Les cols bleus 0 bouclier contre les privatisations

 


L'enjeu caché de la fusion des municipalités



Au cours de sa conférence de presse, Jean Lapierre a dévoilé les motifs qui ont mené aux événements du 13 septembre 1993. Dans la nuit du 12 au 13 septembre, la Ville de Montréal a cherché à imposer au Syndicat des cols bleus un projet de convention collective qui prévoyait la privatisation de plusieurs services municipaux, y incluant la privatisation de l'eau. Aujourd'hui, les cols bleus des différentes villes du Québec forment l'os sur lequel se brisent les projets de privatisations. Le dernier-né des projets pour lever cet obstacle 0 la fusion des municipalités.

Dans une étude récemment publiée en appui au projet du maire Bourque Une île, une ville , la firme Secor avance le chiffre de 100 millions de dollars d'économies potentielles avec la fusion des municipalités de l'île de Montréal. Les journalistes ont laissé croire que de telles économies seraient réalisées par la diminution du nombre de maires et de conseillers municipaux et par la rationalisation des services.

En fait, Secor identifie plutôt les économies dans les possibilités de diminuer le plancher d'emploi des cols bleus des différentes municipalités de l'île et de confier de plus en plus de travaux à la sous-traitance. Bien sûr, cela ne se traduira pas par des économies, comme l'exemple de privatisations ailleurs nous l'a démontré, mais par la possibilité pour les petits amis du régime de s'enrichir.

Les cols bleus ont la couenne dure

Hier, les cols bleus de la Ville de Montréal refusaient de se laisser acheter en échange de leur accord à des projets de privatisation, en particulier de la gestion de l'eau. Aujourd'hui, ce sont leurs confrères de la Ville de Verdun qui résistent aux projets de sous-traitance et de privatisation du maire Bossé.

Depuis maintenant un an, les 137 cols bleus de Verdun affrontent les scabs embauchés par la ville, la police anti-émeute et la demi-douzaine d'agences de sécurité qui suivent, photographient et filment les membres du syndicat pour les intimider.

Le maire Bossé préfère dépenser des milliers de dollars en agences privées et faire effectuer les travaux municipaux par des cadres payés 100 000 $ par année plutôt que de régler avec les bleus . C'est dire l'importance de l'enjeu et la nécessité de les appuyer. On peut le faire en envoyant un message à leur adresse internet 0 www.camorg/˜scfp302 ou à scfp.ca/que/index.html.

Privatisation de l'eau 0 On l'a échappé belle !

Au mois de septembre 1993, le dossier de la privatisation des services municipaux, dont celui de la gestion de l'eau, était très avancé. Déjà, la multinationale française Bouyges, une alliée de SNC-Lavallin au Québec, avait planifié une mission en Europe pour convaincre différents décideurs québécois des vertus de la privatisation. Des représentants des cols bleus avaient été invités à faire partie de la délégation qui s'est envolée vers l'Europe en janvier 1994.

On a cherché à nous convaincre de consentir aux privatisations proposées , de déclarer Jean Lapierre en rappelant qu'il y avait de nombreux projets de privatisations sur la planche à dessins du maire Doré. On se souviendra que Jean Doré s'est retrouvé à l'empoi de SNC-Lavallin après sa défaite électorale.

Soulignons que Bouygues, avec un chiffre d'affaires annuel de 20 milliards $, était le numéro 1 français des travaux publics et la plus importante compagnie française dans le domaine de l'eau. Son PDG a été mis en examen par la justice française dans des affaires de corruption.

Quant à l'ancien ministre Yves Séguin, il faisait du lobbying auprès des cols bleus au nom d'une autre multinationale française, la Lyonnaise des Eaux. En 1997, la Lyonnaise a fusionné avec le groupe Suez et son chiffre d'affaires est passé à 50 milliards $. La corporation financière Power de Paul Desmarais est devenu un actionnaire important du nouveau groupe. Les dirigeants de la Lyonnaise ont également été impliqués dans diverses affaires de corruption et les procédés de la Lyonnaise sont reconnus pour être particulièrement douteux. En Argentine, la Lyonnaise faisait peindre de couleurs vives le trottoir devant la porte des mauvais payeurs pour signaler qu'on allait leur couper l'eau.

Grâce au travail de conscientisation de la Coalition Eau Secours nous savons aujourd'hui que la privatisation de l'eau serait un désastre social. La Coalition nous a fait connaître la réalité des privatisations ailleurs dans le monde (hausse des tarifs, mauvais service, scandales financiers, pots-de-vin, etc.) On sait moins cependant que le Syndicat des cols bleus est un des initiateurs de la Coalition Eau Secours.