Les paramilitaires colombiens déclarent la guerre au Panama !

 


Plan d'intervention secret des États-Unis



Les États-Unis mènent un double-jeu en Colombie. Pendant que le Département d'État déclare appuyer le processus de paix du président Andres Pastrana et rejeter toute intervention militaire dans le pays, le Département de la Défense aide massivement l'armée colombienne. Ce faisant, les Américains espèrent que le temps permettra aux paramilitaires de semer le chaos dans la région, juste assez pour qu'une solution militaire devienne inévitable.

Dimanche 12 septembre, les paramilitaires colombiens menaçaient d'attaquer la garde nationale du Panama qu'ils accusent de collaborer ouvertement avec les guérilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes).

Dans une lettre publiée par le réseau colombien Radio Caracol, Carlos Castana, le leader des Unités d'autodéfense colombiennes, une organisation d'extrême-droite, déclare que tous les membres de la garde nationale sont dorénavant des cibles militaires . Il ajoute que des rebelles trouvent refuge au Panama sous la protection de la garde nationale panaméenne avec qui ils transigent de la drogue et des armes .

Les paramilitaires accusent aussi le président Hugo Chavez du Vénézuela de collaborer avec les FARC , prétendant même avoir été attaqués par des avions des Forces armées vénézuéliennes qui couvraient la retraite de guérilleros près de la frontière est de la Colombie.

Sécurité du canal

Déjà, certains politiciens américains se disent inquiets que la guerre civile colombienne déborde au Panama et menace la sécurité du canal laissé aux mains d'un petit pays dont les forces armées ne sont pas suffisamment nombreuses, entraînées et armées .

Rappelons que c'est aux États-Unis eux-mêmes que l'ancienne armée panaméenne (la Force de défense panaméenne) doit d'avoir été démantelée en 1989, suite à l'invasion qui avait renversé le général Manuel Noriega.

Les provocations des paramilitaires surviennent au lendemain d'une semaine d'actions nationales contre la violence en Colombie, organisée par le Réseau d'initiatives pour la paix (Redepaz), une coalition de trente ONG militant pour une solution négociée à la guerre civile.

L'exemple du Kosovo

La leader autochtone guatemaltèque et récipiendaire d'un prix Nobel de la paix, Rigoberta Menchu, avait inauguré la semaine en déclarant que la solution au conflit armé colombien, vieux de plusieurs décennies, repose entre les mains des Colombiens eux-mêmes; elle doit refléter la volonté du pays et être respectée dans sa totalité par les États-Unis et la Communauté internationale . Menchu ajoutait que le cas du Kosovo montrait que les interventions et les invasions ne conduisent jamais à la paix .

Plan d'intervention secret

Selon la chaîne de télévision péruvienne Frecuencia Latina, le directeur national de la lutte antidrogue américaine, le général Barry McCaffrey, en visite au Pérou le 27 août dernier, aurait confié les grandes lignes d'un plan d'intervention en Colombie au cours d'un déjeuner avec le chef des services secrets péruviens, Wladimiro Montesinos, auquel assistaient également deux agents de la CIA.

Selon ce plan, le président colombien aurait jusqu'à la fin de 1999 pour trouver une solution négociée avec la guérilla. Puis, en janvier 2000, n'ayant pas trouvé cette solution, celui-ci déclarerait l'état de guerre civile, pavant la voie à l'entrée en Colombie de troupes terrestres brésiliennes, péruviennes et équatoriennes appuyées par des bombardiers américains.

Ce plan était, semble-t-il, le principal point secret à l'ordre du jour d'une tournée de McCaffrey dans quatre pays de la région, officiellement pour discuter de lutte antidrogue.