On a surmonté la dissension et on a gagné - Nadine Gaudette

 

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Forum intersyndical



Le Forum intersyndical a réuni, le 27 novembre dernier, des syndicalistes de 26 syndicats différents venant de Rouyn, Joliette, Rivière Beaudette, de Montréal et d'ailleurs, pour discuter de ce qui se passe et de ce qui ne se passe pas dans notre mouvement.

Sur une même tribune, le Forum intersyndical a réuni trois militantEs qui ont été récemment et sont encore au coeur de luttes syndicales typiques de la période actuelle. Richard Fournier, président du local 1163 des TCA (GM-Boisbriand), au centre de la bataille pour la survie de l'usine de GM, Nadine Gaudette, du Syndicat des travailleurs -travailleuses de Terre des Hommes - CSN, qui sort d'une grève partiellement victorieuse contre les clauses orphelin et contre la barre du 5%, et Mario Thibault, du Syndicat national des transporteurs routiers - CSN, ardent militant d'une lutte à finir pour amender le Code du travail afin que les travailleurs autonomes aient accès à la syndicalisation.

La clé c'est la mobilisation

Selon Richard Fournier, la clé de la riposte syndicale est venue de l¹orientation du local syndical qui a refusé d'avoir peur de ses membres et a stimulé la mise en place d'un comité de chômeurs sans tenter de contrôler leurs actions. Nous leur avons donné les moyens de se battre.

Nadine Gaudette explique qu'une opposition farouche à la grève était organisée de l'intérieur par des membres qui étaient aussi de étudiants en techniques policières. Le syndicat a su surmonter cette situation en organisant une occupation contre Coca-cola, commanditaire de La Ronde. Victoire incomplète dit-elle, mais on est rentré la tête haute en ajoutant un message d'espoir la clé c'est la mobilisation.

Mario Thibault fait face à une division syndicale importante, entretenue par le patronat entre chauffeurs de compagnie, chauffeurs indépendants . Sans oublier un gouvernement qui ment effrontément en organisant une campagne de désinformation pour dire que les camionneurs affamaient la population de l'Abitibi .

Ce qu'ils ont en commun, c'est la certitude que les victoires s'organisent par l'implication des membres dans la lutte, les victoires ne se gagnent pas d'en haut.

Le militantisme est payant - Buzz Hargrove

Le Forum intersyndical avait invité Buzz Hargrove, président des TCA, pour parler du mouvement de grèves et de manifestations en Ontario en 1998 (les Days of Actions) et pour démontrer l'importance pour les syndicats du privé de s'impliquer dans la défense des services sociaux et des employés qui y travaillent. Il a fait valoir que le militantisme des femmes avait permis d'amener que le 6 décembre soit déclaré, par l'ONU, Journée mondiale contre la violence faite aux femmes, et que le militantisme des étudiants avait permis un gel des frais de scolarité. Les TCA croient en l'organisation d'actions de riposte nous avons organisé 6 occupations d'usines depuis 3 ans et il y en a une présentement contre la fermeture de l'usine de Molson à Barrie qui dure depuis 6 jours .

Hargrove a abordé directement les difficultés encourues dans l'organisation des Days of Actions entre les syndicats qui voulaient se battre et ceux qui étaient disposés à capituler devant l'offensive du patronat .

Secteur public

J'ai mal au front commun - Jocelyne Wheelhouse

Comment tenir une discussion franche, sans chercher de coupables mais en cherchant des réponses alors que nous sommes dans le feu de l'action. Pari risqué, pari réussi pour le Forum intersyndical, qui s'est refusé à attendre la venue d'une mort annoncée, celle du Front Commun, et qui a fait le choix de laisser les militantEs au coeur de l'action échanger, alors que se consument les fruits amers de la division.

Le panel était formé de Jocelyne Fortier, Présidente du Syndicat des travailleuses - travailleurs du CHUM-Pavillon Notre-Dame - CSN, Serge Lalonde, vice-président du Conseil provincial des Affaires sociales du SCFP et Jocelyne Wheelhouse du Syndicat de l'enseignement Ungava-Abitibi-Témiscamingue de la CEQ.

Cette discussion sans politesse feinte, ni attaque gratuite, nous aura permis d'aller au coeur des difficultés actuelles. Jocelyne Fortier a parlé des difficultés de mobiliser une base qui ne se reconnaît pas dans la stratégie , Serge Lalonde a expliqué qu'ils ont obtenu le vote de grève en reconstruisant depuis un an toute la structure des délégués et en expliquant la stratégie à chaque membre après la défaite de la FIIQ et Jocelyne Wheelhouse a déploré le manque de travail de préparation .

Pas étonnant que des participants comme Jean-Marc Piotte concluent que l'on récolte les fruits de 10 ans de partenariat et il poursuit en disant que la bataille n'est pas finie, le PQ plante dans les sondages, Bouchard plante, il faut faire durer la bataille le plus longtemps possible .

D'autres participants ont souligné que les syndicats du secteur public doivent cesser de défendre leur innocence, ils doivent rendre clair que ce sont eux qui défendent la population contre les coupures du gouvernement .

Toutes et tous ont insisté pour dire que les votes de grèves rejetés ne signifient pas que les gens soient prêts à accepter n'importe quoi. Plusieurs ont vu le danger d'une récupération paternaliste par un PQ en chute libre qui ferait quelques concessions de dernière minute histoire de montrer qu'il sait négocier dans la légalité et pour ne pas perdre une base qui se pose de plus en plus de questions sur une alternative politique à construire contre ce parti décidément néolibéral.

* Pour le FORUM INTERSYNDICAL

Président des métiers spécialisés

local 1163, TCA|185| 
761|La SSJB Montréal ravive le souvenir de Louis Riel|Luc Charlebois| Dernièrement, la société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a fait paraître la publicité ci-dessous commémorant la mort de Louis Riel dans divers quotidiens, dont notamment le Winnipeg Free Press. Il y eut peu de réactions au Québec, mais au Manitoba, on en a beaucoup parlé. On peut même dire que ce fut un coup fumant ! Le président de la Société, M. Guy Bouthillier, nous explique les motivations derrière ce geste qui a pris même les Métis par surprise...

Louis Riel, est un patriote du 19e siècle qui s'est battu pour la reconnaissance et la liberté du peuple Métis des plaines de l'Ouest canadien. En guise de répression, on envoya l'armée contre lui et les siens qui ne faisaient que défendre leurs terres. Le gouvernement fédéral le fit pendre en 1885, à l'instar des Patriotes en 1839, pour satisfaire l'opinion publique anglophone qui le considérait comme un traître et un rebelle.

Cette trop courte introduction ne rend pas justice au personnage de Louis Riel, pas plus qu'au combat du peuple Métis d'ailleurs. Ce trop petit résumé serait-il symptomatique d'un phénomène d'oubli généralisé dans la population pour ce qui est de Louis Riel ? C'est justement pour remédier à cette situation que la SSJB a fait publier une annonce. Selon M. Bouthillier, il fallait faire cette pub parce qu'il nous semblait que le souvenir de Louis Riel s'estompait de notre mémoire collective. De ce fait, d'autres (i.e. le gouvernement fédéral) tentent de le récupérer, de le reprendre à leur compte et éventuellement de s'en servir à leurs fins, et pourquoi pas, même contre nous. On m'a même déjà dit que c'était les Canadiens-français qui l' avaient fait exécuter ! C'est complètement l'envers du décor et de la mémoire !

L'élément déclencheur

En fait, cette histoire commence en juillet dernier, lorsqu'une délégation de chefs métis est venue à Montréal donner une conférence de presse en lançant un appel à la SSJB, entre autres, pour les aider dans la demande de réparation qu'ils faisaient au gouvernement fédéral. M. Bouthillier nous explique qu' ils dénonçaient le projet de loi du gouvernement fédéral en vue de réhabiliter Louis Riel.

C'est bien de dire qu'un homme est non coupable, mais dans ce cas, qui est coupable de sa mort et de sa spoliation, de la dépossession, de la dispersion et de la perte de dignité du peuple Métis qui a été traîné dans la boue ?

Depuis toujours, ces derniers sont méprisés et considérés comme des citoyens de seconde zone au Manitoba.

En réhabilitant Riel, le gouvernement fédéral ne fait que laver sa conscience envers la mort d'un homme, mais il ne règle pas ses comptes avec le peuple Métis. Le raisonnement du chef métis Yvon Dumont est de dire que, si Louis Riel n'est pas coupable, alors que le coupable de la situation dans laquelle vivent les Métis, paie pour réparer les pots cassés. Ils nous ont donc demandé de les aider pour que le fédéral prenne les moyens pour redresser leur situation sociale, économique et culturelle. Nous avons accepté et nous avons discuté avec M. Yvon Dumont. Ce dernier n'est pas le dernier venu, car il a été pendant 6 ans lieutenant gouverneur du Manitoba. Inutile de dire que son combat pour les siens est maintenant regardé de travers par l'establishment ! Pour notre part, nous avons profité de l'annonce dans les journaux pour rappeler aux Québécois leur historique avec le peuple Métis.

Les réactions au Manitoba

Face à la pub de la SSJB, c'est une réaction d'étonnement qui a eu cours au Manitoba, même chez les Métis. Une dizaine de journalistes ont contacté M. Bouthillier, sans compter les deux journaux métis et un journal amérindien qui lui ont demandé de publier son annonce dans leurs pages ! Pour M. Bouthillier, il faut rappeler à tout le monde, y compris dans l'Ouest, que Louis Riel et les Métis ont déjà été très près des Québécois. Ils ne sont pas des étrangers pour nous. Jean Chrétien veut que l'on se solidarise avec les Kosovars et les Timorais, c'est bien, mais nul besoin d'aller si loin pour trouver des victimes de l'oppression. Notre premier devoir est de nous solidariser avec le peuple Métis qui ont des liens historiques avec nous.