Dette réduite contre base militaire

 

L'appui des États-Unis à la restructuration de la dette extérieure équatorienne, au prix de susciter la colère des prêteurs privés et de bousculer la rigueur légendaire du FMI, ne trouve pas seulement son sens dans l'idée de rendre les prêteurs privés un peu plus responsables de leurs actes. Il s'explique aussi par le projet de Washington d'encercler un peu plus une Colombie en situation pré-révolutionnaire.

Depuis le début de 1999, le FMI négociait péniblement un nouvel accord de prêt avec l'Équateur. On était prêt à effacer 1,4 milliard $ de dettes, mais les conditions exigées étaient une augmentation de 50% des impôts et l'abandon à leur sort des banques équatoriennes qui tombaient en faillite les unes après les autres.

Le gouvernement Mahuad hésitait à mettre en oeuvre ces réformes, sachant très bien que ni le Parlement ni la population du pays n'allaient accepter ces nouvelles mesures qui revenaient à achever les restes moribonds de l'économie nationale.

Base navale

Mais l'appui américain, dit-on, en contraignant le FMI à moins d'intransigeance économique, aurait débloqué les négociations. Le quotidien argentin Clarin révélait récemment qu'en contre-partie les États-Unis auraient obtenu le consentement du gouvernement Mahuad à l'implantation d'une base navale américaine dans la ville côtière de Manta proche de la frontière colombienne et d'une région fortement disputée par les FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes).

En même temps, le Panama et l'Équateur continuent d'être pointés du doigt pour leur laxisme envers les activités de la guérilla colombienne qui déborderaient de leur côté de la frontière. L'ex-ambassadeur américain en Équateur, Leslie Alexander, déplore dans les pages d'un magazine équatorien le déclin de l'armée équatorienne et les très sérieuses conséquences pour ses voisins de la situation colombienne.

Avec le Pérou, l'Équateur est le seul voisin de la Colombie que les Américains peuvent espérer convaincre de collaborer à leurs visées guerrières.

Refus du Vénézuela et du Brésil

Hugo Chavez, du Vénézuela, refuse aux avions de la DEA ( Drug enforcement administration , l'organisme américain de lutte anti-drogue) de mener leurs missions à partir du territoire de son pays après avoir indiqué, au grand dam du gouvernement colombien, qu'il était prêt à négocier lui-même avec la guérilla!

Le Brésil aussi rejette les pressions américaines de policier la frontière longue de 1600 kilomètres qu'il partage avec la Colombie tandis qu'au Panama, la nouvelle présidente Mireya Moscoso réaffirme qu'en aucune circonstance son pays ne permettra aux États-Unis d'installer des bases anti-guérilla en territoire panaméen.

Mais le temps presse pour les Américains qui cherchent de nouveaux emplacements pour les ex-bases militaires qui doivent avoir toutes quitté le Panama le 31 décembre prochain. D'autant plus que le nouveau vent d'indépendance qui se lève sur le continent latino-américain souffle fort et partout!