Michel Chartrand, Les voies d'un homme de parole

 


Suggestion de lecture



Agressif, bouillant, coloré, coléreux, constant, courageux, dangereux, désoeuvré, drôle, énergique, enflammé, engagé, exalté, fanatique, farfelu, fauteur de troubles, fougueux, furieux, généreux, gêneur, grossier, grotesque, gueulard, inconscient, incorruptible, ingénieux, insensé, insolite, insoumis, insultant, insurrectionnel, intègre, irresponsable, juste, loufoque, lucide, mal engueulé, méprisant, noble, outrageant, perturbateur, pitre, politisé, populaire, présomptueux, prophète, provocateur, raseur, rebelle, révolutionnaire, ridicule, rigoureux, sacreur, séditieux, socialiste, subversif, tempéreux, tenace, turbulent, utopique, vaillant, véridique, vif, vigilant et violent (p. 14) Voilà comment on dépeint, selon que l'on soit du côté patronal ou syndical, le personnage haut en couleur qu'est Michel Chartrand.

C'est ainsi que débute le livre Michel Chartrand, Les voies d'un homme de parole. Écrit par Fernand Foisy, à qui on doit aussi Michel Chartrand, Les dires d'un homme de parole, on y retrace la vie du grand syndicaliste québécois, de sa naissance jusqu'en 1967. Sans trop tomber dans le human interest décrié avec éclat par M. Chartrand lors des dernières élections, le livre de Fernand Foisy réussit assez bien à intégrer la vie privée et la vie publique de Michel Chartrand.

La vie de Michel Chartrand est bien sûr mise en parallèle avec celle du Québec. Inextricablement liés, l'histoire politique et syndicale et le destin de Michel Chartrand. De toutes les luttes, étudiantes, anti-conscription, pour la reconnaissance du Québec, contre la pauvreté et l'exclusion sociale, Michel Chartrand fera du combat des ouvriers son champ de bataille. Le point culminant, qui donna à Michel Chartrand sa vocation c'est sans l'ombre d'un doute la grève d'Asbestos, en 1949, où beaucoup de travailleurs, sans protection, mouraient de l'amiantose. Pendant qu'on disait Non au travail qui tue! , Duplessis conspirait avec le patronat et le clergé, pour vendre le peuple québécois au plus offrant. Et l'autorité policière servait au profit des entreprises plutôt qu'à la défense du peuple.

Ils arrêtent à l'oeil tous les ouvriers qu'ils trouvent dans les restaurants, les salles de billard et autres lieux de rassemblement. Malgré la présence d'une forte brigade de journalistes, les policiers ne se gênent pas pour se montrer brutaux dans la répression entreprise. Ils ne se gênent pas pour frapper du poing ou de la matraque les grévistes, même s'ils sont quatre pour effectuer l'arrestation. On cherche de toute évidence à intimider la population. rapportera Gérard Pelletier à ce sujet, dans Le Devoir. (p. 145)

Pour renouer avec l'histoire du syndicalisme québécois, à travers celle de Michel Chartrand, ou tout simplement pour la découvrir, Les voies d'un homme de parole est un incontournable. Un livre à lire en cette période des fêtes où plusieurs surconsomment et où les paniers de Noël sont rois et maîtres pour alléger notre conscience, afin de renouer avec les vraies questions qui sont encore fondamentales aujourd'hui0 la solidarité humaine et le droit humain à une vie décente. Voilà le combat d'une vie de cet homme de parole...