Les fermetures sauvages d'usines, c'est assez !

 

À la fin du mois d'avril, l'aut' journal, en collaboration avec le RAP-Montréal, le PDS et le Comité souverainiste de l'UQAM, organisait une assemblée publique sur les fermetures d'usines avec Denis Boucher et Jocelyn Bouillon du local 7625 du syndicat des Métallos. À l'ordre du jour 0 le bilan du partenariat.

Un peu impressionné au départ de se retrouver dans une enceinte universitaire, — l'assemblée se tenait à l'UQAM —, nos syndicalistes ont vite pris de l'assurance et ont su captiver l'auditoire par leur connaissance des dossiers et l'ampleur de leurs perspectives.

D'entrée de jeu, Denis nous a dit qu'il ne se sentait pas tout à fait dépaysé dans les murs de l'UQAM, ayant travaillé dans l'entreprise qui a fabriqué les briques qui ont servi à construire l'édifice. Puis, il a décliné la longue liste des licenciements collectifs et des fermetures d'usines des dernières années qu'il a relié à la mondialisation. Avec la mondialisation, dit-il, les patrons ont fait un bon coup ; mais pas le mouvement ouvrier .

Il rappelle que la majorité de la main-d'œuvre ouvrière au Québec travaille dans des PME. Des binneries, c'est difficile à syndiquer, c'est difficile aussi lorsqu'on est syndiqués . C'est pour mieux se défendre qu'un syndicat comme les Métallos s'est doté d'une structure comme le 7625, une section locale composée qui regroupe plusieurs unités syndicales.

Mais cela ne suffit pas. Pour Denis, il faut des lois contre les licenciements collectifs et les fermetures d'usines comme il y en a en Europe. (1)

Juger le partenariat à ses résultats

Jocelyn vient d'un syndicat d'une usine de récupération de plomb dans les batteries où il s'occupait de santé-sécurité au travail. Pour lui, tout comme pour Denis, il faut juger le partenariat à ses résultats. La concertation, la mondialisation, on est embarqué là-dedans. Mais après 10 à 12 ans de cette expérience, on constate que ça nous a rien donné de positif. La mondialisation, c'est un argument pour des coupures. La concertation, une façon pour les patrons d'augmenter leurs profits. Plus on va aller dans cette voie, plus on va s'appauvrir dit-il.

Denis donne l'exemple du partenariat à la compagnie Alcatel. La compagnie a fait 19 millions de profits l'an passé sur un chiffre d'affaires de 77 millions. C'est une des usines les plus performantes de la multinationale française. Pourtant, elle vient d'annoncer la mise à pied de ses 160 travailleurs . Les travailleurs n'en croyaient pas leurs oreilles. Dans le cadre du partenariat, ils avaient participé à tous les efforts demandés par la compagnie pour augmenter la productivité.

Depuis, ils ont changé d'attitudes. Jocelyn raconte que lorsque des cadres en provenance des Etats-Unis sont venus dernièrement voir comment on pourrait démanteler l'usine, les travailleurs ont dit aux patrons 0 Ils sortent ou c'est nous qui sortons . Ils sont sortis.

Aujourd'hui, ajoute Denis, le ministre Landry court après l'employeur. C'est pas normal. Landry devrait être celui qui impose des conditions à la fermeture de l'usine, qui pénalise l'employeur qui veut fermer, comme cela se fait dans d'autres pays.

La nécessité d'un retour aux sources

Notre camarade Pierre Klépock, l'organisateur de cette assemblée, a souligné en conclusion que le local 7625 était un des seuls chez les métallos (FTQ) à remettre en question le partenariat. Il a dénoncé le syndicalisme des années 80, un syndicalisme de partenariat et de concertation qui a lamentablement échoué, et a invité le mouvement syndical à retourner à ses origines, à renouer avec ses traditions de luttes, de combat, en rappelant que c'est ce qui nous a valu nos principales conquêtes.

Voir le dossier préparé par Pierre Klépock dans l'aut' journal no. 178.