d'éligibilité qui s'est échelonné sur 200 ans jusqu'au milieu du 20ème siècle puis, dans un deuxième temps par des textes juridiques à portée internationale (la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et la Convention de l'ONU sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes de 1979), l'exclusion persistante des femmes du terrain politique constitue l'un des principaux échecs de la démocratie représentative.

À l'occasion de la Journée des femmes 1999, l'aut'journal publie en pages 10 et 11 un dossier descriptif sur la lutte que livrent des millions de femmes dans le monde pour faire reconnaître leurs droits afin d'occuper la place qui leur revient dans la vie politique. Ce dossier débute, ci-dessous, par un constat statistique de la réalité actuelle à partir de l'indicateur que constitue la présence des femmes dans les Parlements du monde. Il se poursuit par un article expliquant les principales voies ou moyens souvent différents empruntés pour cheminer vers l'objectif de l'égalité (action positive, quotas, stratégie paritariste, mode de scrutin etc.). Enfin, le dossier illustre la bataille menée dans trois pays par des articles sur la Suède, la France et le Québec.

Constat d'ensemble peu reluisant

Les femmes ont encore un long chemin à parcourir. Seuls six Parlements à travers le monde comptent plus de 30% d'élus de l'autre sexe. Cette situation ne s'est pas améliorée au cours de la dernière décennie malgré la mobilisation qu'on a pu observer dans plusieurs pays. Les statistiques tenues constamment à jour par l'Union interparlementaire, qui regroupe une soixantaine de pays, révèlent que dans l'ensemble du monde (179 pays) la moyenne de 14,5% de femmes qui siégeaient dans des Parlements en 1988 n'avait pas connue de progression en 1998.

Le Québec au 17ème rang, le Canada au 24ème

Ce tableau de la position des 179 pays datant du 2 février 1999 est trop long pour être reproduit dans nos pages. Qu'il suffise de souligner que les six premiers pays en tête avec plus de 30% de femmes au Parlement se situent en Europe du Nord particulièrement en Scandinavie. Le premier de classe est la Suède avec 42,7%. Suivent le Danemark (37,4%), la Norvège (36,4%), les Pays-Bas (36%), la Finlande (33,5%) et l'Allemagne (30,9%). Vingt pays se classent dans la strate de 20% à 30% dont le Canada au 24ème rang avec 20,5%. Le Québec s'il était un pays, se classerait au 17ème rang sur 180 avec 23%. À noter que l'Afrique du Sud vient en tête dans cette strate avec 29,5%. On y remarque aussi, la Nouvelle-Zeland, l'Argentine, Cuba, le Vietnam, l'Espagne, l'Australie, la Chine, la Suisse et la Corée du Nord.

Le classement médiocre de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni

Par ailleurs, 46 pays se retrouvent dans la strate de 10% à 20%. De façon surprenante, on retrouve la France au 66ème rang avec 10,9% de femmes siègeant à son Assemblée nationale. Sa position était encore moins reluisante avant la victoire socialiste de 1997 avec seulement 6,4% d'élues. Le Royaume-Uni se situe au 27ème rang avec 18,4% de femmes siègeant à Westminster. Encore là, les élections de 1997 ont considérablement améliorée la situation car la proportion n'était que de 9,2% avant la victoire travailliste.

Quant aux États-Unis, ils ne sont qu'au 46ème rang avec une proportion de 12% de femmes élues à la Chambre des représentants (56 sur 435) tandis qu'il n'y en a que 9 sur 100 élues au Sénat. Parmi les principaux autres pays inclus dans cette strate on remarque le Mexique, la République tchèque, la Pologne, le Portugal, la Belgique, la Slovaquie, l'Irlande, l'Italie et la Russie avec seulement 10,2%

Le cas des ex-pays communistes

À noter que la Russie, comme tous les anciens pays du bloc communiste a connu une baisse dramatique de sa députation féminine depuis l'instauration de la démocratie libérale. Avant 1989 la plupart se trouvaient dans la strate de 20% et même de 30% tels la Roumanie et la Hongrie. Aujourd'hui ils se retrouvent tous en dessous de 10%. C'est la principale raison de la stagnation de la moyenne mondiale depuis 1988 car la situation s'est améliorée presque partout ailleurs. Dans cette dernière strate de moins de 10% on retrouve un seul pays membre de l'Union européenne, la Grèce avec 6,3%. De façon surprenante on retrouve aussi le Japon avec 4,8%. La plupart des autres sont des pays d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique latine.

Enfin dans une classe à part on trouve 12 pays dont les Émirats arabes unis, la Jordanie et le Koweit, qui ne comptent aucune représentation féminine dans leur Parlement.