La France se donne une loi, le Québec...?

 


Représentation politique



Au Québec, tous s'entendent pour miser sur l'éducation des femmes afin d'atteindre la parité politique. Pourtant, la France a innové en adoptant, le mois dernier, une loi sévère afin d'assurer l'égalité d'accès au pouvoir entres les femmes et les hommes. Le Québec, quant à lui, n'envisage pas de se tourner vers une solution législative et ce, même si le nombre de femmes au Parlement augmente à pas de tortue.

Différents partis, différents objectifs politiques, même vision. Que ce soit au niveau libéral, péquiste ou adéquiste, tous sont d'accord pour dire que la place de la femme est primordiale mais prétendent que les mesures de discrimination positive ne sont pas utiles dans leur parti.

Les partis politiques.

Au Parti québécois, les députés sont élus par la base, par les militants et non par l'etablishment. Tout le monde est considéré comme égal. On n'a donc pas besoin de quotas. affirme Bruno Pilotte, du comité d'action politique des femmes du Parti québécois.

Du côté libéral et de l'Action Démocratique, même son de cloche. Comme le souligne Jean-Luc Benoît, attaché de presse de Mario Dumont le débat n'a même pas été soulevé au parti, même pas par les femmes parce que l'ADQ laisse une chance égale à tout le monde. En plus, le parti n'est pas d'accord avec le principe de discrimination positive.

Pourtant, l'ADQ accuse un retard important dans la représentation des femmes. Lors des dernières élections en 1998, seulement 21 femmes se sont présentées sous l'égide de l'ADQ, ce qui représente environ 20% des candidats. Dans les autres partis, la moyenne tourne plutôt autour de 30%.

Hors partis.

Du côté des opposants, on ne retrouve pas que les partis. Les femmes elles-mêmes sont peu enclines à pencher vers cette solution. S'il y avait un référendum sur la parité, c'est sûr que je voterais oui. Mais je ne crois pas que ce soit la bonne solution pour assurer la représentation des femmes0 il faut que celles-ci soient intéressées à la politique avant tout! s'exclame Chantal Rondeau, professeure de politique à l'UQÀM et chercheuse à l'Institut de recherche en études féministes (IREF).

Pour Diane Lavallée, présidente du Conseil du statut de la femme, Ça fait tellement peu de temps que les femmes sont en politique que c'est normal qu'elles n'y soient pas plus présentes. En plus, c'est encore un milieu d'hommes que plusieurs femmes trouvent odieux.

Selon elle il faut plutôt axer sur l'éducation0 le premier pas des femmes vers le salon bleu, c'est de sortir de leur maison. Le Québec a donc choisi la route de la conscientisation et de l'éducation politique plutôt que celle des obligations, comme c'est le cas actuellement en France.

Même si, pour l'instant ça n'apporte qu'un changement infinitésimal, il ne faut pas arrêter de se battre. Ce n'est que dans dix ou quinze ans que la société québécoise pourra évaluer l'impact réel des actions posées aujourd'hui. Elle ajoute que, s'il n'y a pas de changements, il faudra prendre d'autres mesures, jusqu'à ce qu'une proportion égale d'hommes et de femmes soient représentés au pouvoir. Je ne penserai pas que je vis dans un pays démocratique tant qu'il n'y aura pas 51% ou 52% de femmes au parlement. précise-t-elle.