Le sommet de la jeunesse 0 Un piège ?

 

Plusieurs groupes de jeunes se sont réunis contre le Sommet de la jeunesse qui se déroulera en février 2000. Chapeautés par le RAJ (Rassemblement autonome des jeunes), une vingtaine de groupes de jeunes lancent un appel à la solidarité contre le gouvernement Bouchard.

L'attitude paternaliste du gouvernement québécois y est clairement dénoncée. Charles Sainte-Marie, du RAJ, explique que le gouvernement a lui-même choisi, sans consulter qui que ce soit, des sujets qui seront abordés lors du Sommet. Les quatre sujets débattus seront donc l'emploi, l'éducation, la société équitable et l'ouverture sur le monde.

Chacun de ces sujets a une connotation économique. Plusieurs groupes se plaignent qu'ils ne sont pas représentatifs de ce que vivent plusieurs jeunes. Des thèmes comme la violence, le suicide, la toxicomanie, l'itinérance, le VIH ne seront pas débattus alors qu'ils font partie des problèmes quotidiens de plusieurs jeunes.

De plus, si on examine la liste des groupes invités au Sommet (21 groupes au départ), ils ne représentent qu'une tranche de la jeunesse québécoise. On refuse que les jeunes syndiqués, les jeunes entrepreneurs, la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec), parlent au nom de tous les jeunes , soutient Charles Sainte-Marie. Par exemple, les groupes qui s'occupent de jeunes plus marginalisés sont carrément absents de la table des discussions.

On oublie aussi plusieurs tranches d'âge qui devraient avoir droit de parole, ou au moins droit de représentation. Les enfants et les adolescents en bas de quinze ans ne font pas partie des groupes du Sommet. Pourtant, qui s'occupe des jeunes de la Petite-Patrie qui s'évanouissent en pleine classe, parce qu'ils n'ont pas déjeuné ? , s'exclame Charles Sainte-Marie.

Jugeons-le sur les faits!

En organisant un Sommet, le gouvernement donne l'illusion d'écouter les jeunes. Il faut le juger sur les faits ! soutient Charles Sainte-Marie. Et si on regarde de plus près les faits, les actions gouvernementales nuisent aux jeunes. Les déboires d'Emploi-Québec, qui coupera plusieurs services offerts en majorité aux jeunes, la loi 186, qui permettra d'éliminer complètement l'aide de dernier recours, la loi trouée sur l'équité salariale et sur les clauses discriminatoires, l'entrée de la publicité dans les écoles et la loi interdisant la faillite aux étudiants sur le régime des prêts et bourses n'en sont que quelques exemples récents.

De plus, comme l'expliquait Pierre-Daniel Décarie, du RAJ, il y a eu un Sommet en 1983, qui n'a absolument rien donné aux jeunes. On a noté plein de belles revendications dans un cahier qui s'empoussière toujours sur les tablettes, sans que rien de notable n'ait été appliqué. Aujourd'hui, peut-on croire encore naïvement que le gouvernement tient vraiment compte de l'avis des jeunes? C'est un piège, de la récupération politique, pour montrer qu'ils sont de bonne foi. renchérit Charles Sainte-Marie.

Aujourd'hui, plus de vingt groupes font déjà partie de la coalition dénonçant le Sommet de la jeunesse. Bien qu'ils n'aient pas encore défini clairement leurs actions, plusieurs sont déjà sur la table. Le but ultime sera bien sûr de créer un contre-sommet, mais on tentera aussi de faire une campagne d'éducation populaire. La population pourra ainsi être tenue au courant des problèmes que vivent réellement les jeunes.

Cette coalition prouve une chose, c'est que les jeunes ont de moins en moins confiance au gouvernement Bouchard. Avec sa vision à court terme, il démantèle énormément le réseau social, incluant les mesures qui s'adressent aux jeunes. C'est l'avenir des jeunes qu'il est en train d'hypothéquer. Pense-t-il vraiment qu'en donnant le droit aux jeunes de s'exprimer dans le vide trois jours dans l'année suffira pour les faire taire ?