Piger c'est voler

 


Fonds de pension à la STCUM



La direction de la STCUM a décidé de suspendre, de façon arbitraire, sa cotisation au régime de retraite des 2 000 employés d'entretien. Elle souhaite utiliser les surplus de la caisse, évalués à 98 millions $, pour réduire sa masse salariale et régler ses problèmes financiers causés par le désengagement de l'État et des municipalités. Cette caisse a été mise sur pied pour nous assurer une retraite dans la dignité , nous a déclaré le président du syndicat du transport (CSN), Gaetan Châteauneuf, rencontré en février dernier.

A.J0 Pourquoi l'employeur ne veut plus contribuer à votre caisse de retraite?

Gaetan Châteauneuf0 Chaque automne, notre employeur vote son budget et cette année il a prévu une réduction de la masse salariale de 23 millions de dollars. Pour atteindre son objectif, il veut cesser de cotiser à la caisse de retraite. En janvier, le boss a donc décidé, de façon unilatérale, d'arrêter de cotiser. Pourtant, il est prévu dans notre convention collective qu'il doit verser sa cotisation à notre fonds de pension. Pour utiliser les surplus, il doit y avoir une entente écrite avec le syndicat, ce qu'il n'a pas fait. Cet argent nous appartient, cela fait partie de nos conditions de travail, de notre convention collective.

A.J0 Que pensez-vous des médias qui disent que vous prenez la population en otage avec vos moyens de pression?

Gaetan Châteauneuf0 Nos membres n'ont pas accepté cette coupure, ils étaient en colère. Il y a eu un ralentissement du travail mais il a été largement amplifié par l'employeur, pour réussir à faire intervenir le Conseil des services essentiels. La STCUM a ouvert les hostilités et nous devrions accepter en disant merci boss! Lorsque ce sont les employés qui ne respectent pas la convention collective, le patronat agit assez vite!

Nous ne sommes pas comme ceux qui nous dénoncent. C'est facile de nous faire porter le chapeau, mais ceux qui nous accusent gagnent trois fois nos salaires, se promènent en Mercedes et ne prennent jamais le transport en commun. Des drôlement bien nantis. Nous, tout ce que nous avons, c'est notre caisse de retraite et notre salaire.

Quand des travailleurs luttent pour leurs droits, le patronat se fait aller le clapet, pas dans l'intérêt des usagers, mais dans l'intérêt de ses propres poches. Que font-ils pour les usagers? Ils demandent des baisses d'impôts, la construction d'un pont payant, la privatisation du transport en commun ou encore l'arrêt de subventions au réseau public.

A.J0 Peut-on exercer le droit de grève dans le transport en commun?

Gaetan Chateauneuf0 Le Conseil des services essentiels a été mis en place, à toute fin pratique, pour abolir le droit de grève dans les services publics. Nous faisons des petits moyens de pression et le Conseil intervient. C'est inconcevable de limiter ainsi le droit de grève. L'employeur peut tout faire même si nous ripostons. C'est tellement encadré que ça ne veut plus rien dire. Nous avons toujours dénoncé le Conseil qui a des pouvoirs d'ordonnance énormes basés sur des preuves très limitées. Il est là pour venir en aide aux employeurs et c'est exactement ce qui s'est passé avec l'ordonnance qu'il a rendu, permettant ainsi à la STCUM de ne pas cotiser à notre caisse et de mettre l'argent dans un compte de banque. Il aurait pu dire au boss de respecter la convention collective.

A.J0 Que pensez-vous de la construction d'un pont pour désengorger la circulation au détriment du transport en commun?

Gaetan Châteauneuf0 Cet argent devrait être mis dans le transport en commun pour désengorger la circulation. Le gouvernement, au début des années 90, s'est désengagé du transport en commun et il a refilé la facture aux municipalités qui, depuis essaient à leur tour de la redonner aux usagers et aux travailleurs. Ce n'est pas de cette façon que l'on va régler nos problèmes. Si, à l'heure de pointe, nous étions capables d'avoir de bons services de transport en commun, ça serait beaucoup plus efficace. L'autobus et le métro, moins polluants, sont une solution logique pour le désengorgement et l'environnement.

Les centrales devraient investir dans l'aut'journal

A.J0 Devrait-on avoir une presse syndicale de masse?

Gaetan Châteauneuf0 L'aut'journal est un outil important avec une couverture syndicale assez grande. Mais tant et aussi longtemps que les grandes centrales n'investiront pas dans l'aut'journal, il restera marginal et le débat social ne se fera pas. Actuellement, c'est l'idéologie néolibérale qui est prédominante dans les grands médias.