Le RAP se transformera en parti dans un an

 

Le Rassemblement pour l'alternative politique (RAP), ce mouvement d'action politique créé il y a deux ans grâce à l'initiative de l'aut'journal, se transformera dans un an en un parti politique qui tentera de rassembler la gauche québécoise. C'est ce qu'ont décidé une centaine de personnes déléguées venant d'une dizaine de régions du Québec, réunies à Montréal pour le deuxième congrès régulier du RAP les 23 et 24 octobre derniers.

La décision a été prise à la quasi-unanimité après la défaite, par un vote serré, d'une résolution voulant que le RAP soit maintenu comme mouvement tout en mettant sur pied un parti autonome. Elle faisait suite à un processus de réflexion et de discussion qui a duré un an au sein des instances du mouvement. C'est avec calme et sérénité que les nombreuses personnes déléguées partisanes de la double structure se sont ralliées à l'idée de la transformation du mouvement en parti.

Le lancement du compte à rebours vers la fondation du parti signifie que le RAP mettra en œuvre dans les prochains mois une vaste opération de recrutement, d'organisation sur la base des comtés, d'éducation politique sur la base de son manifeste et d'élaboration d'un avant-projet de programme politique qui constituera la plate-forme du congrès de fondation de novembre 2000.

Rappelons que le RAP avait appuyé sept candidats issus de ses rangs lors des élections de novembre 1998, dont Michel Chartrand qui avait recueilli plus de 5 000 voix dans Jonquière où il s'était opposé au premier ministre Bouchard.

Le nouveau comité national de coordination, auquel incombera la tâche de présider à la transformation du mouvement en parti, est composé de Malik Babou, Pierre Dostie, Sylvain Dupuis, Francine Gauvin, Jacqueline Hekpazo, Denis Létourneux, Marie St-Pierre et Yves St-Pierre.

Tisser des liens entre la gauche sociale et politique

Le RAP représente un embryon d'alternative politique qu'il faut consolider. Son principal défi, au cours de la prochaine année, sera de tisser des liens, de jeter un pont entre la gauche sociale et la gauche politique en vue de la fondation, en novembre 2000, d'un parti rassembleur des forces progressistes québécoises.

Sur le plan politique, les trois partis néolibéraux présents à l'Assemblée nationale (PQ,PLQ et ADQ) n'assurent aucune représentation politique aux centaines de milliers de citoyens qui rejettent cette idéologie. Le nouveau parti devra d'abord établir la jonction avec les partis de gauche existants, notamment le Parti de la démocratie socialiste qui a recueilli plus de 24 000 voix aux dernières élections. Mais il aura aussi à convaincre les nombreux électeurs péquistes désabusés de joindre ses rangs ou de l'appuyer électoralement. Sur le plan social, le nouveau parti devra convaincre les associations populaires et les syndicats, qui se sont cantonnés jusqu'ici dans un rôle de groupes de pression, à se lancer dans l'arène politique.

Ces organisations, qui représentent une forte proportion de la population québécoise, devront enfin réaliser que, faute d'un véhicule politique adéquat, leurs luttes ne débouchent pas sur des solutions globales. En effet, malgré l'augmentation des résistances dans tous les secteurs et même si les luttes sont parfois vives, voire exemplaires (infirmières, secteur public, camionneurs, mouvement pour la défense des droits sociaux, jeunes, etc.) on continue à assister au désolant spectacle du démantèlement des programmes sociaux et des services publics et à l'accroissement du déficit démocratique. Le gouvernement Bouchard ressemble de plus en plus au gouvernement Duplessis. Si elles ne veulent pas revenir à la Grande noirceur des années 1950, les forces progressistes n'ont d'autre choix que de s'unir et de se donner pour les prochaines élections, un instrument politique qui leur appartienne.